Le "speaker" John Bercow, personnage-clé qui enraye le Brexit de Johnson

Le président conservateur de la Chambre des communes John Bercow, qui a refusé lundi de soumettre au vote des députés l'accord de Brexit conclu par Boris Johnson, n'en est pas à son premier coup d'éclat, au point d'être accusé de partialité par son propre camp.

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Le "speaker" John Bercow, personnage-clé qui enraye le Brexit de Johnson
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Le président conservateur de la Chambre des communes John Bercow, qui a refusé lundi de soumettre au vote des députés l'accord de Brexit conclu par Boris Johnson, n'en est pas à son premier coup d'éclat, au point d'être accusé de partialité par son propre camp.

En vertu du principe qui proscrit qu'un même texte soit débattu plusieurs fois lors d'une même session parlementaire, le "Speaker" a refusé que les députés examinent de nouveau l'accord conclu avec Bruxelles par le Premier ministre Boris Johnson.

En mars, il avait déjà pris de court l'exécutif, alors dirigé par Theresa May, en refusant un nouveau vote sur l'accord de Brexit qu'elle avait négocié avec l'UE mais déjà rejeté par les députés. Les eurosceptiques le jugent déjà trop favorable au camp adverse.

Agé de 56 ans, John Bercow a annoncé le mois dernier qu'il quitterait au plus tard au 31 octobre le fauteuil de cuir vert qui domine la Chambre des communes, pour consacrer plus de temps aux siens.

Du haut de son 1m68, ce conservateur issu d'un milieu modeste --son père était chauffeur de taxi-- a été une épine dans le pied des gouvernements tory successifs. David Cameron, le prédécesseur de Theresa May, avait même tenté de l'évincer, en vain.

Il s'est aussi attiré les reproches de conservateurs pour s'être prononcé contre une prise de parole de Donald Trump au parlement lors de la visite du président américain au Royaume-Uni en 2018.

Avec sa robe de soie noire et ses cravates criardes, il dirige les débats, à coup de rappels à l'ordre ("Order !") tonitruants et de répliques truculentes.

Surtout, son interprétation personnelle de ses attributions lui a conféré un rôle plus décisif que celui de ses prédécesseurs. Son adjointe Eleanor Laing, candidate à sa succession, a estimé récemment qu'il s'était "écarté" de la règle de droit, l'accusant d'"arrogance".

A l'inverse, Tom Watson, numéro deux du parti d'opposition travilliste, voit en John Bercow l'un des "grands Speakers".

Sans perruque 

Né le 19 janvier 1963, John Bercow a grandi dans une famille juive modeste du nord de Londres. Il commence à s'engager en politique à l'université, où il étudie les sciences politiques. Il devient conseiller municipal du quartier londonien de Lambeth à 23 ans. En 1997, il est élu député pour la première fois, dans la circonscription de Buckingham, dans le nord-ouest de la capitale.

En 2009, il accède à la présidence de la Chambre des communes sous un gouvernement travailliste, en promettant de rompre avec les pratiques de son prédécesseur, impliqué dans un scandale de notes de frais et contraint de démissionner. Arrivés au pouvoir en 2010, les conservateurs l'y maintiennent.

Plus jeune titulaire de cette prestigieuse fonction, à 46 ans, John Bercow s'est employé à la dépoussiérer, abandonnant certains éléments de la tenue traditionnelle comme la perruque. En juin 2017, il permet aux députés de siéger sans cravate.

Peu de temps après son arrivée sur le fauteuil du Speaker, placé entre les bancs de la majorité et de l'opposition qui se font face, il provoquait cependant une polémique en réclamant des milliers de livres pour rénover son appartement de fonction au parlement afin d'y accueillir ses trois enfants.

Son épouse, Sally Bercow, a fait les gros titres de la presse pour des raisons souvent éloignées de la politique: elle a notamment posé seulement vêtue d'un drap blanc pour un magazine, participé à un programme de télé-réalité, et entretenu une relation extra-conjugale avec le cousin de son mari.

Surtout, elle s'est présentée en 2010 à une élection locale sous l'étiquette du Parti travailliste, adversaire politique de son mari. Ce dernier avait néanmoins pris sa défense en expliquant: "Ma femme ne m'appartient pas, c'est seulement ma femme".

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