Le gouvernement britannique rachète la pépite du spatial OneWeb en faillite
[ACTUALISÉ] OneWeb va passer sous pavillon britannique. Le gouvernement du Royaume-Uni a officialisé le 3 juillet le rachat de l’entreprise américaine pour 1 milliard de dollars. Les acteurs européens du secteur spatial suivaient de près l’évolution de ce dossier stratégique.
Mis à jour
03 juillet 2020
Fin du suspense sur l’avenir de OneWeb. Vendredi 3 juillet, le gouvernement britannique et le conglomérat indien Bharti Global ont annoncé le rachat de l’entreprise américaine pour 1 milliard de dollars (environ 890 millions d'euros). Depuis mars, la faillite de cette pépite du spatial préoccupait les acteurs européens du secteur. Le projet de constellation géante de mini-satellites en orbite basse de OneWeb représente en effet un actif stratégique.
OneWeb veut poursuivre le déploiement de sa constellation
Les repreneurs intéressés par les actifs de OneWeb avaient jusqu'au vendredi 26 juin pour se faire connaître. Mais, au sein de l'Union européenne, aucune entreprise ne semble avoir officialisé son intérêt. C’est donc le consortium mené par le Royaume-Uni qui sort vainqueur. Le gouvernement britannique va contribuer à hauteur de 500 millions de dollars, de la même manière que Barthi Global. L'opération devrait être finalisée fin 2020, sous réserve de l’approbation des autorités américaines compétentes.
"OneWeb cherchera à reprendre ses activités dès que possible", se réjouit l'entreprise dans un communiqué. Surtout, elle estime que cet apport de capitaux va lui permettre d'effectuer "le déploiement complet du système OneWeb de bout en bout."
S'agit-il d'une bonne nouvelle pour Airbus ? L'avionneur européen est associé à OneWeb depuis 2016 pour la construction de satellites et espérait la poursuite du projet de constellation. De son côté, Arianespace plaçait en orbite les mini-satellites. L'avenir de la co-entreprise Airbus-OneWeb n'a toutefois pas été précisé. Arianespace et l'avionneur européen n'ont pas encore réagi publiquement à l'annonce de l'opération.
Un sujet suivi de près par la Commission européenne
L'identité du repreneur de OneWeb a suscité beaucoup d'interrogations. Elon Musk, fondateur de SpaceX, a indiqué sur Twitter qu'il n'était pas intéressé. D'autres rumeurs ont évoqué Amazon ou l'opérateur français de satellites Eutelsat. Selon le Financial Times, la France avait formulé une offre, de la même manière que la Chine.
Dans le contexte du Covid-19, peu d’entreprises peuvent se permettre d’investir des milliards de dollars dans le déploiement d’une constellation de mini-satellites. Pour l’instant, OneWeb ne compte que 74 satellites en orbite. Malgré tout, l’entreprise dispose de droits de fréquence avantageux par rapport à SpaceX.
La Commission européenne a suivi "cette question de très près, car la crise actuelle nous a montré l'importance de l'accès gouvernemental et privé à des communications mondiales sécurisées et résilientes, et les caractéristiques uniques des systèmes spatiaux pourraient y jouer un rôle clé”, soulignait à L’Usine Nouvelle une source de la Commission, avant l'annonce du rachat. Dans un entretien au Figaro, le commissaire européen Thierry Breton a toutefois écarté un rachat par un consortium de l'UE : "Il nous est apparu très vite que OneWeb ne pouvait répondre à nos ambitions de connectivité et d’autonomie stratégiques."
Le Royaume-Uni veut rebondir après les déboires sur Galileo
Pour le Royaume-Uni, cette opération permet de rebondir après les déboires sur le système européen de navigation Galileo. Après le vote du Brexit, la Commission européenne souhaitait écarter le Royaume-Uni du projet. Londres aurait étudié pendant plusieurs mois un système concurrent de Galileo mais une participation à OneWeb représente une opportunité moins complexe.
"Le gouvernement britannique aura le dernier mot sur toute vente future de la société, et sur l'accès futur à la technologie OneWeb par d'autres pays pour des raisons de sécurité nationale”, se réjouit le gouvernement du Royaume-Uni dans un communiqué. Troisième opérateur mondial de réseau mobile, Bharti Global souhaite de son côté s'appuyer sur une constellation de mini-satellites pour fournir davantage de services à travers le monde.