Ils ont été ministres, députés, élus de grandes métropoles, hauts fonctionnaires, membres de cabinets ministériels et ont dû se reconvertir à la suite d’un changement de gouvernement, d’une élection perdue ou par envie de changer d’air. L’immobilier est une terre d’accueil pour ces anciens – et parfois ces déçus – de la politique.
Virginie Calmels, ancienne vice-présidente de la métropole de Bordeaux et, surtout, première adjointe à l’ancien maire Alain Juppé, un temps pressentie pour lui succéder, a quitté la politique en février, juste après que M. Juppé, appelé au Conseil constitutionnel, a été remplacé par Nicolas Florian (Les Républicains, LR).
Dès le 11 mars, elle a pris la tête du réseau d’agences immobilières de luxe Barnes et de sa branche hôtelière. Elle dénonçait, le 14 février, devant les conseillers municipaux bordelais, « la vie publique délétère, la violence, le discrédit des politiques, la stigmatisation des élites… », selon ses propos rapportés par le quotidien régional Sud Ouest. Jointe, Virginie Calmels tient à préciser : « Pour moi, ce n’est pas une reconversion. J’étais chef d’entreprise et le suis à nouveau. J’ai toujours considéré mon engagement politique de cinq ans comme une mission, non un métier. »
De son côté, Thibault de Saint Vincent, son nouvel employeur, confie : « J’étais plutôt réticent devant ce profil politique. Je cherchais un chef d’entreprise. Et c’est justement la femme d’affaires directe et efficace qui nous a séduits », explique-t-il. La rémunération de la nouvelle directrice générale est plus proche de celle qu’elle percevait chez Endemol, un groupe de télévision, et évidemment très supérieure à ses indemnités d’élue locale. Le fil n’est cependant pas tout à fait rompu avec la politique, ne serait-ce que par les fonctions qu’occupe son mari, Jérôme Chartier, élu régional d’Ile-de-France, et parce que Mme Calmels reste élue d’opposition au conseil métropolitain de Bordeaux.
« On m’attend au tournant »
Benoist Apparu, ancien ministre délégué au logement du gouvernement Fillon III, avait décidé de ne pas se présenter aux législatives de mai 2017, en raison du non-cumul des mandats. Depuis cette date, il dirige la filiale d’Action Logement (ex-1 % logement) consacrée à l’habitat intermédiaire, qui compte 750 salariés.
« Le job de dirigeant d’entreprise n’est pas très différent de celui de maire ou de ministre, assure-t-il. Il faut avoir un projet stratégique, le faire partager et embarquer avec soi toutes les équipes. Comme j’ai été homme politique, on m’attend au tournant, avec le préjugé que les ministres ne savent rien faire… Mais c’est une fonction très difficile. Dans le privé, c’est plus rapide et simple. » Il reconnaît être sollicité par d’autres entreprises, « où [il] pourrai[t] gagner deux à trois fois plus ». Mais lui aussi a conservé un pied dans la politique, comme maire de Châlons-en-Champagne (Marne), élu depuis 2014.
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