« Ainsi, s’extrayant du mouvement,/Demeurant sur le bas-côté,/Il contemple l’éclat de l’instant/Et les liens secrets des destins », écrivait Nicolas Bokov dans Contemplations et soupirs (éditions de la Caverne, 2015). Exilé en France depuis 1975, le poète et prosateur russe est mort, lundi 2 décembre, dans un hôpital parisien. Il était âgé de 74 ans.
Sa trajectoire étonne et interpelle. Né le 7 juillet 1945 à Moscou, Nicolas Bokov fait des études de philosophie – marxiste-léniniste, il va de soi, la seule reconnue comme telle en Union soviétique. Puis il commence une thèse. C’est alors qu’il est expulsé de l’université. A côté de cette existence officielle, Nicolas Bokov est accusé de se livrer, dans les années 1960, à des activités qualifiées par le code pénal d’« antisoviétiques ». En l’occurrence, la diffusion de samizdat, c’est-à-dire d’œuvres interdites, et la publication à l’étranger d’écrits critiques à l’égard du régime. Le KGB s’intéresse à lui, se met à le harceler, l’accusant de délits qu’il n’a pas toujours commis, et finit par le pousser à émigrer.
Il vous reste 75.93% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.