Le ministre français des transports a invité ADP à revoir son projet de Terminal 4 à l’aéroport de Paris-CDG, jugé irréaliste vu l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le trafic aérien. Le développement de la deuxième plateforme européenne devrait au contraire se concentrer sur sur le futur du transport aérien.

Interrogé le 28 juillet 2020 sur Europe 1, Jean-Baptiste Djebbari a été clair : le projet de T4 à Roissy, prévu pour accueillir 40 millions de passagers d’ici 2037 et dédié à la compagnie aérienne Air France et ses partenaires, doit être « revu en profondeur ». « J’en ai parlé à plusieurs reprises avec Augustin de Romanet, le président d’ADP », a assuré le ministre, le projet ne se justifiant plus en regard de la crise sanitaire. Le patron du gestionnaire des aéroports parisiens avait d’ailleurs repoussé la veille à « entre 2024 et 2027 » un retour à la normale du trafic, expliquant que c’est la « première fois depuis 50 ans que le trafic aérien connaît un à-coup aussi brutal, et il est avéré que le rétablissement sera très progressif ».

« Revu en profondeur, cela veut dire que le projet qui prévoyait l’accueil à horizon 2030 de 40 millions de passagers en plus, probablement aujourd’hui ne se justifie plus tel qu’il était prévu », a précisé le ministre. Avant d’ajouter qu’il y aura « par contre » besoin d’aménagements, « il y aura besoin d’accueillir de nouveaux types de trafics » ; « nous sommes en train d’investir massivement dans l’avion à hydrogène, nous devons nous doter de capacités aéroportuaires pour accueillir l’avion à hydrogène », a souligné Jean-Baptiste Djebarri.

Façon de rappeler que le gouvernement a déjà conditionné à des objectifs écologiques son aide à Air France mais aussi au secteur aéronautique. La crise a déjà mis un coup d’arrêt à la privatisation d’ADP, qui n’a pas demandé d’aide mais envisagerait de se séparer de 10% de son effectif. Et l’architecture retenue pour le T4, surnommée Space Invader avec deux culs-de-sacs de part et d’autre du bâtiment, est loin de faire l’unanimité malgré 18 mois de concertations et d’études.

L’ouverture partielle du Terminal 4, au nord des 2E et 2F, était envisagée pour 2024 et les Jeux Olympiques de Paris (avec une capacité de 7 à 10 millions de passagers par an), mais avait finalement retrouvé sa date initiale de 2028  à la demande d’Air France. Le coût de la construction et du développement de la plate-forme aéroportuaire, à l’horizon 2037, est estimé entre 7 et 9 milliards d’euros, intégralement financé par le Groupe ADP. Une fois terminé, le T4 devait avoir à peu près la taille d’Orly et porter la capacité de l’aéroport Charles de Gaulle à 120 millions de passagers par an, de quoi gérer la croissance du trafic aérien jusqu’à 2050 selon ADP – avant la pandémie.

Paris-CDG : le projet de T4 menacé 1 Air Journal

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