Île de Sein. Souffle de jeunesse au bout du monde

Par Rodolphe Pochet

Vivre et travailler sur l’île de Sein ? De jeunes porteurs de projet font ce pari qui semblait irréaliste voici peu. Agriculture, aquaculture, tourisme… De nouvelles opportunités économiques se présentent.

Nicolas Créac’h va diviser son temps entre son emploi à la Penn ar Bed et l’activité de maraîchage de sa compagne Flor.
Nicolas Créac’h va diviser son temps entre son emploi à la Penn ar Bed et l’activité de maraîchage de sa compagne Flor. (Photo Rodolphe Pochet)

« On a doublé les effectifs de l’école en deux ans, avec aujourd’hui neuf enfants : c’est bien le signe qu’il se passe quelque chose ! » Le maire de l’île de Sein, Dominique Salvert, ne boude pas son plaisir en évoquant les récentes arrivées de jeunes couples. Stanislas et Marie, les ostréiculteurs, Aurélie et Julien, récents repreneurs de la dernière supérette, ou encore Nicolas et Flor, qui vont lancer la première activité agricole depuis au moins un demi-siècle… « Nous sommes plusieurs qui, ayant connu l’île étant gamins, ont l’envie d’y revenir un jour, mais encore faut-il trouver comment y gagner sa vie : on veut croire que c’est possible », décrit Nicolas Créac’h, 29 ans, qui, à côté de son emploi à la compagnie maritime Penn ar bed, aidera sa compagne Flor dans sa production maraîchère.


Des gîtes dans l’ancien phare


Convaincus de la nécessité de développer le potentiel économique du « caillou » pour garder ou attirer des jeunes, les élus ont décidé d’agir. Un groupe de réflexion, qui travaille aussi sur l’enjeu considérable de la transition écologique, est né au sein de l’équipe municipale. « Nous ne pouvons pas mettre beaucoup de sous, car l’île ne prélève pas d’impôts locaux, alors nous activons l’imagination pour trouver des bâtiments, des subventions, et nous savons nous entourer d’amis utiles », souligne Dominique Salvert. Chambre de commerce, Investir en Finistère, Technopole de Quimper, Conservatoire du Littoral… Le « réseau d’amitié » fonctionne à plein.

Bien utile à l’heure de monter d’ambitieux projets. Car l’île du bout du monde veut rien moins qu’attirer de nouvelles entreprises. Exemple dans le grand phare, quitté par les derniers gardiens en décembre 2015. Un gîte d’étape de trente places va y être créé, tout comme un gîte familial de neuf places. Et les anciens locaux techniques offrent d’importants espaces pour d’autres activités économiques. Déjà des pistes existent, comme un centre de ressources de l’UBO sur la mémoire des îles. Seulement voilà : le phare est encore propriété de l’État. Il faut 1 M€ pour l’acquérir et encore 3 M€ pour le rénover. Une formule a été trouvée : le Conservatoire du Littoral fait l’acquisition de 22 hectares dont le phare, sur les 56 que fait l’île au total, et confiera la gestion du lieu à la mairie. Un plan de travaux sur trois phases sera lancé, avec le gîte de trente places comme priorité, histoire d’offrir de l’hébergement au dynamique centre nautique lancé en 2014 par Pierre Portais.

Outre des gîtes, le site du grand phare offre de grandes possibilités, comme l’accueil d’entreprises. (Photo Rodolphe Pochet)

Après les huîtres, les ormeaux de l’île de Sein


Autre preuve de dynamisme : Marie Robert et Stanislas Jousseaume et leur entreprise « Les Coquillages de l’île de Sein ». Ils utilisent les bassins de l’ancienne écloserie à homards, où de l’eau de mer est pompée, pour affiner leurs huîtres qui ont d’abord grossi à Riec-sur-Belon. L’engouement pour ces produits, au goût plus iodé et au muscle croquant, a été rapide : 20 à 30 tonnes sont vendues chaque année, et un emploi devrait être créé sur chaque site. « Il y a de la place pour une autre activité aquacole sur ce site, cela permettrait d’avoir des aides européennes pour financer la rénovation de l’écloserie à 75 % », signale l’élu Henri Le Bars, lançant ainsi un appel… En attendant, le couple se lance à présent dans la production d’ormeaux, avec un objectif annuel d’une tonne. Des huîtres et ormeaux de l’île de Sein ? De quoi séduire, entre autres, les restaurateurs du coin.

Stanislas Jousseaume a relancé les huîtres de l’île de Sein et se lance maintenant dans les ormeaux. Des produits à haute valeur ajoutée. (Photo Rodolphe Pochet)
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Ceux-ci pourront être séduits, à l’avenir, par les pommes de terre, poireaux ou oignons de Flor Boccara et Nicolas Créac’h. Arrivés en juin, ils relancent l’agriculture sénane. D’ici l’été, ils vont commencer à travailler la terre difficile de l’île : « Nous nous donnons trois ans pour mettre la terre en état, en espérant qu’ensuite les lapins nous laissent tranquilles », lance Nicolas. Sans prédateurs, les lapins sont des plaies pour les cultures… Le marin et agriculteur en est sûr : « On trouvera la solution, notre vie est aujourd’hui là, je ne me voyais pas revenir sur l’île si tôt, mais nous avons tout pour que ça marche ».

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