Journée internationale du lait : "Un prix juste et rémunérateur pour les producteurs laitiers d'Europe et d'Afrique de l'ouest"

Manneken Pis + problématique du lait

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Par RTBF

Ce 1er juin est la Journée internationale du lait. Une journée décidée par l’ONU afin de mettre en avant cette denrée aujourd’hui centrale, et les acteurs de cette filière, notamment les producteurs d’Afrique de l’Ouest.

L’ONG "Vétérinaires sans frontières" a lancé une campagne de soutien. Elle pointe la concurrence déloyale de l’Union européenne dont sont victimes ces producteurs d’Afrique de l’Ouest, comme l’explique Aude Delcoigne, porte-parole de l’ONG : "L’Union européenne déverse les surplus laitiers d’Europe sur le marché ouest africain et le vend à un prix trois fois moins cher que le lait local. Ce n’est pas non plus du lait de bonne qualité, car il s’agit d’un mélange de lait en poudre écrémé et rengraissé avec de l’huile de palme. Ce mélange est donc nutritivement moins bon que le lait local. Par conséquent, face à cette concurrence, les éleveurs ouest africains ne peuvent pas faire le poids."

Vétérinaires sans frontières met en place des actions de soutien

L’une des missions de Vétérinaires sans frontières est de mener des actions pour venir en aide à ces producteurs laitiers. "Nous soutenons la production laitière locale, ce qui se traduit sur le terrain par une meilleure alimentation et de santé des troupeaux afin qu’ils puissent produire plus de lait. Et, nous soutenons aussi des mini-laiteries qui collectent, transforment et stockent le lait afin qu’ils puissent le commercialiser. De cette manière, le consommateur a accès à davantage de lait local et sain que ce qui est présent sur le marché. Le vrai problème est donc, je le disais, cette concurrence qui empêche l’éleveur de vivre de son produit. "

A travers leur campagne, ils mettent en avant certaines revendications. "La première est de stopper l’inondation du marché ouest africain avec le surplus laitier européen. Deuxièmement, nous demandons un prix équitable et rémunérateur pour l’ensemble des producteurs laitiers non seulement africains mais aussi européens, car cette situation de concurrence n’est pas propre aux producteurs de lait africains. Ceux-ci ne tirent aucun avantage que leur surplus soit vendu en Afrique de l’ouest. Ils ne touchent toujours que 0,34 eurocents par litre. Et notre troisième revendication est que l’Union européenne continue à soutenir la production, la collecte et la transformation de lait local. C’est un instrument indispensable dans la lutte contre la faim et la pauvreté."

Les producteurs laitiers africains, pas les seuls touchés

En 2009, les producteurs laitiers belges avaient fait une action choc pour crier leur colère. Ils avaient déversé des litres et des litres de lait devant le Parlement européen. A l’époque, ils étaient payés 0,18 eurocents par litre pour leur production. Aujourd’hui, il est passé à 0,34 eurocents par litre.

La situation s’est améliorée, mais pour Aude Delcoigne, ce n’est pas suffisant. "Les éleveurs ne sont toujours pas payés pour leur travail. Avec 0,34 eurocents, ils ne rentrent pas dans leurs frais. C’est pour mettre en évidence ce problème que d’une part, nous menons notre action avec le Manneken Pis, et d’autre part que nous nous sommes associés avec la coopérative 'Faircoop' pour la mener".

Créée dans la foulée de la crise laitière de 2009, cette coopérative rassemble 500 producteurs laitiers et travaille au quotidien pour leur assurer un prix juste et rémunérateur. "Les responsables de Faircoop font en sorte que ces producteurs laitiers vendent leur produit à 0,45 eurocents du litre, soit 11 cent au-dessus du prix requis pour couvrir les frais de production et ils garantissent une répartition équitable des frais entre chaque maillon de la chaîne, du producteur au consommateur donc. Cela représente 1600 consommateurs environ et ils ont vendu en 2018 9 millions de litres de lait. La situation s’améliore donc, mais c’est aussi au consommateur à jouer le jeu. Il doit pouvoir faire la différence entre un carton de lait vendu par les hard discounteurs qui est de qualité moindre mais à un prix 30 cents moins cher et le carton de lait vendu par les producteurs laitiers, notamment ceux de la coopérative Faircoop, qui est de meilleure qualité. Les ventes sont en augmentation, donc on peut rester optimistes pour l’avenir.

Afin de sensibiliser à cette problématique du prix du lait, Manneken Pis est habillé d’un costume d’éleveur laitier de l’Afrique de l’Ouest et urine du lait périmé jusqu’à ce soir. Des membres de la coopérative laitière "Faircoop" sont également présents près du Manneken Pis pour faire déguster leur lait ou encore leurs crèmes glacées jusqu'à 15 heures.

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