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L'ancien évêque de Genève Amédée Grab s'en est allé

Mgr Amédée Grab, ici en 1995, a endossé la fonction d'évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg de 1995 à 1998.

C'est un enfant de Genève, qui a marqué de son empreinte non pas un mais deux diocèses. Un évêque qui arrivait au travail en chantant et qu'on décrivait comme un homme «joyeux, fin diplomate et clairvoyant». Mgr Amédée Grab est décédé dimanche à l'âge de 89 ans, à Coire.

Né à Zurich, il passe son enfance dans le quartier des Grottes, à Genève, avec ses trois frères. À 17 ans, il quitte sa famille pour entreprendre des études à Einsiedeln, un territoire autonome enclavé dans le diocèse de Coire, où il passe un bac avant d'entrer dans l'ordre des bénédictins. Antoine-Marie prend le prénom Amédée. Quelques années plus tard, en 1987, il revient à Genève pour être nommé évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF). Il en prendra la tête en 1995, durant trois ans, avant que le pape Jean-Paul II ne le déplace dans le diocèse de Coire, qui comprend les cantons des Grisons, de Zurich, de Glaris, de Schwytz, les demi-cantons d'Obwald et Nidwald ainsi qu'une partie d'Uri. Ce diocèse vit alors des heures sombres: son évêque titulaire, le contesté Mgr Wolfgang Haas, divise les fidèles. Celui-ci est transféré au Lichtenstein par le Vatican et Mgr Amédée Grab lui succède. La mesure est exceptionnelle: c'est la première et unique fois en Suisse qu'un évêque en fonction reprend la direction d'un autre diocèse.

«Un tel changement est une pratique courante dans de plus grands pays, mais en Suisse, on est très attaché aux particularités locales, commente Mgr Charles Morerod, actuel évêque de LGF. Cela a été possible dans son cas parce qu'il était Genevois de naissance, mais aussi membre de l'abbaye d'Einsiedeln.» La même année, en 1998, il devient président de la Conférence des évêques suisses, puis du Conseil des Conférences épiscopales d'Europe de 2001 à 2006. À 75 ans, comme le veut la tradition, il donne sa démission. La décision finale revient au pape et dans un premier temps, Jean-Paul II refuse qu'il se retire. Il pourra finalement quitter ses fonctions en 2007, à l'âge de 77 ans.

«Nous sommes nombreux à en garder un souvenir désormais ému, réagit Mgr Charles Morerod. Que ce soit à Genève, où son arrivée comme évêque auxiliaire résident avait suscité certaines inquiétudes (ndlr: notamment de la part des protestants, qui craignaient qu'on instaure un nouveau diocèse à Genève), ou à Coire, où il est arrivé dans une situation très conflictuelle, ses capacités de contact ont contribué à apaiser les situations. C'était un remarquable diplomate, mais aussi un prêtre remarquablement enthousiaste: jusqu'à ce qu'il ait de la peine à se déplacer, il y a environ deux ans, il allait volontiers partout exercer les ministères qu'on lui demandait, parce qu'il y croyait de tout son cœur.»

Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire du diocèse LGF de 1996 à 2015, a côtoyé Amédée Grab durant plus de dix ans. «J'ai un souvenir magnifique de lui.» Il retient d'abord l'homme joyeux, qui chantait alléluia en arrivant le matin, l'homme «qui aimait la vie», extrêmement simple et accueillant. Un homme «de grand devoir» aussi, qui mesurait ce qui l'attendait à Coire sans pour autant qu'il rechigne à accepter son transfert. «On peut encore relever son intelligence complexe, c'était un fin négociateur. Et surtout, Amédée aimait énormément Genève.»