Bardet passe son Tour : "Le Giro me fascine"
En stage dans les Alpes françaises avec son équipe, l’Auvergnat a dévoilé un programme radicalement différent des années précédentes.
- Publié le 14-11-2019 à 07h17
- Mis à jour le 14-11-2019 à 07h21
En stage dans les Alpes françaises avec son équipe, l’Auvergnat a dévoilé un programme radicalement différent des années précédentes. On ne l’a plus vu porter un dossard en compétition depuis le 28 juillet dernier sur les Champs-Élysées à l’occasion de la dernière étape du Tour de France. Malgré le maillot à pois qu’il portait ce jour-là, le Tour de France du leader de l’équipe AG2R La Mondiale s’est apparenté à un chemin de croix. Pas dans le bon rythme, Bardet s’est retrouvé en difficulté dès que la pente s’élevait. Déçu, il a préféré mettre un terme à sa saison pour se régénérer, comme il le dit lui-même, et attaquer 2020 regonflé à bloc.
À l’occasion du premier stage de son équipe dans les Alpes, Bardet a dévoilé les grands points de son programme pour la prochaine saison. Et pour la première fois depuis ses débuts en 2013, il ne participera pas au Tour de France mais privilégiera le Tour d’Italie, qu’il découvrira en 2020.
Romain, vous allez participer à votre premier Giro, qu’est-ce qui vous a poussé à le préférer au Tour ?
"Le Giro est une course que j’ai envie de découvrir, qui me fascine. Je ne vais pas dire que je regrette de ne pas y être allé avant, mais c’était le bon moment dans ma carrière selon moi d’ouvrir des perspectives sur les autres grands tours, notamment sur le Giro. L’année 2020 est particulièrement propice à cette découverte puisque vous connaissez mon amour pour les courses d’un jour et dans ce cadre-là, je briguerai une sélection pour les championnats du monde et les Jeux olympiques avec l’équipe de France."
Renoncer au Tour, c’était une décision difficile à prendre ?
"Bien sûr, faire l’impasse sur le Tour de France, ce n’est pas une décision qui se prend à la légère. Maintenant, dans ce cas-ci, la décision est dans l’ordre des choses par rapport à mon histoire avec la Grande Boucle. Mais ce n’est pas parce que je vais manquer une année que mon lien avec le Tour de France sera brisé. Je pense même que ce sera favorable et que ce lien va se renforcer. J’ai besoin de sortir de ma zone de confort."
Ressentez-vous une frustration d’avoir privilégié le Tour pendant tant d’années ?
"Je ne regrette pas du tout de m’être impliqué pleinement, comme toute l’équipe, sur le Tour de France ces dernières années. Simplement, ça faisait sept années consécutives que j’y participais. Sur les deux dernières années et plus particulièrement en 2019, je n’étais pas au niveau espéré. Je ne me sentais plus bien au vu de l’investissement fourni. J’ambitionne quand même de revenir sur le Tour dans le futur. Mais une année sans la Grande Boucle ne pourra m’être que bénéfique."
Avec ce changement de programme, vous avez dû adapter votre préparation ?
"Oui, c’est un saut dans l’inconnu mais je pense qu’on met tout en place, au sein de l’équipe, pour que je m’aligne sur le Tour d’Italie dans de bonnes conditions. Mon programme va être orienté en fonction de cet objectif-là donc je n’ai pas vraiment d’inquiétudes quant à la forme que j’aurai au mois de mai. Je suis impatient de reprendre en Australie avant d’enchaîner avec quelques courses françaises en février. Ensuite, au mois de mars, je ferai probablement la campagne italienne avec, je l’espère, les Strade Bianche. Après ce sera le moment de me pencher sur la préparation du Giro au Tour des Alpes, ce qui me permettra d’aller reconnaître quelques étapes."
Quel sera l’objectif sur un parcours qui peut vous convenir mais qui comporte tout de même trois chronos ?
"On l’a vu cette année, ce n’est pas un rouleur qui a gagné (NdlR : Richard Carapaz a remporté le Tour d’Italie malgré trois contre-la-montre) . Le parcours s’annonce difficile surtout en 3e semaine avec des étapes qui me plaisent énormément puisque le Giro a la particularité de proposer des étapes très longues avec de nombreux mètres de dénivelé. Les trois chronos m’incitent à la prudence au niveau de mes ambitions au classement général mais j’ambitionne de prendre le départ à 100 %, donc un top 5 est le minimum. En revanche, enchaîner avec le Tour n’a jamais été une option car si je m’y aligne, ce n’est pas pour y faire de la figuration. J’aurais pu viser les étapes ou le maillot à pois mais sur le Tour, la seule chose qui compte pour moi, c’est le classement général."
Après le Tour d’Italie, vous vous concentrerez donc sur les courses d’un jour ?
"Oui, les Jeux olympiques et les Mondiaux sont mes seconds objectifs de la saison avec la Vuelta probablement. C’est sûr que le parcours de ces deux courses me convient à merveille. C’est une année importante pour moi, j’espère donc être dans la forme de ma vie. J’ai la chance d’avoir une Olympiade pour grimpeurs et un des championnats du monde les plus durs depuis Sallanches. Je me réjouis donc de la belle année qui nous attend."
"Poulidor était un personnage emblématique du cyclisme"
La terrible nouvelle du décès de Raymond Poulidor est tombée peu avant le début de la conférence de presse de Romain Bardet.
C’est tout naturellement que le leader des Terre et Ciel a rendu hommage au champion disparu : "C’est une triste nouvelle. Raymond était un personnage emblématique du cyclisme que l’on croisait très régulièrement sur les différentes courses et notamment sur le Tour de France", a-t-il commencé.
Le leader de la formation française est également revenu sur la popularité de celui qui était surnommé affectueusement "Poupou" : "Il était adoré du public. Il incarnait le cyclisme rural et constituait un véritable trait d’union générationnel. Je me souviens de lui quand j’étais encore en amateurs et qu’il amenait ce rêve du Tour de France dans les petits villages. Son décès constitue incontestablement une grande perte pour le cyclisme."