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Disparition

Gisèle Halimi, dernier hommage pour «un esprit libre et une militante courageuse»

Les obsèques de l'avocate au cimetière du Père-Lachaise, jeudi, ont rassemblé amis, membres de la famille mais aussi des admirateurs de la «femme libre» disparue le 28 juillet.
par Johan Maviert
publié le 6 août 2020 à 19h05

Pour Gilles, venu avec son fils, Gisèle Halimi est avant tout «un esprit libre et une militante courageuse qui a pris des risques dans tous ses combats». Un discours que partage Caroline Mecary, avocate au barreau de Paris, également présente aux obsèques : «C'est une femme et avocate qui a tracé un chemin absolument exceptionnel en faisant bouger les droits pour les femmes. Le parcours qu'elle a balisé, nous devons impérativement le continuer. C'est une très grande figure du barreau qui vient de disparaître.»

«Une femme exceptionnelle»

Au milieu des femmes de la génération de l'avocate popularisée par le procès de Bobigny en 1972, de plus jeunes figures sont présentes. Pour Cécile, une vingtaine d'années, «c'est en partie grâce à elle que l'avortement n'est plus considéré comme un crime et que l'on peut choisir sa maternité». Les combats de Gisèle Halimi pour la légalisation de l'avortement et la reconnaissance du viol comme un crime restent dans toutes les mémoires. «Elle a défendu des causes extrêmement importantes et difficiles. Elle a été injuriée, maltraitée. C'est une femme exceptionnelle», s'émeut Chantal qui a participé aux combats féministes des années 70.

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Quelques clientes de Gisèle Halimi étaient présentes pour ses obsèques. L'une d'elles, 88 ans, habite en banlieue parisienne et a tenu à venir rendre hommage à celle qui l'a sorti de l'enfer. Quatre enfants en quatre ans : tel était son quotidien dont elle voulait s'échapper. «On n'avait pas la contraception et l'avortement était illégal. On risquait la prison.» Seule solution : la clandestinité. «Je risquais ma vie à chaque fois. Je fermais les volets et je me faisais mon injection de permanganate de potassium dans l'utérus. J'en ai bavé.» Pour éviter la grossesse et les coups, elle dormait parfois dehors, attendant que son mari se soit endormi. Divorcer lui était impossible. Gisèle Halimi a su la conseiller pour la tirer d'affaire. «C'est grâce à elle que j'ai réussi à divorcer en 1979.»

«On continuera à se battre»

D'autres retiennent la militante pour tous les droits humains. Salim était boulanger. Il a perdu son commerce et touche le RSA. Il explique être le seul gilet jaune présent aux obsèques. Pour lui, «elle a eu beaucoup de courage et beaucoup d'ennemis». «Si elle avait été là, elle se serait battue pour des cas comme le [sien]». Ses combats contre le colonialisme en Algérie et aux côtés des Palestiniens restent également gravés dans les mémoires.

Avant que la cérémonie ne s'achève, des chants s'élèvent. Bella Ciao est repris jusqu'à l'extérieur du bâtiment. Puis c'est au tour de L'Hymne des femmes – «Levons nous femmes esclaves et brisons nos entraves.» Des paroles scandées le poing levé pour que la lutte ne cesse pas. «On continuera à se battre. Il suffit d'une crise pour que les droits des femmes soient remis en question. Et ça, ce n'est pas possible», assène Cécile, la vingtaine. Des cris «Au Panthéon ! Au Panthéon !» et des applaudissements se confondent au terme de la cérémonie. Un engouement qu'Edouard, petit-fils de Gisèle Halimi, comprend. Pour lui, «ce sont comme deux cérémonies, une plus familiale et l'autre concernant sa vie publique et politique». Les deux étant indissociables.

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