Le standard international retenu pour la 5G interférera bien avec les prévisions météorologiques

La Conférence mondiale des radiocommunications a rendu ses décisions dans le cadre de la régulation de la 5G. Les météorologues qui espéraient avoir gain de cause, alors qu’ils craignent que la nouvelle technologie mobile ne vienne perturber leurs prévisions, ont vu l’industrie des télécoms remporter la bataille : le standard international retenu ne sera pas optimal pour leurs travaux.

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Le standard international retenu pour la 5G interférera bien avec les prévisions météorologiques

Ils en attendaient beaucoup, sans doute trop. Les météorologues sont repartis déçus de la Conférence mondiale des radiocommunications, qui s’est tenue en Egypte du 28 octobre au 22 novembre 2019. Ils espéraient pouvoir faire entendre raison aux opérateurs télécoms, qui comptent mettre à profit la bande de fréquences radio de 24 GHz pour améliorer la qualité de leurs offres autour de la 5G… et, ce, aux dépens des prévisions météo. Mais les professionnels des télécommunications ont décidé de ne pas fixer de limite stricte entre les fréquences utilisées par les acteurs économiques et celles exploitées par les scientifiques.

 

"IL N’Y A PLUS DE RECOURS"

Selon ces derniers, le nouveau standard international pour la 5G interférera, comme ils le redoutaient, avec leurs prévisions. Fin septembre, L’Usine Digitale relayait une étude soulignant les risques de perturbations causés par la proximité entre les fréquences radio émises par la nouvelle norme de téléphonie mobile et celles des satellites d’observation de la Terre. Les météorologues appelaient alors à créer une bande de garde entre 24 et 25 GHz – leurs outils se situant juste en-dessous – en vertu du principe de précaution, puisqu’ils n’auraient pas d’alternative pour quantifier la vapeur d’eau.

 

"Il n’y a plus de recours, a réagi auprès du site américain The Verge Eric Allaix, coordinateur national des fréquences à Météo-France et président du groupe de coordination sur les fréquences radio de l’Organisation météorologique mondiale. Le déploiement de la 5G n’en est qu’à son début. Mais quand elle aura entièrement remplacé les fréquences utilisées aujourd’hui, nous ne serons plus en mesure de faire la distinction entre le bilan radiatif de l’atmosphère et les ondes en provenance de la 5G."

 

UN SUIVI AU FIL DU DéPLOIEMENT DE LA 5G

La Conférence mondiale des radiocommunications émane de l’Organisation des Nations unies (ONU). Elle est organisée tous les quatre ans pour mettre de l’ordre dans les fréquences et s’assurer que tous les services qui ont recours aux ondes radio peuvent être opérés sans interférence. Pour ce faire, les délégués votent pour établir ou non des bandes de garde – des sortes de zones tampons entre les fréquences utilisées par deux différents services et sur lesquelles aucune activité n’est admise.

 

Les météorologues demandaient à ce que le bruit maximal – la portion sur laquelle un service a droit de dépasser de sa bande de fréquences – pour la 5G soit aligné sur la décision de l’Union européenne de juillet 2018, soit -42 dBW. Les experts de la Conférence mondiale des radiocommunications se sont contentés de -33 dBW. Un chiffre plus exigeant que celui jusqu’ici retenu par la Commission fédérale des communications américaine (-22 dBW) et qui pourra, au besoin, être revu à la hausse pour atteindre -39 dBW dans huit ans. Pas suffisant, selon la Nasa et de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), qui jugent que la limite adaptée se situe à -52,4 dBW.


"Cette partie du spectre électromagnétique est essentielle pour faire des prédictions quant aux endroits où les ouragans vont s’abattre, a déclaré Jim Bridenstine, administrateur de la Nasa, devant le Congrès américain en avril dernier. Si vous ne pouvez pas le déterminer précisément, vous ne pourrez pas évacuer les bonnes personnes." L’Union internationale des radiocommunications (ITU) a assuré que les effets de la 5G seront "surveillés de près, à mesure de son déploiement".

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