Céder son exploitation est un projet qui se réfléchit en amont. C’est ce qu’a expliqué la Chambre d’Agriculture du Finistère et la Direction départementale des Territoires du Finistère à dix futurs cédants venus comprendre, jeudi, au centre de formation de Saint-Ségal, cette anticipation nécessaire à la survie d’une exploitation.
« Finalement c’est plus compliqué de s’arrêter que de s’installer », s’inquiète un exploitant agricole, présent au centre de formation de Saint-Ségal pour assister à une réunion d’information au sujet de la transmission en agriculture intitulée « Demain je transmets ». Dix autres exploitants, tous plus ou moins proches de la retraite sont aussi venus s’informer. « Comment avez-vous été au courant de notre événement ? », demande Anthony Froger, conseiller transmission à la Chambre d’agriculture du Finistère, à chacun. Pour cette dernière, comme pour la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), il est important de toucher un maximum d’agriculteurs lors de ces réunions d’information qui sont aussi là pour conseiller, éclairer sur des démarches pouvant prendre quelques années.
Idéalement, la transmission d’une exploitation agricole doit se penser cinq ans avant : « Il faut déjà décider d’arrêter. Ça paraît évident comme ça mais c’est difficile pour beaucoup qui repoussent la chose et qui ont peur de se projeter dans ce moment », reconnaît Anthony Froger. Une décision avant tout individuelle, mais qui doit pourtant être connue de tous : « Il faut absolument faire connaître ses souhaits aux propriétaires, aux voisins, à la famille mais aussi aux salariés s’il y en a. À cette période-là le bouche-à-oreille est essentiel. Il faut que tout le monde soit au courant en un minimum de temps », ajoute-t-il.
Vous allez me dire qu’il y a plus de candidats que d’offres, mais bien souvent la demande ne correspond pas à l’offre
Pour faciliter cette transmission, dans le sillage de la loi de modernisation de 1995, un Répertoire départ installation (RDI) a été créé afin de confier aux Chambres d’agriculture l’objectif de favoriser la transmission des exploitations agricoles sans successeur. En 2018, dans le Finistère, 330 candidats étaient inscrits sur ce répertoire pour 132 offres en stock. « Vous allez me dire qu’il y a plus de candidats que d’offres, mais bien souvent la demande ne correspond pas à l’offre », tempère le conseiller transmission de la Chambre d’agriculture.
André Barriou, exploitant d’une production laitière dans la région de Douarnenez, présent jeudi à Saint-Ségal, est à la recherche d’un repreneur. À 58 ans, celui qui a repris une exploitation familiale n’est pas plus inquiet que ça face à la transmission mais reconnaît que ces réunions sont utiles. « Il faut que les gens viennent car on n’est pas préparés à s’arrêter et à faire face à l’administratif, explique-t-il. Si j’avais eu un repreneur, j’aurais pu faire une transmission en douceur mais là comme il n’y a personne, tant pis… ». Un léger aveu d’échec auquel André s’est habitué : « Maintenant je vais communiquer pour faire savoir qu’il y a un outil à reprendre ».
Et la communication, c’est l’une des clés pour Emmanuel Le Cloître, responsable DDTM du pôle Service économie agricole qui évoque le « compromis », le « donnant-donnant ». Car ces transmissions ne se passent pas toujours bien, comme il l’explique aux dix futurs cédants : « J’ai deux jeunes qui ont fait un stage de parrainage, ils ont repris l’exploitation et ont arrêté quelque temps plus tard car le cédant habitait sur place et surveillait sans cesse leur travail », raconte-t-il. Même si dans la majorité des cas, la transmission se passe bien, il n’est jamais simple pour un agriculteur de prendre du recul sur l’exploitation qu’il a fréquentée toute une vie et qui, au-delà de son travail, raconte très souvent toute une histoire familiale.
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