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Apiculture : 3 start-up qui essaiment sur les ruches connectées

Sur un marché de la ruche connectée déjà concurrentiel, trois start-up «early stage» cherchent le modèle économique optimal. Les stratégies de Bee2Beep, LeadBees et Beelife.

La ruche connectée de Beelife peut être monitorée à distance et est conçue pour lutter sans produit chimique contre le Varroa, un acarien considéré comme l'une des principales causes de mortalité des abeilles.
La ruche connectée de Beelife peut être monitorée à distance et est conçue pour lutter sans produit chimique contre le Varroa, un acarien considéré comme l'une des principales causes de mortalité des abeilles. (Beelife)
Publié le 27 mars 2019 à 14:00

A cause de l'usage intensif de pesticides, les abeilles sont menacées d'extinction en Europe. Est-ce la sensibilisation du grand public à cette problématique inquiétante qui a fait apparaître en moins de deux ans un essaim de start-up autour de l'apiculture ? Rien qu'en France, on en compte une bonne dizaine, la plupart axées sur des solutions de gestion de ruches à distance. Le marché sur lequel elles jouent des coudes est a priori étroit : en France, il y aurait environ 55.000 apiculteurs officiellement déclarés. Mais le business que visent ces jeunes pousses va parfois au-delà de cette clientèle de professionnels. Centres de formation apicole, grandes entreprises, organismes publics de recherche et même le grand public font partie des cibles visées par certains projets.

Bee2Beep : l'appel des corporates

Née de la rencontre entre un industriel du pesage, Frédéric Timbert, PDG de l'entreprise éponyme (Timber) et d'un étudiant-entrepreneur de 21 ans originaire de Niort (79), Jérôme Clergeau, Bee2Beep (société Timber Connect) développe une balance connectée pour l'apiculture. Labellisée Origine France Garantie , l'installation qui se place à la base de la ruche envoie sur le terminal de l'utilisateur des informations tels que le poids, la température ou l'humidité. Une campagne de préventes sur la plate-forme de financement participatif Ulule devrait débuter la deuxième semaine d'avril pour une période de 45 jours. L'opération devrait permettre de démarrer la fabrication avant la commercialisation prévue pour cet été. Sur Ulule, le prix de lancement est fixé à 399 euros puis le tarif définitif passera à 499 euros. Même si l'entreprise fondée en février 2019 dit avoir été approchée par des revendeurs de matériel agricole, elle ne proposera le produit, au moins dans un premier temps, que sur son site Internet.

Bee2beep commercialise des balances connectées facilitant le suivi à distance de ruches par les apiculteurs.

Bee2beep commercialise des balances connectées facilitant le suivi à distance de ruches par les apiculteurs.Bee2beep

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En plus des 499 euros, l'acquéreur devra souscrire à un abonnement mensuel de 60 euros pour payer les frais de gestion et de stockage de données sécurisées sur la plate-forme Web. Les apiculteurs seront-ils prêts à payer ? L'avenir le dira. Mais à travers l'utilisation par ces professionnels de la balance connectée, la start-up de Seine-et-Marne espère toucher le monde des entreprises ou des hôtels qui installent des ruches sur leur toit pour verdir leur image et faire de la communication en interne. « Nous mettons en contact les entreprises de notre réseau avec des apiculteurs qui vont leur vendre une prestation comprenant l'installation de la ruche, son entretien et la possibilité pour les salariés de suivre l'activité des abeilles via notre plate-forme », explique Frédéric Timbert. Avec l'apport du marché des corporates, le dirigeant estime pouvoir écouler environ 500 balances connectées par an.

Bee2Beep est le fruit de la collaboration entre l'étudiant-entrepreneur Jérôme Clergeau et l'industriel Frédéric Timbert.

Bee2Beep est le fruit de la collaboration entre l'étudiant-entrepreneur Jérôme Clergeau et l'industriel Frédéric Timbert.Bee2beep

LeadBees : tout l'écosystème apicole

Accompagnée par l' accélérateur Outre-Mer Network à Station F , la start-up fondée en avril 2018 par le Tahitien Kevin Heremoana Besson a conçu un capteur permettant à l'apiculteur d'optimiser sa production de miel. Depuis l'intérieur de la ruche, l'appareil transmet des données (température, humidité, géolocalisation de la colonie…) vers l'ordinateur ou le téléphone du client. Alors que des premiers tests sont menés à Tahiti et à Rungis auprès d'une dizaine d'utilisateurs, la commercialisation a commencé. Le public visé : les apiculteurs, mais pas seulement. Pour Kevin Besson, sa solution « d'aide à la prise de décision » s'adresse aussi aux ruchers-écoles où l'on apprend à récolter le miel, à certains organismes publics en charge de la gestion des filières ou ayant besoin de données environnementales et à des coopératives apicoles. « Nous proposons aussi à de grandes entreprises de sponsoriser l'équipement de ruchers-écoles dans le cadre de leur politique RSE », souligne l'entrepreneur. Chaque capteur est vendu 139 euros HT, un prix qui comprend l'accès à la plate-forme. Au bout d'un an, l'utilisateur passe en mode abonnement, selon un tarif en cours d'évaluation. D'après la start-up, la solution optimale consiste à installer au moins trois capteurs dans un rucher pour obtenir une analyse objective d'une exploitation moyenne. L'objectif est de déployer 500 capteurs d'ici à la fin de l'année, au moins 1.500 capteurs d'ici fin 2020. Lauréate de prix à Tahiti et en métropole (concours Innovation Outre-Mer 2018) qui lui ont permis de financer ses premiers pas, LeadBees envisage d'ici fin 2019 une levée de fonds avec un objectif de 1 million d'euros.

LeadBees

Beelife : le pari du grand public

Fondée en juillet 2018 par Naoufel Dridi, vétérinaire-apiculteur et Pascal Nuti , serial entrepreneur provençal, la start-up est lauréate d'un « Innovation Awards », reçu au CES de Las Vegas 2019 , la grande messe des nouvelles technologies. Un joli « coup de com' » pour l'entreprise accompagnée par French Tech Aix-en-Provence et soutenue par Bpifrance. Construite dans un matériau isolant et dotée d'un panneau solaire, sa ruche connectée Cocoon est conçue pour lutter contre le Varroa, un acarien considéré comme l'une des principales causes de mortalité des abeilles, sans utiliser de produit chimique. Proposée à 950 euros l'unité, elle devrait être disponible à partir de l'été 2019 en France puis en Europe à l'horizon 2020. Sa fabrication devrait commencer en Pologne où un partenariat avec une importante usine de matériau isolant est en discussion. Pas d'intermédiaire, les commandes seront passées directement sur le site de l'entreprise qui souhaite utiliser la logistique d'Amazon . Contrairement aux autres projets qui visent en priorité les professionnels du miel, Beelife s'adresse d'abord au grand public dont l'intérêt pour l'apiculture va grandissant. Pour enfoncer le clou, l'entreprise envisage de proposer en 2020 une ruche « keyniane » facile d'entretien, sur le modèle de celles utilisées en Afrique. Une campagne de financement participatif pourrait précéder ce nouveau lancement.

La ruche connectée de Beelife peut être monitorée à distance et est conçue pour lutter sans produit chimique contre le Varroa, un acarien considéré comme l'une des principales causes de mortalité des abeilles.

La ruche connectée de Beelife peut être monitorée à distance et est conçue pour lutter sans produit chimique contre le Varroa, un acarien considéré comme l'une des principales causes de mortalité des abeilles.Beelife

Bruno Askenazi

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