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« Shakespeare pornographe », de Jean-Pierre Richard : une scène peut en cacher une autre

Dans son essai, l’un des traducteurs de la récente « Pléiade » Shakespeare révèle l’obscénité généralisée qui se dissimule derrière les vers du dramaturge anglais.

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Publié le 24 mars 2019 à 11h00

Temps de Lecture 1 min.

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« Shakespeare pornographe. Un théâtre à double fond », de Jean-Pierre Richard, Rue d’Ulm, « Offshore », 246 p., 20 €.

Mauvais goût, transgression des règles, mélange des genres… Il y a fort longtemps que Shakespeare fait scandale. Tout lui a été reproché, singulièrement en France. Voltaire, en 1730, dans ses Lettres philosophiques, juge ses « farces monstrueuses », s’offusque d’un théâtre qui ose faire mourir et gémir sur scène. Toutefois, il n’était pas question de soupçonner Shakespeare d’être pornographe.

C’est ce que fait aujourd’hui le traducteur Jean-Pierre Richard, qui collabore à l’édition des Œuvres complètes du dramaturge dans « La Pléiade », en allant en fait bien au-delà du soupçon. Avec un luxe de détails, d’exemples, de citations, son étude, d’une précision unique, fait ­émerger de l’œuvre de Shakespeare un double caché.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Skakespeare en français dans le texte

En effet, l’étonnante démonstration conduite par ce travail pour le moins inattendu conclut que Shakespeare n’est pas leste ici ou là, par moments, dans quelque scène paillarde ou allusion ­scabreuse. Au contraire, tout le sens est double, tout le temps ou presque. Pas un vers, pas une réplique, pas une scène – ou presque, derechef – qui ne soit obscène, par les jeux sur les mots, l’agencement des allusions, le réseau ininterrompu des clins d’œil grivois.

Histoires de cul

Bien entendu, au début, on a du mal à le croire. On résiste à cette affirmation, qui paraît presque grotesque. Comment donc, même les moments de tension les plus tragiques contiendraient, en filigrane, de grosses farces, des blagues salaces, des histoires de cul à n’en plus finir ? Et puis, face à l’immensité de la toile savamment tissée par Jean-Pierre Richard, face à ­l’accumulation des exemples et des interprétations qu’il a rassemblés, on se laisse peu à peu persuader. Le théâtre complet de Shakespeare apparaît comme une ­interminable succession d’érections, de décharges, de sodomies et de fellations.

Pourquoi ? Le public du temps vient des bordels qui entourent le théâtre, les ­comédiens ne sont pas des ermites, et Shakespeare n’est pas vraiment Sénèque. Comment marche le dispositif ? Par la pratique constante des doubles sens. Pour le comprendre, relisez la première phrase de cet article. Et si le mauvais goût était celui d’un sexe, si les règles étaient celles d’une femme, si le mélange des genres concernait masculin et féminin ?

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