Agriculture. À Vildé, il lance le gingembre breton

Par Gwen Catheline

Installé depuis deux ans à Vildé-Guingalan, Valentin Moricet n’est pas un maraîcher comme les autres. Sa spécialité : les fleurs comestibles vendues aux restaurants du coin, et les cultures innovantes. Son gingembre, le premier en Bretagne, a été primé. Il lance un financement participatif pour mieux s’équiper.

Valentin Moricet, jeune maraîcher installé à Boculé, à Vildé-Guingalan, lance un financement participatif pour produire le premier gingembre breton.
Valentin Moricet, jeune maraîcher installé à Boculé, à Vildé-Guingalan, lance un financement participatif pour produire le premier gingembre breton. (Le Télégramme/Gwen Catheline)

Valentin Moricet est un expérimentateur né. Il doit tenir ça de son grand-père maternel, Daniel, qui habitait comme lui le hameau de Boculé, à Vildé-Guingalan. « Il jardinait sans cesse, et moi avec lui. Dès qu’on mangeait un fruit, on plantait le noyau dans le jardin. Je retrouve encore parfois des pousses d’arbres », raconte le solide gaillard de 26 ans, qui a transformé la fibre familiale en métier.

Instruit aux Cordeliers puis au lycée horticole de Saint-Ilan, à Langueux, Valentin s’oriente au départ vers le paysagisme. Mais la concurrence - « six pages dans l’annuaire autour de Dinan » - lui paraît trop forte. Il bifurque vers la production horticole, pour laquelle il obtient un BTS en 2014. Il commence à travailler comme salarié puis est aiguillé sur un projet de reprise d’exploitation horticole par la Chambre d’agriculture. « Une arnaque : l’horticulteur ne produisait presque plus de fleurs, il faisait 90 % d’achat-revente », lâche le garçon, qui parle cash sous sa barbe fournie.


Se démarquer pour exister


Valentin aime l’authentique et n’est pas un suiveur. Mais il n’a ni terre, ni argent pour en acheter. Alors, en 2016, il installe sa « ferme de Saint-Daniel » - hommage canon à son grand-père - sur le terrain adossé à la maison de ses parents, à Boculé. À côté de légumes classiques, il se lance dans la culture de fleurs comestibles. « J’avais fait une thèse là-dessus au lycée horticole. Il fallait que je me démarque des nombreux maraîchers du coin ».

Capucines, bourrache, pâquerettes, pensées, œillets, soucis, bégonias ou primevères… Il produit bientôt une soixantaine de variétés de fleurs, sur un petit hectare, auxquelles s’ajoutent des « mini-légumes » (choux ou carottes…) et des herbes aromatiques (thym, sauge, menthe, etc.). S’il se refuse à demander le label biologique, Valentin se dit « plus bio que le label », qu’il juge « permissif ».

Quelques-unes des soixante variétés de fleurs comestibles que fait pousser Valentin Moricet. (Le Télégramme/Gwen Catheline)

Bio ou pas, ses barquettes de fleurs ornent les assiettes de restaurants du coin : « D’ici de là », « le Zag », « le Poisson Ivre » ou « Colibri » à Dinan ; « la Cale de Mordreuc » à Pleudihen-sur-Rance ; « Texture » à Saint-Malo ou le « Pourquoi Pas », restaurant étoilé de l’hôtel Castelbrac, à Dinard.


Le premier gingembre breton


Mais une nouvelle idée germe bientôt dans l’esprit fertile de Valentin : lancer le « premier gingembre breton ». Sous ses modestes serres, il parvient à faire pousser la plante venue d’Asie. En octobre dernier, au salon « Oooh la Vache », à Pontivy, son gingembre reçoit le « coup de cœur du jury du produit fermier innovant ». Restaurateurs, mais aussi brasseurs et cidriers, se montrent intéressés. Valentin monte même au Salon de l’agriculture à Paris, en février, comme ambassadeur de la Bretagne.

Pour répondre à la demande, Valentin doit investir dans une nouvelle serre. Il vient donc de lancer un appel au financement participatif sur la plate-forme Miimosa, spécialisée dans l’agriculture. « Je veux acheter une serre tunnel, qui coûte entre 3 000 et 7 000 €. Mon choix se fera en fonction de la somme récoltée ». Du pot de gingembre moulu à la journée gourmande à la ferme, les dons sont bien sûr récompensés.


Poivre, vanille et banane en vue


Valentin ne s’arrêtera sans doute pas au gingembre. « J’expérimente d’autres cultures : poivriers du Sichuan, citronnelle de Madagascar, mangue ou citron caviar… Je veux aussi essayer de faire de la vanille et des bananes bretonnes », annonce-t-il sous le regard de sa maman, qui a préparé un délicieux taboulé aux fleurs. « Il expérimente, mais il a la main verte, alors ça pousse ! ».


Contact

La Ferme de Saint-Daniel, au 37, Boculé, à Vildé-Guingalan. Vente directe de 10 h à 13 h le samedi. Tél. 06 13 11 04 31. Pour les dons : www.miimosa.com

Newsletter Les immanquables à Dinan
L’actu de la semaine à Dinan
Tous les vendredis à 12h
Valentin Moricet, jeune maraîcher installé à Boculé, à Vildé-Guingalan, lance un financement participatif pour produire le premier gingembre breton. (Le Télégramme/Gwen Catheline)
Revenir en arrière

Agriculture. À Vildé, il lance le gingembre breton

sur Facebooksur Twittersur LinkedIn
S'abonner
Application Le Télégramme Info Bretagne

Application Le Télégramme

Vous aimez la Bretagne ? Vous allez adorer l'application du Télégramme. Profitez d'une expérience de lecture personnalisée et d'un accès rapide à l'actualité de votre commune.

Application Le Télégramme Journal
Application Le Télégramme Journal