Le système Galileo redémarre après six jours de panne inexpliquée
D'après le bulletin technique de l'agence GSA en charge du système de radionavigation européen, 22 des 26 satellites de la constellation sont de nouveau en service ce jeudi. Les causes de cette panne sans précédent restent toutefois inexpliquées.
Par Bruno Trévidic
Après six jours de vacances, Galileo a repris du service ce jeudi. Le système de radionavigation européen, tombé en panne vendredi dernier , est de nouveau fonctionnel ou presque. Sur les 26 satellites de la constellation, quatre étaient encore en test ou inopérants ce jeudi matin, selon le dernier bulletin technique publié sur le site du « GNSS service centre ». Ce qui est toutefois suffisant pour permettre au système de fonctionner. L'agence met toutefois les utilisateurs en garde contre un « risque d'instabilité » du signal.
Une panne au sol
L'agence européenne GSA, en charge de la gestion de la constellation, ne fournit toujours pas d'explication sur les causes de cette panne sans précédent, initialement attribuée à un « problème technique sur les infrastructures au sol ». Le dernier communiqué, en date du 17 juillet, fait seulement état « d'actions de récupération » menées par une équipe d'experts au travail « 24h sur 24 ». « Plusieurs éléments de l'infrastructure terrestre ont été réinitialisés », précise le communiqué, sans préciser où est localisée la panne.
Le système Galileo s'appuie pourtant sur deux centres de contrôle terrestres, l'un à Oberpfaffenhofen en Allemagne et l'autre à Fucino, en Italie, censés offrir une solution de repli en cas de défaillance de l'un des deux centres. Mais dans le cas présent, cette redondance n'a manifestement pas suffi.
Thales Alenia Space à la manoeuvre
Selon nos informations, l'identification et la correction de la panne a été confiée à l'équipe toulousaine de Thales Alenia Space, la coentreprise du français Thales et de l'italien Leonardo, en charge du bon fonctionnement de la partie terrestre de Galileo. Cependant, la communication n'est pas du ressort de l'industriel, qui ne peut donc pas fournir la moindre information sur les origines de la panne. Celle-ci serait liée, dit-on, à la qualité du signal et n'aurait pas une cause mais plusieurs.
Le GPS américain comme roue de secours
Trois ans seulement après son entrée en service partielle , cette panne inexpliquée jette le doute sur la fiabilité de Galileo, qui a coûté plus de 8 milliards d'euros à l'Union européenne, avec l'ambition d'offrir aux Européens un système de radionavigation plus fiable et plus précis que le GPS américain. Mais contrairement à son concurrent américain, Galileo continue manifestement de souffrir d'une gestion éparpillée entre les différents Etats-membres, sur des considérations de retour industriel plus que de compétence. Le tout rendu encore plus complexe par des questions politiques. « Difficile de pointer du doigt des responsables sans susciter des réactions politiques », explique un bon connaisseur du système.
Un système encore en phase de validation
Cette panne permettra peut-être de rendre le système plus robuste, tant du point de vue technique que de la prise de décision et des responsabilités. « Le système lui-même est encore une phase de validation et ne sera pleinement opérationnel qu'à partir de 2020 », rappelle-t-on. Par ailleurs, la plupart des quelque 400 millions d'utilisateurs de Galileo, dont tous les propriétaires de « smartphones » de moins de trois ans, ne se seront même pas rendus compte de cette panne. Leurs appareils se sont automatiquement reconnectés, pour la plupart, sur le GPS américain.
Bruno Trévidic