La Petite Filature Bretonne. Un projet 100 % pure laine

Samuel Uguen

Par Samuel Uguen

Dans quelques mois, Nicolas Besseau et Émilie Renard ne fileront plus seulement le parfait amour, ils seront aussi capables de valoriser la laine des éleveurs et des particuliers grâce à leur Petite Filature Bretonne. Ce projet osé de micro-filature, à Plouguernével (Côtes-d'Armor), suscite déjà beaucoup de réactions enthousiastes.

La Petite Filature Bretonne. Un projet 100 % pure laine

En s’initiant au filage au rouet, il y a trois ans, Émilie Renard ignorait qu’elle filait vers une nouvelle destinée. Alors en quête de matière première, la fileuse amateur a fait le tour des éleveurs pour collecter des toisons. Elle a récolté de la laine… et un constat. « En Bretagne, il n’y a pas de gros élevages de moutons, c’est beaucoup de particuliers. Je me suis rendu compte qu’il y a plein de belles choses de qualité mais que ces laines ne peuvent pas être valorisées car les quantités ne sont pas assez importantes ». Cet état des lieux, couplé à un retour en grâce de la laine auprès des consommateurs, a convaincu Émilie Renard et Nicolas Besseau, son mari, qu’il y avait quelque chose à faire pour valoriser cette matière naturelle et locale. Ainsi est née l’idée de fonder La Petite Filature Bretonne, une micro-filature artisanale, installée au cœur du Kreiz Breizh.

On est passés pour des rigolos

L’accueil des investisseurs a été plutôt frais. « On est passés pour des rigolos, surtout au début, se remémore Nicolas Besseau. Mais on n’a pas besoin de l’adhésion de tous, on y croit et c’est pour ça qu’on est toujours là ! ». Les deux fonctionnaires, respectivement à la Communauté de communes du Kreiz Breizh et à la PMI du Morbihan, ne sont pas des aventuriers farfelus. Leur projet, ils l’ont longuement mûri, surmontant un à un les obstacles pour ne pas laisser filer une idée qui, ils en sont convaincus, a de l’avenir. « Toutes les micro-filatures sont débordées, il faut compter près d’un an d’attente, soulignent les entrepreneurs. Avec les gens qui connaissent ces installations, il y a déjà du potentiel. Il y a donc encore plus avec ceux qui ne les connaissent pas et qui pourraient être intéressés ».

Valoriser les laines locales

La Petite Filature Bretonne offrira la possibilité aux éleveurs et aux particuliers de valoriser leurs toisons, même en petite quantité. La micro-filature sera en effet capable de travailler à partir d’1 kg de matière brute - sachant que la moitié est perdue au lavage -, quand une filature classique a besoin d’un minimum de 100 kg de laine brute. « On sera capable de maîtriser toutes les étapes, du lavage jusqu’à la fabrication du fil, note Nicolas Besseau. Et on pourra traiter des laines de type alpaga, mohair et angora, sans mélange, ce que ne peuvent pas faire des filatures classiques ».

La Petite Filature Bretonne. Un projet 100 % pure laine

Prêt d’honneur (Initiative COB), prêt bancaire, subventions (CCKB, Ademe), parrainage des Cigales, fonds propres : le couple a mobilisé toutes ses ressources pour atteindre les 190 000 € nécessaires à l’aboutissement de son plan. Le lancement d’un financement participatif a achevé de les conforter. Mieux, il les a réconfortés. « Depuis le lancement du financement participatif, il y a un élan. On est super étonnés de ce que ça engendre. Voir que des gens, que l’on ne connaît pas, croient en nous, ça fait très très plaisir, sourit Émilie Renard. C’est beaucoup d’émotion, ça nous mobilise et ça booste encore plus ». L’enthousiasme des souscripteurs est tel que les objectifs ont explosé, dépassant les 160 %. La collecte, qui se poursuit jusqu’au 5 juin, a déjà atteint 12 000 €.

Premiers écheveaux à la fin de l’année

Dans quelques mois, La Petite Filature Bretonne lancera sa production dans une longère rénovée, à côté de la ferme du Buis Sonnant, Gaec bio de Plouguernével (Côtes-d'Armor). « On avait envie de s’installer ici car il y a une cohérence avec notre projet : local, circuit court, respect de l’environnement », énumère Nicolas Besseau. Dès l’obtention du prêt bancaire, la mécanique pourra s’enclencher. « On pourra commander les machines qui arriveront cinq mois plus tard. Pendant ce temps-là, on fera les travaux dans le local », détaille Émilie Renard.

La Petite Filature Bretonne. Un projet 100 % pure laine

Limitation du gaspillage, réduction du transport, fabrication de matières durables et utilisation de produits respectueux de l’environnement sont au cœur de ce projet. « Si on a suffisamment de matière en local, on privilégiera ce niveau. Les autres micro-filatures travaillent à l’échelle de l’Europe, ce n’est pas notre idée, si on peut faire autrement. Ce projet, on l’a pensé local, même si on a des retours de partout ». Dans un premier temps, les fondateurs de la micro-filature tablent sur deux tonnes de laine brute par an, ce qui permettra de dégager un salaire. Pour en vivre à deux, il leur faudra travailler entre 3 et 4 tonnes annuelles, un objectif qu’ils espèrent atteindre.

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