Mali : Les défis économiques de l’État

0

En 2019, le Mali présente un PIB (produit intérieur brut ou revenu national) par tête qui se monte à 934 dollars, soit un produit intérieur brut de 17,83 milliards de dollars pour 20 millions d’habitants. Aussi, l’indice de développement humain (IDH) établi en 2019 par les Nations Unies classe le Mali au 182e rang sur 188 pays selon la Banque Mondiale.

 Après avoir augmenté entre 2011 en 2013 du fait de la crise sécuritaire et humanitaire, on estime que le taux d’extrême pauvreté a légèrement baissé, passant de 43,4 % à 41,3 % entre 2017 et 2019, grâce à la production agricole exceptionnelle de ces trois dernières années. Soulignons par ailleurs que l’incidence de la pauvreté est beaucoup moins élevée dans les zones urbaines, les populations pauvres se concentrant à 90 % dans les zones rurales du sud du pays, où la densité démographique est la plus forte.

Les performances macroéconomiques au Mali sont favorables en 2019. Le taux de croissance économique reste important en 2019, soit environ 5%, nonobstant un recul de 0,3 point de pourcentage par rapport à 2018 (5,3). Toutefois, sa forte croissance démographique (avec un taux de fécondité de 6 enfants par femme en 2017) et le changement climatique représentent des risques importants pour l’agriculture et la sécurité alimentaire du pays selon la Banque Mondiale. L’économie malienne fait montre de résilience et  le taux de croissance prévisionnel sera soutenu grâce aux secteurs agricole et tertiaire. Toutefois, la stabilité du cadre macroéconomique, les chocs exogènes, les effets néfastes du changement climatique et la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire resteront des défis importants pour le Mali à court et moyen termes.

Par ailleurs, dans le cadre du pacte de convergence et de surveillance multilatérale de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Mali respecte  3 critères sur 5 objectifs pour l’UEMOA et 4 critères sur 8 objectifs pour la CEDEAO.

Selon la loi de Finances 2019, s’agissant  des  dépenses  courantes,  elles  se  sont  chiffrées  à 1.105  milliards  en  2017,  dont  433  milliards  de  dépenses  de  personnel,  contre  1.012  milliards  et  401 milliards  une  année  plus  tôt.  Rapportées  aux  recettes  fiscales,  les  dépenses  courantes  sont  passées de  81,7%  en  2016  à  81,6%  en  2017.

Les  crédits  de  paiement  des  charges  salariales  du  personnel  civil  et  militaire  de  l’Etat  et  des fonctionnaires  des  Collectivités  Territoriales  sont  évalués  en  2019  à  595,600  milliards  de  FCFA  contre 516,409  milliards  de  FCFA  dans  la  loi  de  Finances  2018,  soit  une  augmentation  de  15,33%.

Cette augmentation  s’explique  globalement  par  l’augmentation  de  la  part  patronale  dans  le  cadre  de  la  Loi n°2018-053  du  11  juillet  2018  portant  Code  des  pensions  des  fonctionnaires,  des  militaires  et  des parlementaires,  les  recrutements,  et  les  avancements  statutaires  du  personnel  civil  et  militaire.

Les prix à la consommation (inflation) devraient varier de 0,1 point de pourcentage et atteindre 2,1%, ce qui permet de rester dans la norme communautaire de 3% par an, pourvu que la campagne agricole soit favorable.

En vue de réduire les dépenses publiques, le  nouveau Gouvernement devrait concentrer ses efforts sur la réduction des frais de fonctionnement improductifs et favoriser les dépenses en capital en vue d’augmenter le stock d’investissements.

Dans le cadre de la relance de l’économie, l’accent  devrait  être  mis  sur  les  stratégies  de  politique  économique suivantes  entre autres :  l’amélioration des facteurs de production (la formation des ressources humaines, les infrastructures de base et l’accès au crédit du secteur privé), l’accroissement  de la base productive de l’économie et  la  diversification  des exportations dans  le  but  de  réduire  la  dépendance  du  pays  à  l’égard  des  secteurs minier  et  cotonnier (90 des exportations du Mali en 2017)  ; et enfin le  renforcement  des  actions  orientées  vers  l’amélioration  du  cadre  des  affaires  et de la sécurité judiciaire et juridique en vue d’inciter l’ accroissement des investissements  directs étrangers et privés nationaux.

Bamako, le 20 octobre 2019

Modibo Mao MAKALOU

MBA

Économiste Financier

Commentaires via Facebook :