Claus von Bülow, condamné puis acquitté des accusations de tentative d’assassinat sur la personne de sa richissime épouse Sunny au cours de procès retentissants, en 1982 et 1985, est mort le 25 mai, à Londres. Il était âgé de 92 ans.
La notoriété, l’argent et le scandale : rien ne manquait à l’affaire à laquelle Claus von Bülow a donné son nom et qui a résumé sa vie. Né à Copenhague le 11 août 1926 d’un père admirateur du IIIe Reich, il prend rapidement le nom de sa mère, héritière d’une lignée politique et qui a ajouté la particule à son patronyme. Installé à Londres, diplômé de Cambridge, puis de l’Ecole de sciences politiques de Paris, il travaille comme assistant personnel du baron du pétrole Paul Getty. En 1966, il épouse à New York une femme du monde, Sunny Crawford, dont la famille, millionnaire, s’est enrichie dans l’énergie. Cette dernière a divorcé un an plus tôt d’un prince autrichien, Alfred von Auersperg, avec lequel elle a eu deux enfants.
Mystérieux accident de santé
La famille von Bülow mène grand train entre son appartement situé sur la Ve Avenue, à New York, et Clarendon Court, un manoir altier qui donne sur l’océan à Newport, dans l’Etat voisin de Rhode Island. Des scènes du film High Society (1956), avec Grace Kelly, ont été tournées dans cette demeure. La santé de Sunny von Bülow s’y dégrade brusquement, en décembre 1979, au point que cette dernière sombre dans le coma à la suite d’une hypoglycémie foudroyante. Elle se remet de ce mystérieux accident de santé avant d’être frappée par le même symptôme, un an plus tard, qui la plonge cette fois dans un état végétatif irréversible.
Les soupçons, principalement des deux premiers enfants de la victime, se portent sur son mari. Les liens distendus de leur union et l’existence d’une maîtresse impatiente, l’actrice Alexandra Isles, fournissent le mobile d’un assassinat qui aurait permis à Claus von Bülow de conserver la fortune de sa femme. Sa réticence à appeler les secours lors de la première attaque, attestée par une femme de chambre, fragilise sa défense. Jugé coupable d’avoir injecté de l’insuline à l’aide d’une seringue retrouvée dans la demeure, il est condamné en 1982 par le tribunal de Newport à une peine de trente ans de prison.
Mais Claus von Bülow ne baisse pas les bras. Il obtient sa libération moyennant le versement d’une caution de 1 million de dollars, fait appel et s’attache les services d’un professeur de droit de Harvard, Alan Dershowitz. Ce dernier parvient à renverser la situation en mettant en cause notamment les excès auxquels se serait livrée Sunny von Bülow. Dans une déclaration sous serment, l’écrivain Truman Capote, familier de la victime, raconte notamment son expertise en matière d’injections, accréditant l’hypothèse d’une overdose. La Cour suprême de Providence, capitale de Rhode Island, annule la condamnation. Un second procès, en 1985, se conclut par un acquittement.
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