Feu Markus Raetz sondait la réalité en poète
Figure majeure de l'art contemporain en Suisse, le Bernois est décédé en début de semaine dans sa 79e année.

Chasseur de la versatilité des choses, magicien manipulant le caractère comme la perméabilité des formes, Markus Raetz donnait à voir un «Ceci» dont le reflet se transforme en «Cela» (une œuvre appartenant au Musée cantonal des Beaux-arts à Lausanne). Poussant les limites du réel à flirter avec la poésie, il a joué sur la matérialité comme sur la matière pour qu'un «oui» devienne un «non» (la sculpture s'élève sur la place du Rhône à Genève). Ou encore pour que l'homme au chapeau se contemple en lièvre dans le miroir. «Enfant déjà, en famille, on s'amusait à jouer avec les mots, confiait l'ex-instit en 2014 lors de son exposition au Musée Jenisch à Vevey. C'est comme ça que j'ai découvert qu'ils pouvaient avoir un sens autre que celui que la connaissance leur prête.»
L'œuvre est magistrale, dense, protéiforme, elle est celle d'un artiste, d'un peintre, d'un sculpteur, d'un graveur qui n'a eu de cesse d'ouvrir le regard – et l'esprit – aux diverses interprétations possibles, donc à admettre la pluralité des points de vue. Lui qui avait appris à devenir «voyeur» avec son grand-père ébéniste, lui qui sondait aussi bien le plein que le vide, laisse aujourd'hui un immense vide sur la scène artistique suisse dont il était l'une des figures majeures, mondialement connue et si… modeste.
Né en 1941 à Berne, Markus Raetz s'est formé au contact de l'œuvre des autres. Si sa ligne a pris possession de l'espace mobile, fluide et nourrie de clins d'œil, de malice et parfois d'ironie, elle s'est aussi emparée de nombreux supports. Mais avec une certitude devenue une constante! «Si l'image a un pouvoir, appuyait-il lors de son passage à Vevey, c'est celui de la séduction. Elle ne doit en aucun cas écraser.» Julie Enckell Julliard, aujourd'hui responsable du développement culturel de la HEAD, dirigeait alors le Musée Jenisch. Elle se souvient, émue, d'un artiste «à la fois en retrait de la scène et très ouvert sur le monde, une dualité qui donne cette force incroyable à son œuvre».
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