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Lyrique

Disparition de Mady Mesplé, soprano sans frontières

La cantatrice toulousaine au répertoire gigantesque et à la longue carrière internationale s'est éteinte ce samedi à 89 ans.
par Guillaume Tion
publié le 31 mai 2020 à 11h01

Le timbre précis et lumineux, la présence confiante et la technique irréprochable caractérisaient le chant de Mady Mesplé, incontournable soprano française morte ce samedi à 89 ans. Sa carrière, des années 50 aux années 80, s'est édifiée sur tous les répertoires. Postromantique chez Delibes (Lakmé et son redoutable Air des clochette, écoutez ci-dessous), moderne chez Strauss (Ariane à Naxos), contemporaine chez Schoenberg (l'Echelle de Jacob), dans un registre colorature chez Donizetti (Lucia di Lammermoor), léger chez Offenbach (la Vie parisienne) ou dramatique chez Poulenc (Dialogues des carmélites), Magdeleine «Mady» Mesplé aura traversé avec bonheur tous les continents du lyrique.

Pianiste de formation passée ensuite au chant, la Toulousaine était, comme son pays Gabriel Bacquier, passée par la Belgique, Liège puis la Monnaie de Bruxelles, avant de se raccrocher aux maisons d'opéras françaises : Lyon où on se souvient de ses Contes d'Hoffmann, et Paris, à Garnier comme au Comique. Sa perfection vocale, doublée d'une présence rare avec un regard distancié, éclairé d'une lumière aussi douce qu'énigmatique, la font remarquer du monde lyrique au tournant des années 60. Elle est alors propulsée dans une longue carrière internationale qui la conduit de New-York à Londres, Amsterdam ou encore Odessa.

Sa curiosité lui a aussi permis de rester au contact des compositeurs de son époque, par exemple Boulez qui l'utilisait dans Schoenberg, et Betsy Jolas, qui lui a dédié son Quatuor n°2 (pour soprano, violon, alto et violoncelle). Mesplé abordait cette musique avec une certaine humilité. Elle confiait dans des entretiens à France Musique : «Il faut être très musicien, avoir beaucoup d'oreille. J'ai beaucoup travaillé, je crois que j'entends bien, j'ai fait assez d'assez d'harmonie. Mon Dieu, j'ai souvent été perdue, ne sachant plus ce que je chantais !»

Atteinte de la maladie de Parkinson depuis le milieu des années 90, Mesplé s’était à la fin de sa carrière tournée vers l’enseignement, que ce soit à Lyon, Bordeaux ou à l'Ecole normale de musique de Paris. Le milieu lyrique, par la voix de Christophe Ghristi, à la tête du Théâtre du Capitole de Toulouse, ou du ténor Ludovic Tézier, lui rendait hommage ce dimanche.

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