Le trafic aérien a beau avoir plongé en raison de la pandémie de Covid-19, certains aiguilleurs du ciel continuent de toucher une prime de suractivité pouvant atteindre 550 euros par mois. Ce qui énerve jusqu’à leurs collègues.

La polémique dévoilée par Le Parisien concernerait la moitié des quelque 4000 contrôleurs aériens français, qui touchent entre 255 et 550 euros bruts par mois au titre d’une prime négociée en 2016 pour compenser les pics d’activité de la haute saison estivale – mais également versée en hiver. Et ce alors que le trafic n’est même pas cinquième de ce qu’il était l’été dernier.

Le mois dernier, la direction générale de l’aviation civile (DGAC) a selon le quotidien prolongé jusqu’au 31 octobre le protocole concernant cette prime, signé entre autres par le syndicat majoritaire SNCTA. Il ne s’agissait ces quatre dernières années que d’une « expérimentation », expliquait une source interne, les contrôleurs de centres tels que Roissy, Lyon, Aix-en-Provence, mais aussi Brest ou Cayenne devant travailler plus en été et récupérer leurs heures « en période creuse, l’hiver ». Pour un coût annuel de 10 millions d’euros.

« C’est franchement indécent d’avoir une prime de ce niveau-là pour un travail qui n’est pas fait puisque le trafic n’est pas au rendez-vous. Et pourtant, un certain nombre de contrôleurs vont être payés pour augmenter leur productivité ce qui ne sert strictement à rien », déplore sur France 3 un fonctionnaire de la DGAC. On « frise le scandale lorsque l’on voir le traitement fait aux soignants », ajoute une source du Parisien, d’autant que ces versements pèsent « très lourd » sur les finances de la DGAC « qui a été contrainte d’emprunter plus d’un milliard d’euros » faute de pouvoir compter sur les taxes d’aéroport habituellement prélevées.

Le secrétaire national du SNCTA Loïc Parisi, assurant que la prime est justifiée, a expliqué sur France 3 être « prêt à faire des efforts » – mais uniquement sur l’organisation du travail, avec un étalement « a minima sur les trois prochaines années » des heures qui n’ont pas été effectuées durant la crise. Le mot prime n’a pas été prononcé.

Contrôle aérien : une prime de suractivité en pleine crise sanitaire 1 Air Journal

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