Ce n’est ni Air France, ni Renault ou Europcar mais le groupe distributeur de biens culturels et d’électroménager Fnac Darty qui est le premier à bénéficier du système de prêt garanti par l’Etat. Un vrai soulagement pour Enrique Martinez, directeur général du groupe. « C’était indispensable », indique-t-il au Monde.
L’entreprise a annoncé, dimanche 19 avril, « la signature d’un contrat de crédit d’un montant de 500 millions d’euros, avec un pool de banques françaises », d’une durée d’un an, pouvant être allongée de cinq ans, et « garanti à hauteur de 70 % par l’Etat français ». Destiné à « sécuriser significativement sa trésorerie », cet emprunt, monté en une quinzaine de jours, fait partie du plan d’aide national de 110 milliards pour les sociétés affectées par la crise due au coronavirus.
« Avec plus de 20 milliards d’euros de prêts accordés à 150 000 entreprises, le déploiement du prêt garanti par l’Etat est aujourd’hui une réalité pour les entreprises françaises, quelle que soit leur taille. Le prêt garanti par l’Etat est un levier majeur pour les aider à franchir sans heurt cette période économique difficile », a déclaré Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, dans le communiqué du groupe.
Pas de dividende
Son premier actionnaire, le distributeur allemand d’électronique grand public Ceconomy, a aussi, selon l’agence Bloomberg, demandé une aide d’environ 2 milliards d’euros auprès des pouvoirs publics en Allemagne.
En contrepartie, conformément aux demandes du gouvernement, Fnac Darty a renoncé à verser un dividende à ses actionnaires au titre de 2019. « C’était une condition d’obtention du prêt », précise M. Martinez. Mais le groupe est allé au-delà : il ne procédera pas non plus cette année à des rachats d’actions, et réduira de 25 % la rémunération de son président, de son directeur général et des membres de son conseil d’administration en 2020, tant que des salariés de l’enseigne se trouveront en situation de chômage partiel au motif de la crise sanitaire.
Le groupe aurait pu prétendre à un prêt plus important, « le maximum étant de 25 % du chiffre d’affaires, ce qui aurait pu nous permettre d’emprunter plus de 1 milliard d’euros. Le but n’était pas de demander pour demander, on sait que l’argent est rare pour tout le monde », précise M. Martinez. Les 500 millions d’euros obtenus s’ajouteront à une ligne de trésorerie de 400 millions intégralement tirée de façon préventive mi-mars.
Le prêt permettra de « préparer la reprise des activités de Fnac Darty », a annoncé l’entreprise. Et, plus précisément, de « payer les factures des marchandises déjà achetées, et relancer les achats pour préparer la fin de l’année », détaille M. Martinez. L’objectif étant également, en cascade, de soutenir ses fournisseurs en « s’engageant sur des commandes pour qu’ils puissent avoir de la visibilité pour relancer leurs productions ».
« On attend les instructions »
Avec la fermeture progressive de ses magasins dans de nombreux pays, le groupe a accusé une baisse de 10,3 % de son chiffre d’affaires en données comparables, à 1 490 millions d’euros au 1er trimestre 2020. Si ses ventes en e-commerce ont « doublé, voire triplé », la mise à l’arrêt des magasins a amputé environ 30 % de son chiffre d’affaires au mois de mars. Et il a dû faire face, en février, à des retards de production en Chine qui l’ont contraint à mettre « en place des mécanismes d’ajustements de ses approvisionnements ».
Aujourd’hui, en France, le groupe s’organise pour pouvoir ouvrir l’ensemble de ses magasins le 11 mai. « On attend les instructions du gouvernement sur les pratiques à mettre en place, indique Enrique Martinez. Mais nous commençons à nous préparer, en commandant des masques et des gels, en installant des barrières aux caisses et des marquages au sol et en organisant des systèmes de nettoyage plus fréquents… On va tout faire pour adapter nos points de vente. »
Mais la consommation ne reprendra pas pour autant comme avant. « Au début, les magasins vont probablement être plutôt sollicités pour récupérer les commandes qui seront faites sur Internet, anticipe le directeur général. On s’attend à ce que les clients se déplacent moins et viennent pour faire des achats concrets, plutôt que venir en magasin, se balader, et prendre du temps pour se décider. »
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