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AlgérieManifestation à Alger et troubles en Kabylie

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Le «Hirak», mouvement antirégime né le 22 février, ne montre aucun signe d'essoufflement et reste farouchement opposé à ce scrutin que le pouvoir, aux mains de l'armée. (Mercredi, 11 décembre 2019)
Le procureur d'un tribunal d'Alger a requis mercredi une peine de 4 ans de prison ferme contre l'opposant Karim Tabbou, figure de proue Hirak. (4 mars 2020)
Le nouveau président  Abdelmadjid Tebboune a juré de «respecter et de glorifier la religion islamique et de veiller à la continuité de l'Etat» lors de sa prestation de serment. (Jeudi 19 décembre 2019)

Après presque dix mois d'une contestation populaire inédite ayant emporté le président Abdelaziz Bouteflika, les Algériens ont voté jeudi lors d'une présidentielle sous tension. L'élection a été marquée par une manifestation à Alger et de sérieux incidents en Kabylie.

Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues du centre d'Alger dans l'après-midi pour dénoncer la tenue du premier tour de cette élection, vue comme une manoeuvre de survie du régime, selon l'AFP. Toute la matinée, la police, déployée en force au coeur de la capitale, était systématiquement et brutalement pourtant intervenue pour tenter d'empêcher tout rassemblement, comme elle l'a fait avec succès à Oran (ouest), la deuxième ville du pays.

Cordon de police brisé

A Alger, les manifestants sont parvenus à faire nombre, jusqu'à briser un cordon de police leur barrant l'accès au carrefour de la Grande Poste, lieu symbolique de rassemblement du «Hirak», «mouvement» de contestation inédit qui ébranle l'Algérie depuis février. «Le peuple veut son indépendance!», «makache l'vote» (pas de vote!), a scandé la foule.

Le cortège s'est séparé en fin d'après-midi, avant que la police n'intervienne pour disperser violemment à coups de matraque la centaine de protestataires restants, selon une journaliste de l'AFP. Des manifestants étaient parvenus plus tôt à s'introduire dans un centre électoral du centre-ville, entraînant une brève suspension du vote. Plusieurs marches ont également été recensées à travers l'Algérie.

Quid de la participation?

La participation est l'enjeu majeur de l'élection: le «Hirak» a appelé au boycott alors que le pouvoir assure depuis des semaines que la participation sera «massive». A 18h00, le taux de participation a atteint 33,06%, selon le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie) Mohamed Charfi.

Ce chiffre est inférieur à celui enregistré à la même heure (37,06%) lors de la présidentielle de 2014, qui n'avait mobilisé que 50,7% des inscrits. Malgré cela, Mohamed Charfi a estimé que le taux de participation final du scrutin de jeudi «avoisinerait ou dépasserait les 50%». Les bureaux ont fermé à 20 heures, heure légale, mais aucun chiffre provisoire n'était immédiatement disponible.

Nombreuses perturbations

Le vote a néanmoins été arrêté dès la matinée, selon l'Anie, à Bejaïa, Tizi-Ouzou et Bouira (à l'est et au sud-est d'Alger), principales localités de la région frondeuse de Kabylie à majorité berbérophone. A Béjaïa, un centre de vote a notamment été saccagé. A Tizi-Ouzou, les gendarmes ont usé de grenades lacrymogènes pour empêcher des manifestants d'entrer dans le siège de la wilaya (préfecture) et à Bouira, une antenne locale de l'Anie a été incendiée.

Dans les bureaux de vote d'Alger, la situation a semblé contrastée: à Bab el-Oued, une centaine d'électeurs, dont de nombreux jeunes, se sont pressés dès l'ouverture et contre toute attente au principal centre de vote de ce quartier populaire, selon une journaliste de l'AFP. L'affluence était en revanche faible dans plusieurs bureaux de la capitale.

La télévision nationale montre elle des files d'électeurs dans plusieurs régions. Certains internautes s'en amusent et se demandent «combien ils ont été payés». Le «Hirak», mouvement antirégime né le 22 février et ayant obtenu la démission en avril de Abdelaziz Bouteflika, reste farouchement opposé à ce scrutin que le pouvoir, aux mains de l'armée, a voulu organiser coûte que coûte.

Le mouvement dénonce une «mascarade électorale», exige la fin du «système» aux manettes depuis l'indépendance en 1962, et le départ de tous ceux qui ont soutenu ou pris part aux 20 ans de présidence de Abdelaziz Bouteflika. Or, les cinq candidats (Abdelaziz Belaïd, Ali Benflis, Abdelkader Bengrina, Azzedine Mihoubi et Abdelmajid Tebboune) sont tous considérés par la contestation comme des enfants de ce «système», et accusés de lui servir de caution.

Appel au calme

Mercredi, des personnalités proches du «Hirak» ont averti du contexte de «vives tensions» dans lequel se déroule le scrutin, considérant le pouvoir «responsable de tout dérapage éventuel». Elles ont aussi exhorté les contestataires à «demeurer pacifiques» en refusant de «répondre aux provocations» et en veillant à «ne pas empêcher l'exercice par d'autres citoyens de leur droit» à voter.

Pilier du régime, historiquement habitué aux coulisses, le haut commandement de l'armée assume ouvertement le pouvoir en la personne de son chef d'état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, depuis la démission de Abdelaziz Bouteflika. Après une première tentative d'élection avortée en juillet, il s'obstine à vouloir rapidement lui élire un successeur pour sortir de l'actuelle crise, qui a aggravé la situation économique.

ats