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L’agriculture bio fleurit en Europe

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Tiré par une demande en hausse et des habitudes de consommation moins carnée, le bio a le vent en poupe sur le Vieux Continent.

La consommation de bio en Europe a augmenté de 80 % entre 2009 et 2016. PHOTO : © Xavier Popy/REA

La consommation de bio explose dans le monde, en particulier dans l’Union européenne. Elle représentait 33 milliards d’euros en 2016, contre 18 milliards en 2009, soit une augmentation de plus de 80 % en sept ans. Les premiers marchés sont l’Allemagne (9 milliards d’euros en 2016) et la France (près de 7 milliards d’euros).

Pour satisfaire cette demande croissante, le Vieux Continent a élargi ses surfaces bio. Aujourd’hui, six pays en concentrent les deux tiers. Il s’agit de l’Espagne (17 %), l’Italie (15 %), la France (13 %), l’Allemagne (10 %), l’Autriche (5 %) et la Suède (5 %).

L’Autriche : pays le plus bio

Outre la taille des pays et de leurs marchés respectifs, la part de surface agricole utile (SAU) cultivée en bio est le meilleur indicateur des efforts réalisés par chacun. Et dans cette catégorie, l’Autriche arrive nettement en tête avec près d’un quart de sa SAU en bio en 2017. C’est aussi le premier pays européen, avec le Danemark, à avoir mis en place des aides à la conversion et au maintien de l’agriculture bio dès les années 1980, avant que celle-ci ne soit inscrite dans le droit européen en 1991.

Si l’on se fie à cet indicateur, la France n’arrive finalement qu’en 18e position. Sa part de SAU en bio a pourtant triplé en quinze ans, passant de 2 % en 2003 à 6 % en 2017, mais elle reste inférieure à la moyenne de l’Union européenne (7 %). L’Hexagone conserve donc une marge de progression substantielle par rapport à certains pays du Nord (Suède, Finlande et pays baltes), de l’Est (Autriche) et du Sud (Espagne, Italie, Grèce et Portugal).

Une alimentation plus végétale

Cette progression du bio en Europe est une bonne nouvelle. Car, comme l’indique le dernier rapport spécial les terres émergées du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) paru début août, les choix en matière de système alimentaire sont cruciaux pour la qualité des sols, dont dépend le niveau d’absorption naturel du CO2. D’où la nécessité d’améliorer leur utilisation, en recourant de moins en moins aux pesticides et aux cultures intensives. L’agriculture bio est un des leviers d’une transition écologique, comme l’agroécologie ou l’agroforesterie.

Un consommateur bio a besoin de 23 % de surfaces de moins pour se nourrir

L’une des objections régulièrement soulevées à l’égard du bio est son moindre rendement : pour produire en bio ce qu’on produit en conventionnel, il faut davantage de terres. C’est effectivement le cas… A alimentation identique. Or selon une étude réalisée en France par le cabinet Solagro, les consommateurs bio ne s’alimentent pas de la même manière que les consommateurs conventionnels. Leur assiette est deux fois moins carnée, car ils substituent des protéines végétales aux protéines animales.

Résultat, dans un contexte où la majorité des surfaces agricoles est dédiée à l’alimentation animale, un consommateur bio a besoin de 23 % de surfaces de moins pour se nourrir. La quantité d’énergie directe et indirecte utilisée pour la production agricole est, elle, inférieure de 26 %. De même pour les émissions de gaz à effet de serre au niveau de la production agricole, qui sont inférieures de 37 % à celles d’un consommateur conventionnel, avec respectivement 1,2 t équivalent CO2, contre 1,9 t.

Cet article est publié en partenariat avec la plate-forme européenne de data-journalise (EDJNet), dont Alternatives Economiques est l’un des membres fondateurs.

 

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