Cinéaste, scénariste, monteuse, productrice, Yannick Bellon est morte dimanche 2 juin à l’âge de 95 ans. Issue d’une famille d’artistes, proche du milieu surréaliste – sa mère Denise Bellon était photographe, son oncle, Jacques Brunius, cinéaste et acteur – elle s’était très tôt dirigée vers le cinéma. Comme le fit aussi sa sœur, Loleh Bellon, actrice et dramaturge (1925-1999) qu’elle fit d’ailleurs tourner dans deux de ses longs-métrages (Quelque part quelqu’un, 1972 et Jamais plus toujours, 1976).
Ses films qui ont abordé des sujets de société, tels que le viol, le cancer, la bisexualité, ont marqué les années 1970 et 1980, alimentant débats et controverses. Le dernier que réalisa la cinéaste, L’Affût, remonte cependant à 1992. Raison pour laquelle on oublia un peu cette figure qui fut toujours prompte à défendre la cause des femmes et à ne jamais se résigner. C’est à ce trait de caractère que rendit hommage le ministre de la Culture Franck Riester, sur twitter : « Le regard que portait Yannick Bellon sur le monde va nous manquer. Son cinéma restera comme le témoignage de ses combats ».
Née le 6 avril 1924 à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) où elle grandit, Yannick Bellon ne se posera pas de question sur son orientation professionnelle. Après deux ans passés au Centre artistique et technique des jeunes du cinéma, à Nice (Alpes-Maritimes), elle se rend à Paris, alors occupée, et intègre l’Idhec (la future FEMIS). La jeune femme commence sa carrière par plusieurs courts-métrages. Le premier, Goémons, sorti en 1948, tourné sur l’île bretonne de Béniguet, dans des conditions de financement et de tournage rudimentaires obtient pourtant le grand prix international du documentaire à Venise. Suivront Colette (1952), consacré à la romancière, Varsovie quand même (1955), sur la destruction et la reconstruction de la ville polonaise ravagée par la guerre. Le texte qui accompagne le film est signé Henry Magnan, journaliste au Monde et à Combat, qu’elle épouse en 1943.
Yannick Bellon s’essaie ensuite à la fiction, toujours dans un format court, avec Un Matin comme les autres (1956) qui réunit Simone Signoret, Loleh Bellon et Yves Montand, puis Le Bureau des mariages (1962), adapté d’une nouvelle d’Hervé Bazin. Parallèlement, elle exerce son métier initial de monteuse, appris au côté de Myriam Borsoutsky dont elle est l’assistante sur Paris 1900, de Nicole Védrès (1947). Métier qu’elle exercera longtemps, jusqu’en 1963, notamment sur les films de Pierre Kast : Le Bel Âge, Merci Natercia, La Morte Saison des amours, Vacances portugaises.
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