La compagnie aérienne Cathay Pacific va bénéficier d’un plan de recapitalisation à hauteur d’environ 5 milliards de dollars US, afin de survivre à la pandémie de Covid-19. Le gouvernement de Hong Kong prend le contrôle de 6% de son capital, mais les conséquences sociales restent floues.  

Le gouvernement de la SAR (région administrative spéciale) a accepté le 9 juin 2020 de prendre la tête d’un plan de recapitalisation de la compagnie basée à l’aéroport de Hong Kong-Chek Lap Kok, sous le coup de l’impact de la crise sanitaire et avant cela des mois de manifestations. Ce plan en trois parties est conçu pour fournir à Cathay Pacific « des fonds suffisants pour résister à la récession à l’échelle de l’industrie, et une plate-forme financière stable à partir de laquelle elle sera en mesure de procéder à l’examen en gros des opérations nécessaires pour transformer ses activités afin de refléter la nouvelle dynamique du marché du voyage mondial », explique le communiqué de Cathay Pacific. Le plan de recapitalisation comprend trois tranches:

  • Tranche A: Cathay Pacific émettra 19,5 milliards de dollars HK en actions privilégiées avec des bons de souscription détachables au gouvernement de la SAR, après approbation des actionnaires requise.
  • Tranche B: Cathay Pacific lancera une émission d’actions de 11,7 milliards de dollars HK d’actions aux actionnaires existants, après avoir obtenu l’approbation requise des actionnaires.
  • Tranche C: le gouvernement de la SAR fournira une facilité de crédit-relais de 7,8 milliards de dollars de Hong Kong à Cathay Pacific, disponible pour prélèvement immédiat.

Après cette recapitalisation, la part dans le capital de Cathay Pacific de ses deux plus gros actionnaires, le groupe Swire et Air China, passera respectivement de 45% à 42% et de 30% à 28%. Comme l’a rappelé son président Patrick Healy, le groupe Cathay Pacific traverse « la période la plus difficile de son histoire » ; et la plupart des analystes prévoient une reprise très progressive sur une longue période (2023 selon l’IATA), avant que la demande internationale de passagers ne revienne à son niveau d’avant la crise. Cathay Pacific est « encore plus vulnérable » que la plupart de ses homologues dans le monde, étant dépourvu de réseau intérieur et dépendant exclusivement des vols internationaux – et donc de la réouverture de s frontières.

Le groupe estime avoir été « agile » pour répondre à cette crise sans précédent, se concentrant sur la conservation de sa trésorerie via entre autres une réduction de 97% de la capacité des passagers, la mise en œuvre de réductions de salaire des dirigeants, le report des commandes de nouveaux avions et le retrait anticipé des avions plus anciens, ainsi que la mise en œuvre d’un régime de congé spécial volontaire « qui a eu une adhésion de 80% des employés ».

Mais malgré ces mesures, Patrick Healy souligne que l’effondrement des revenus passagers « à seulement environ 1% des niveaux de l’année précédente a signifié que nous avons perdu de l’argent à un taux d’environ 2,5 à 3 milliards HK$ par mois depuis février, et l’avenir reste très incertain ». Les nouveaux capitaux « ne signifient pas que nous pouvons nous détendre. Bien au contraire », a-t-il prévenu : cela signifie que Cathay Pacific doit « redoubler d’efforts pour transformer notre entreprise afin de devenir plus compétitif », annonçant dans la foulée une nouvelle série de réductions de salaire pour les cadres et un deuxième régime de congé spécial volontaire pour les employés.

D’ici le quatrième trimestre 2020, la direction de la compagnie de l’alliance Oneworld présentera au conseil d’administration ses recommandations sur « la taille et la forme optimales du groupe », afin de « répondre aux besoins de Hong Kong en matière de transport aérien tout en maintenant la situation financière de la compagnie à un niveau sain, et assumer en même temps nos responsabilités envers nos actionnaires dans les années à venir. Traduction du président : « cela nécessitera une réévaluation de tous les aspects de notre modèle d’entreprise à la lumière de l’évolution rapide des dynamiques macroéconomiques et de l’industrie ».

Ce qui impliquera « inévitablement » une rationalisation de la capacité future prévue par rapport aux plans d’avant la crise, en « tenant compte des perspectives du marché et de la structure des coûts à l’époque ». Sans en dire plus sur l’avenir de la filiale régionale Cathay Dragon, mais en soulignant que le groupe peut désormais compter aussi sur la low cost HK Express, acquise en juillet dernier.

Pour Patrick Healy, Cathay Pacific « repose sur un excellent service, et nous restons déterminés à offrir une expérience fantastique que nos clients apprécient et apprécient. Nous continuerons à maintenir cela en nous concentrant sur nos forces et en investissant dans des améliorations de pointe (…). Une fois que nous aurons correctement dimensionné les compagnies aériennes pour nous adapter à notre nouvelle réalité, nos perspectives à long terme restent aussi brillantes que jamais, avec une marque exceptionnelle de 70 ans, une offre de services haut de gamme de classe mondiale via Cathay Pacific et Cathay Dragon, ainsi qu’un transporteur low-cost nouvellement acquis dans HK Express avec un avenir très excitant et une position inégalée dans la région de la Grande Baie, une région qui sera le moteur de la croissance de l’économie mondiale au cours des prochaines décennies. Nos défis à court terme sont importants, mais notre avenir à long terme reste prometteur », a-t-il conclu.

Hong Kong : 5 milliards pour Cathay Pacific, et maintenant ? 1 Air Journal

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