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La mort de Jacques Frémontier, journaliste et écrivain

Homme de presse, producteur de télévision, sociologue du travail par son enquête sur Renault qui fera date, passionné par l’étude du judaïsme, ce grand voyageur est mort le 7 avril, à l’âge de 89 ans, emporté par le Covid-19

Par Cécile Guilbert

Publié le 14 avril 2020 à 16h03, modifié le 14 avril 2020 à 18h38

Temps de Lecture 3 min.

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Jacques Frémontier, en 2013.

« J’ai tout pour vous déplaire. Octogénaire blanc, hétérosexuel, juif, ancien communiste (…), ancien directeur du journal le plus bête de Paris. J’allais oublier le détail qui tue : ancien énarque. » Cet autoportrait ironique, signé en 2018 par Jacques Frémontier à l’orée de son blog, n’offre qu’un bref raccourci des vies et des engagements multiples de cet homme passionné qui fut journaliste, sociologue, producteur d’émissions télévisées, historien et écrivain. Emporté par le Covid-19 à presque 90 ans, le 7 avril à l’hôpital Cochin, il est l’auteur de dix livres convoquant tous les genres, et notamment d’un best-seller « matriciel », La Forteresse ouvrière : Renault (Fayard, 1971), qui a marqué la sociologie du travail par son style d’enquête.

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Né Jacques Friedmann le 8 mai 1930 dans une famille juive ashkénaze commerçante du Marais, il grandit dans un milieu bourgeois si athée, laïque et assimilé qu’enfant, il ignore qu’il est juif. Ecolier chez les bonnes sœurs de l’Institut Dupont-des-Loges qui lui demandent sa religion, il répond « parisien » et le sera, en effet, jusqu’à la publication des décrets antisémites de 1940 qui lui apprendront cruellement sa « nouvelle identité ».

Lycéen et khâgneux à Louis-le-Grand, il entre à Sciences Po, puis à l’ENA (1952-54), mais démissionne vite de la fonction publique pour se lancer dans la presse. D’abord à L’Express, puis à Franc-Tireur, Paris-Journal et Paris-Jour, dont il fut le directeur de 1965 à 1969. En 1959, excédé par l’antisémitisme persistant, il prend Frémontier comme nouveau patronyme, choix suivi par son père et son oncle. « Je voulais désormais choisir mes imbéciles, écrira-t-il plus tard. Je ne voulais plus que le premier crétin venu me traite de juif sans que je sois le premier à me déclarer comme tel. »

Après la publication d’un roman, La Colonie (éd. Robert Laffont, 1967), il s’enthousiasme pour la révolte étudiante de mai 1968. C’est le début d’un engagement politique qui le propulse vers l’usine de Boulogne-Billancourt où il enquête durant plusieurs mois, inaugurant une méthode d’interview basée sur l’humilité et l’empathie dans l’écoute qui fera florès dans les nombreux documentaires de télévision qu’il produit à l’ORTF, de 1970 à 1975, à travers les séries cultes Vivre aujourd’hui et La Vie ensemble – qui lui vaudront le Prix de la critique de télévision, en 1974. Chroniqueur à L’Humanité Dimanche, il couvre, en avril 1974, la révolution portugaise, expérience rapportée dans Portugal : les points sur les i (Editions sociales, 1976). Suivront d’autres essais : La Vie en bleu (Fayard, 1980), Pied de guerre (Fayard, 1982), Les Cadets de la droite (Le Seuil, 1984).

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