Mady Mesplé était belle, simple, port élégant, élégance de cœur. Archétype du soprano léger à la française, sa voix s’inscrit dans la lignée des Lily Pons et Mado Robin, plus récemment Natalie Dessay et Sabine Devieilhe. Souveraine au royaume des Gilda, Olympia et autres Reine de la nuit, Mady Mesplé possède technique impeccable, raffinement musical et présence scénique. Mais la cantatrice aux trois octaves et aux aigus stratosphériques (elle montait sans effort jusqu’au contre-sol, a enregistré un contre-la bémol et osait même, en privé, le contre-si bémol !) fut aussi une musicienne éclectique, capable de passer (avec aisance et sans complaisance) de l’opéra à l’opérette, de la musique contemporaine à la variété.
En témoigne la parution hommage, en 2011, pour ses 80 ans, d’une compilation chez Erato (Warner Classics) : de vrais bonheurs en divines surprises, un vrai chemin de Damas vocal. Atteinte, à 65 ans, de la maladie de Parkinson, une souffrance qu’elle confiera dans un livre, La Voix du corps : vivre avec la maladie de Parkinson (Michel Lafon, 2010), la grande dame du chant est morte samedi 30 mai, à l’âge de 89 ans, dans sa ville natale de Toulouse, moins de trois semaines après son compatriote et collègue, le baryton Gabriel Bacquier, comme elle une légende du chant français.
Née le 7 mars 1931, dans une famille relativement modeste – son père est comptable, sa mère secrétaire –, la petite Magdeleine Mesplé a 4 ans lorsqu’elle commence la musique. Elle adore le solfège. Trois ans plus tard, elle entre sur dérogation au conservatoire de Toulouse. Elle suit les cours de piano de Mme Marchant, puis de l’épouse d’André Malraux, Madeleine Lioux, avant d’entrer dans la classe de Mme Blanc-Daurat, femme de l’aviateur Didier Daurat, dont le soutien lui sera précieux.
Un diplĂ´me obtenu haut la main
Son prix de piano en poche, la jeune fille de 14 ans n’a pas les moyens de continuer ses études musicales à Paris. Elle décide de gagner sa vie et joue avec des musiciens de jazz, accompagne des artistes de variété, lesquels remarqueront qu’elle a aussi une voix. A 18 ans, Mady Mesplé rempile donc au conservatoire de Toulouse, cette fois dans la classe de chant de Mme Izar-Lasson, femme du ténor Louis Izar, par ailleurs directeur de ce Théâtre du Capitole qu’elle fréquente en spectatrice passionnée depuis sa plus tendre enfance.
A 22 ans, son diplôme obtenu haut la main et quelques cours de chant pris à Paris avec la célèbre Janine Micheau, elle auditionne pour le Théâtre de Liège. Le rôle est d’emblée celui qui deviendra sa signature : Lakmé, de Léo Delibes (les fameux « Air des clochettes » et « Duo des fleurs »). Elle ne le chantera pas moins de 145 fois au cours de sa carrière, gravant pour EMI Classics une version historique aux côtés de Charles Burles et Roger Soyer, sous la direction d’Alain Lombard à la tête des Chœurs et Orchestre de l’Opéra-Comique.
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