A l’instar de ses rivaux européens, le groupe Lufthansa a enregistré une perte opérationnelle record au deuxième trimestre à -1,7 milliards d’euros, la pandémie de Covid-19 ayant entrainé une chute de 80% de ses revenus. Un retour à la normale n’est pas attendu avant 2024.

Les six premiers mois de l’année 2020 ont été terribles pour les compagnies aériennes : perte nette de 4,41 milliards d’euros pour Air France-KLM, de 3,8 milliards pour le groupe IAG, et maintenant de 3,46 milliards pour la maison-mère de Lufthansa, Brussels Airlines, Swiss International Airlines, Austrian Airlines et Eurowings. Le groupe allemand a annoncé le 6 aout 2020 avoir vu ses revenus fondre de 80% entre avril et juin à 1,9 milliards d’euros, dont 1,5 milliards provenant des activités de ses branches Lufthansa Cargo et Lufthansa Technik. La perte opérationnelle du seul deuxième trimestre, « malgré de vastes réductions de coûts » est à comparer aux 754 millions d’euros de bénéfice enregistrés à la même époque l’année dernière.

Au deuxième trimestre de 2020, les compagnies aériennes du groupe de Star Alliance ont transporté 1,7 million de passagers, soit 96% de moins que l’année précédente. La capacité a chuté de 95%, et le coefficient d’occupation des sièges était de 56%, soit 27 points de pourcentage de moins que celui de 2019. La capacité de fret offerte a chuté de 54% « en raison d’un manque de capacité sur les avions de passagers », avec un recul de 47% des kilomètres de fret vendus ; le taux de remplissage du cargo a progressé de 10 points de pourcentage à 71%.

Au cours des six premiers mois, les compagnies aériennes du groupe Lufthansa ont transporté un total de 23,5 millions de passagers, deux tiers de moins qu’à la même période de l’année dernière (-66%). La capacité a diminué de 61%, le coefficient d’occupation reculant de 9 points de pourcentage à 72% au cours de la période. La capacité de fret offerte a diminué de 36% et les kilomètres de fret vendus de 32%, entrainant une augmentation du taux de remplissage de 4 points de pourcentage à 66%.

Ne s’attendant actuellement pas à ce que la demande revienne aux niveaux d’avant la crise avant 2024, le groupe Lufthansa a  lancé un vaste programme de restructuration intitulé ReNew, avec pour objectif de « maintenir la compétitivité mondiale et la viabilité future du groupe ». Il comprend la suppression de 22.000 emplois à plein temps dans l’ensemble du groupe (qui comptait au 30 juin 129 400 employés, soit environ 8300 de moins qu’à la même période l’an dernier), et la flotte doit être réduite en permanence « d’au moins 100 avions ». La capacité offerte en 2024 devra correspondre à celle de 2019, précise le communiqué de Lufthansa, ce qui implique d’ici trois ans une hausse de productivité de 15%, « entre autres en réduisant le nombre d’opérations aériennes (AOC) à un maximum de dix dans le futur ». La planification financière du groupe « stipule que des flux de trésorerie positifs seront à nouveau générés dans le courant de 2021 ». L’objectif était « d’éviter autant que possible les licenciements », rappelle le groupe, mais dans le contexte actuel « et sur la base du déroulement des négociations sur les accords nécessaires avec les partenaires de la négociation collective », cet objectif n’est plus réaliste ».

Carsten Spohr, Président du Directoire et PDG de Deutsche Lufthansa AG, a déclaré : « Nous vivons une césure dans le trafic aérien mondial. Nous ne prévoyons pas que la demande reviendra aux niveaux d’avant la crise avant 2024. Il n’y aura pas de reprise rapide, surtout pour les liaisons long-courriers. Nous avons pu contrer les effets de la pandémie de coronavirus au premier semestre avec une gestion stricte des coûts ainsi qu’avec les revenus de Lufthansa Technik et Lufthansa Cargo. Et nous bénéficions des premiers signes de reprise sur les circuits touristiques, notamment avec nos offres de voyages loisirs des marques Eurowings et Edelweiss ». Néanmoins, ajoute le dirigeant, « nous ne serons pas épargnés par une restructuration profonde de nos activités. Nous sommes convaincus que l’ensemble de l’industrie aéronautique doit s’adapter à une nouvelle normalité. La pandémie offre à notre industrie une occasion unique de se recalibrer, remettre en question le statu quo et, au lieu de tendre vers une «croissance à tout prix», créer de la valeur de manière durable et responsable ».

Au troisième trimestre, la capacité offerte devrait augmenter à une moyenne d’environ 40% des niveaux d’avant la crise sur les liaisons court et moyen-courriers, et à environ 20% sur les liaisons long-courriers ; au quatrième trimestre, ces moyennes devraient être portées respectivement à 55% et 50%. D’ici la fin de l’année, le groupe Lufthansa prévoit de revenir à 95% des destinations court et moyen-courriers opérées, et à 70% des destinations long-courriers.

Mais malgré cette expansion des capacités, le groupe Lufthansa s’attend également à un résultat opérationnel « clairement négatif au second semestre 2020 », et donc à une nouvelle baisse significative pour l’année entière de cette mesure. Cela « reflète l’anticipation que les routes long-courriers importantes continueront de n’être opérées que dans une mesure très limitée en raison des restrictions de voyage en cours », conclut son communiqué.

Groupe Lufthansa : une perte trimestrielle historique 2 Air Journal

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