Philippe Frémeaux, ancien PDG de la coopérative Alternatives économiques et figure marquante de la gauche et de l’écologie, est mort lundi 3 août à l’âge de 70 ans. Né le 1er octobre 1949, il faisait face depuis un an avec courage à un cancer qu’il savait incurable. Ce sont les évènements de Mai 68 qui précipitèrent son engagement. Menant alors des études de droit et d’économie à Paris, il s’opposait régulièrement à l’extrême droite à Assas, tout en participant aux « Cahiers de mai ».
Grand voyageur depuis son adolescence, il entreprend entre octobre 1970 et juillet 1971 un vaste périple à travers l’Afrique, du Maroc à l’Ethiopie puis du Kenya à la Côte d’ivoire, qui l’a beaucoup marqué. « Nous avons appris une leçon que j’ai conservée toute ma vie, l’universalité de l’espèce humaine n’est pas contradictoire avec l’infinie diversité des cultures et des civilisations » écrira-t-il dans ses souvenirs.
Il obtient ensuite le capes de sciences économiques et sociales, matière qu’il enseigne de 1975 à 1983 au lycée Hector-Berlioz de Vincennes (Val-de-Marne). Il restera toujours très attaché à cette discipline face au dénigrement dont elle fera l’objet de la part de la droite et des milieux patronaux.
Parallèlement, il s’engage dans Le Canard du XIIIe, qui a dans les années 1970 un écho important dans ce quartier de la capitale. C’est aussi dans ce contexte qu’il rencontre son épouse, Christine Canuet, avec qui il aura deux enfants. Il est alors très actif dans la mouvance écologiste naissante, participant à la première manifestation à vélo et candidat sur les premières listes écologistes aux municipales de 1977. Ce sera cependant son seul engagement électoral.
Culture étendue
Entre 1979 et 1983, il devient pigiste au Monde. Puis il quitte l’éducation nationale pour entrer au Bureau d’informations et de prévisions économiques, où il mène de nombreuses études pour le ministère de l’industrie ou la Commission européenne et conseille beaucoup de grandes entreprises. Il devient ainsi un fin connaisseur de l’industrie, ce qui le dissuade de céder aux sirènes d’un discours néolibéral qui a peu à voir avec la réalité des entreprises.
Sa trajectoire prend un nouveau tournant quand, en 1982, il commence à écrire pour Alternatives économiques, fondée en 1980 par Denis Clerc. A l’époque, la revue est rédigée par des bénévoles mais son développement impose une professionnalisation. En 1988, Philippe Frémeaux prend la rédaction en chef du mensuel qui deviendra sous sa houlette un des principaux titres de la presse économique au cours des années 1990.
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