Du Morvan à nos salons, la longue vie d'un sapin de Noël

VIDÉO. Les sapins de Noël ne proviennent pas de forêts décimées pour les fêtes, mais de plantations dédiées. Une culture qui demande beaucoup de patience : dix ans par arbre, en moyenne.

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Temps de lecture : 5 min

9 heures du matin. Le soleil et le brouillard sont à peine levés dans le massif du Morvan que déjà des ouvriers s'activent pour couper, emballer et charger dans leur remorque les sapins qui seront vendus dans les magasins pour Noël. La mécanique est bien rodée : chez ce seul producteur de Planchez-en-Morvan (Nièvre), plus de 400 000 sapins doivent être préparés en quelques semaines.

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En cette fin novembre, c'est le pic d'activité pour les producteurs de sapins de Noël naturels. Pendant cette courte période, les Pépinières Naudet, premier producteur français, emploient jusqu'à 100 saisonniers. « On commence à couper début novembre, explique le patron de cette entreprise familiale fondée en 1876, Frédéric Naudet. Le gros de l'activité, c'est la deuxième quinzaine de novembre. Début décembre, la messe est dite, c'est déjà fini pour nous. »

<p>Une fois coupés, les sapins sont emballés, et leur pied est taillé pour s'insérer dans un support.</p><section class=
© Thibaut Déléaz / Le Point">

Une fois coupés, les sapins sont emballés, et leur pied est taillé pour s'insérer dans un support.

© Thibaut Déléaz / Le Point

Dix ans pour faire pousser un sapin

Chaque année, les Français achètent 6 millions de sapins naturels pour les fêtes, dont environ 80 % sont produits dans l'Hexagone. Également président de l'Association française du sapin de Noël naturel, qui regroupe les professionnels du secteur, Frédéric Naudet constate que « le marché est stable, ce qui est très rare dans l'horticulture ».

Une aubaine pour les producteurs, car la culture du sapin demande beaucoup de patience. En effet, contrairement à certaines idées reçues, les sapins de Noël ne participent pas à la déforestation : ils ont été plantés et cultivés spécialement pour être coupés, et cela prend du temps. « On ne trouverait d'ailleurs pas de si beaux sapins en forêt ! »

Lire aussi Noël : la Bretagne, région préférée du sapin de Nordmann

Quand le sapin arrive dans notre salon pour les fêtes, il a déjà une longue histoire derrière lui et a, en moyenne, une dizaine d'années. Au départ, c'est un pépiniériste qui achète les graines puis les cultive pendant quatre ans, avant de revendre les pousses au producteur qui va les planter dans son champ. À cet âge, le jeune plant ne mesure encore que 20 centimètres ! Il faut ensuite attendre patiemment que les sapins grandissent, et les tailler de temps en temps pour leur donner une belle forme conique.

<p>À 4 ans, quand les jeunes sapins sont plantés par les producteurs, ils ne mesurent encore que 20 centimètres.</p><section class=
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À 4 ans, quand les jeunes sapins sont plantés par les producteurs, ils ne mesurent encore que 20 centimètres.

© Thibaut Déléaz / Le Point

Chaque année, des sapins sont prélevés dans une plantation pour être vendus et pour laisser à ceux qui restent plus d'espace pour se développer. A l'exception des très grands sapins, beaucoup plus vieux, utilisés pour des événements spéciaux – comme celui de l'Élysée, qui vient du Morvan –, tous les conifères doivent avoir été coupés dix ans après leur plantation dans le champ, c'est la loi. Après une année de repos pour la terre, de jeunes pousses sont de nouveau plantées pour un nouveau cycle.

Le Nordmann, star des sapins de Noël

Dans les 500 hectares de plantations Naudet, on trouve de l'épicéa, du nobilis, du grandis… et surtout du Nordmann, un sapin venu du Caucase qui a pris le dessus sur le traditionnel épicéa dans les années 1990 et représente désormais l'écrasante majorité des ventes. « Il garde ses aiguilles plus longtemps une fois coupé, explique Frédéric Naudet, mais il sent moins que l'épicéa et coûte deux fois plus cher à produire. »

Au début de l'automne, les sapins qui seront vendus pour les fêtes sont sélectionnés et étiquetés dans la plantation. En novembre, ils sont coupés, emballés et taillés au niveau du pied pour s'insérer dans leur support, avant d'être mis en palettes. Une soixantaine de camions partent chaque jour de Planchez-en-Morvan, où se trouve l'entreprise familiale, pour livrer des magasins Truffaut, Carrefour ou encore Bricorama dans toute la France.

<p>Les Pépinières Naudet expédient plus de 400 000 sapins chaque année.</p>
 ©  Thibaut Déléaz / Le Point

Les Pépinières Naudet expédient plus de 400 000 sapins chaque année.

© Thibaut Déléaz / Le Point

Pour tenir une telle cadence, il faut écarter tous les risques qui peuvent peser sur la production. À commencer par les attaques du gibier, surtout les chevreuils qui ont la fâcheuse habitude de venir grignoter les sapins. Clôture ou laine de mouton disposée dans les plants, chacun a sa technique pour protéger ses plantations.

Mais ce qui inquiète surtout les producteurs, c'est le changement climatique. Si les sapins sont plutôt cultivés dans des régions humides – principalement dans le Morvan, la Bretagne et les Alpes –, ils ne sont pas à l'abri de la sécheresse. « On a connu deux ou trois étés secs qu'on n'avait pas avant, constate Frédéric Naudet. On n'arrose pas, donc on a besoin de la pluie. Dans certaines régions, les producteurs commencent à se poser des questions pour l'avenir. »

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Écologique, le sapin naturel ?

Pour l'instant, le marché se porte bien et la prise de conscience écologique en cours n'inquiète pas les producteurs. « Le sapin de Noël naturel est complètement écologique ! » s'exclame Frédéric Naudet dès que l'on aborde le sujet. « Une plantation de sapins, c'est un puits de carbone, c'est une production française, donc avec moins de transport jusqu'au client, et il existe une filière de recyclage quand le sapin artificiel est fabriqué en plastique à partir de ressources non renouvelables et a bien souvent voyagé depuis la Chine. »

<p>Les producteurs proposent également des sapins en pot, qui peuvent être replantés après les fêtes.</p>
 ©  Thibaut Déléaz / Le Point

Les producteurs proposent également des sapins en pot, qui peuvent être replantés après les fêtes.

© Thibaut Déléaz / Le Point

Le sapin artificiel n'a donc de vert que la couleur, d'autant que les producteurs de sapins naturels accentuent leurs efforts pour réduire leur empreinte sur l'environnement. « On essaye de réduire le plastique dans les emballages, notre transporteur livre avec certains camions roulant au gaz, on utilise moins de produits phyto… » Et puis il y a la tradition : « L'odeur du sapin rappelle des souvenirs d'enfance », sourit Frédéric Naudet.

Et, même si « un sapin c'est comme un bouquet de fleurs, ça a une durée de vie limitée », les producteurs le proposent aussi en pot. Cultivés directement dans leur pot, percé pour laisser passer les nutriments de la terre, ces conifères peuvent être replantés après les fêtes. Et vivre leur belle vie de sapin dans votre jardin.

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Commentaires (2)

  • papykiki

    Mais qu attendent les écolos pour interdire la destruction de ces etres vivants

  • Jeanlouis17

    Maintenant qu'on nous dit de partout que les arbres sont des êtres vivants sensibles, en liens avec leur entourage, vous croyez qu'ils savent qu'ils vont mourir dans leur prime jeunesse parce qu'ils sont des sapins de noël ?