Un dernier hommage à Waseige: "Robert aura eu une belle vie"
Ils sont venus très nombreux rendre un ultime hommage à l'entraîneur liégeois.
- Publié le 24-07-2019 à 10h53
- Mis à jour le 24-07-2019 à 12h01
Ils sont venus très nombreux rendre un ultime hommage à l'entraîneur liégeois. Tous ses amis avaient tenu à rendre un ultime hommage à Robert Waseige en l'escortant jusqu'à sa dernière demeure, arrimés à un impressionnant cortège silencieux et recueilli.
Les anonymes d'abord, qui l'assimilaient à l'un des leurs et qui ont eu la présence d'esprit de déclencher la minute, émouvante, d'applaudissements nourris à la sortie du cercueil du funérarium.
Les reconnus ensuite qui, comme Georges Leekens, avaient traversé tout le pays pour honorer une dernière fois l'homme à la tête de l'équipe nationale. Les anciens comme Henri Depireux, Claudy Thompkins, Christian Piot, Léon Semmeling, Jean Thissen, Wilfried Van Mœr ou Pierre Denier, son joueur d'un FC Winterslag qu'une gerbe avait ressuscité ou les plus jeunes comme Michel Preud'homme, Daniel Van Buyten, Hubert Cordiez ou Guy Vandersmissen étaient venus prendre congé d'un des leurs. Toute sa première équipe du FC Liégeois, toujours soudée par d'indéfectibles liens d'amitié, s'était retrouvée à Rocourt pour saluer celui que Sunday Oliseh appelait Papa et que Moreno Giusto a, après sa carrière, érigé en parrain et en confident.
"Il était sévère mais très près de ses joueurs", assurait Gaëtan Englebert. "Il était un personnage. Quand il disait quelque chose, il masquait toujours un message derrière son propos. Je l'ai connu d'abord à Liège quand j'étais ramasseur de balle et chargé de lui remettre la feuille de match. Ses commentaires étaient savoureux. Tous ses joueurs peuvent raconter des anecdotes qui l'impliquent."
Robert avait affublé chacun d'eux d'un surnom : "Parce que j'accumulais les bêtises, il m'avait qualifié de p'tit veau", s'amusait Eric Deflandre. "Robert appelait Pierre Drouguet Sucette", se souvenait Benoît Thans. "Ce surnom affligeait beaucoup Pierre".
Chacun pouvait narrer une anecdote : "Robert était un homme droit et direct", confirmait Dante Brogno. "Il m'a insufflé, comme à beaucoup d'autres, l'amour du métier. Il pouvait se montrer piquant, mais quand on avait l'intelligence d'abonder dans son sens, on était gagnant. Un jour, Charleroi se déplaçait à Boom où jouait le père Lukaku. À la mi-temps, on était menés 2-0. Sur le tableau du vestiaire, Robert avait inscrit dix noms. Rudy Moury s'est étonné : 'Coach, il en manque un.' Robert le contredit. Eric Van Meir insiste à son tour : 'Il manque Dante.' Robert, alors, me cingle : 'Non, il y figure. Mais c'est normal que vous ne l'aperceviez pas : il a été tellement invisible sur la pelouse que vous ne pouvez pas le voir.' Dans ces cas-là, tu écrases. Quand le coach m'a sorti à la 55e minute, j'ai été soulagé. Il y a des jours où on ferait mieux de rester au lit."
Emu, Nebojsa Malbasa rappelait : "J'ai passé sept ans à ses côtés dans les trois clubs liégeois. Robert était un grand pro, doté d'une énorme expérience. C'était un compétiteur de grand niveau et un excellent motivateur. Il savait trouver les mots qui nous reboostaient." Les deux hommes se sont côtoyés un an au Standard : "J'étais un peu blessé. Il m'avait pris comme joker. C'était une marque de reconnaissance de sa part : il savait que je n'allais jamais le trahir."
Marc Wilmots tenait absolument à dire au revoir à celui qui l'appréciait tant : "Je revenais juste de Téhéran quand Fred, son fils, m'a communiqué la triste nouvelle. J'avais projeté de le retrouver, autour d'une bonne table chez Giusto car il m'avait demandé de lui raconter la vie en Iran. Je n'en aurai pas eu l'occasion. Un grand homme est parti. Il avait sa méthode, mais il a fait grandir tout le monde. Il n'était pas évident de gagner sa confiance, mais, une fois celle-ci obtenue, on s'enrichissait à son contact. Nous avons quitté le Standard ensemble : un cancer gangrenait le club de l'intérieur. Robert et moi étions soudés à vie."
Quelqu'un a ressorti une anecdote impliquant Luciano D'Onofrio : "Winterslag allait jouer à Bruges, sur un terrain beaucoup plus grand que le sien. Robert t'a lancé, Lucien : 'Sème beaucoup de petits cailloux, pour retrouver ton chemin.'"
Lucien D'Onofrio s'est esclaffé : "Robert aura eu une belle vie." C'est une belle épitaphe. Le souvenir de Robert Waseige ne peut engendrer la mélancolie. Robert s'en est allé, en emportant avec lui la reconnaissance, souvent amusée, de ses anciens joueurs.