Le 10 novembre 1942, au terme de la seconde bataille d’El-Alamein, succès important pour les alliés, point de bascule de la seconde guerre mondiale avec Guadalcanal et Stalingrad, Winston Churchill choisit des mots à la fois justes et lucides : « Ceci n’est pas la fin, ni même le commencement de la fin, mais c’est peut-être la fin du commencement. » Cinq semaines après avoir sonné la « mobilisation générale » contre l’épidémie de Covid-19, un « ennemi invisible, insaisissable, qui progresse », Emmanuel Macron se retrouve, lui aussi, au mitan de sa « guerre sanitaire ».
Et face à une équation politique compliquée à résoudre : se projeter sur l’après sans crier victoire, insuffler une once d’espoir sans démobiliser les lignes arrières. Dimanche 19 avril, son premier ministre, Edouard Philippe, a donc usé de pédagogie pour esquisser les contours d’un déconfinement très progressif à partir du 11 mai. Puis, il a aussitôt freiné les ardeurs en assurant aux Français qu’ils ne retrouveront « probablement pas avant longtemps » leur « vie d’avant ».
Un exercice d’équilibriste périlleux face à une opinion toujours remontée contre l’exécutif, selon les données d’une nouvelle enquête réalisée par Ipsos-Sopra Steria pour le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). En un mois, le taux d’insatisfaits sur la façon dont « le gouvernement gère la crise » est passé de 46 % à 58 % (première vague réalisée les 16 et 17 mars, la dernière les 15 et 16 avril).
La défiance s’est installée à un niveau élevé malgré un léger mieux depuis l’enquête réalisée les 7 et 8 avril (60 % d’insatisfaction). La dernière prise de parole d’Emmanuel Macron annonçant la date de la fin du confinement a sans doute eu un effet non négligeable.
Indicateurs inquiétants
La confiance dans le président de la République, qui a augmenté au début de la crise, reste également presque stable (39 % contre 43 %, il y a un mois). Mais d’autres indicateurs sont inquiétants pour l’Elysée et Matignon, et la situation reste éruptive. 45 % des sondés disent ainsi éprouver de la « colère » face à cette situation (+ 5 points depuis un mois, avec un pic à 50 % début avril). 40 % des personnes interrogées ne sont pas d’accord avec l’idée que le « gouvernement a mieux géré le coronavirus que la plupart des autres pays » (seulement 13 % d’accord, 47 % ni l’un ni l’autre). 51 % du panel considère enfin que les mesures prises pour protéger leur santé sont « insuffisantes ».
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