POLÉMIQUE BIS - Ce mercredi, Didier Guillaume est revenu sur la polémique après ses propos affirmant que "le vin n'est pas un alcool comme les autres". Lors d'une interview sur Europe 1, il a dit "assumer", tout en utilisant le même type d'arguments que le lobby viticole.
La semaine passée, le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume avait choqué une partie de l'opinion et les professionnels de santé. En cause ? Ses propos tenus au micro de nos confrères de BFMTV et affirmant que "le vin n'est pas un alcool comme les autres".
Ce mercredi, sur Europe 1, Didier Guillaume est resté droit dans ses bottes, disant "assumer" ses paroles. Pourtant, vendredi dernier, sa collègue à la Santé, Agnès Buzyn, l'avait recadré en soulignant qu'on ne "peut pas banaliser la consommation d'alcool", ajoutant que si "le vin fait partie de notre patrimoine", c'est bien "la même molécule dans le vin que dans n'importe quel autre alcool".
Le ministre de l’Agriculture défend le caractère culturel du vin en France : "Une molécule de vin et une molécule de whisky a le même degré d’alcool. Sauf que je ne bois pas des molécules, je bois des verres." @dguillaume26 @audrey_crespo @nikosaliagas #europe1 pic.twitter.com/h05nGdzw2S — Europe 1 📻 (@Europe1) 23 janvier 2019
Visiblement agacé qu'Agnès Buzyn lui fasse (gentiment) la leçon, Didier Guillaume a répliqué en affirmant ce mercredi : "Je ne suis pas recadrable, moi. Je ne pense pas que ce soit un recadrage, mais j'assume ce que j'ai dit et en même temps je veux lutter contre l'alcoolisme, contre l'addictologie."
"Il n'y a pas de débat, la position du gouvernement est de lutter contre l'alcoolisme", a-t-il expliqué. "Il y a une grand plan de lutte contre l'alcoolisme qui a lieu (...) La filière viticole en fait partie, travaille avec les ministères de l'Agriculture et de la Santé."
Des arguments de défense très proches du lobby viticole
Pour défendre ses propos, le ministre a alors utilisé un argument surprenant : "Une molécule de vin et de whisky a le même degré d'alcool, mais je ne bois pas des molécules, je bois des verres." Un positionnement très proches de ceux de Krystel Lepresle, déléguée générale du lobby Vin et Société, ce que lui fait remarquer la journaliste Audrey Crespo-Mara. Pas de quoi atteindre le ministre, qui lui répond : "Je ne sais pas ce que c'est, le lobby du vin".
Une réponse qui pose la question d'une éventuelle proximité avec le milieu viticole. Comme l'ont noté le journaliste David Perrotin et nos confrères de Checknews, au-delà de Didier Guillaume, la conseillère Agriculture, pêche, forêt et développement rural d'Emmanuel Macron, Audrey Bourolleau, est elle-même une ancienne lobbyiste du vin.
Le ministre utilise le terme de "molécule" pour défendre ses propos sur le vin. @audrey_crespo montre en direct que ce sont les éléments de langage identiques à ceux employés par "Vin et Société". Un lobby par ailleurs accusé de pratiquer la désinformation scientifique. https://t.co/uYbMWcJXcq — David Perrotin (@davidperrotin) 23 janvier 2019
Mais pourquoi le ministre de l'Agriculture emploie le même vocabulaire que ce lobby de vin ? Peut-être parce que la conseillère agriculture de l’Elysée était déléguée générale de ce lobby 🤷♂️ https://t.co/8uSqgHroaG — David Perrotin (@davidperrotin) 23 janvier 2019
Didier Guillaume a ensuite insisté sur l'importance du vin dans notre patrimoine culturel et pour notre économie afin de justifier ses propos. "Je n'incite pas du tout les jeunes à boire, je veux lutter contre l'alcoolisme mais c'est une réalité, il y a une viticulture en France, c'est ce qui fait notre force et c'est ce qui fait l'excédent de notre balance commerciale", a-t-il affirmé.
Agnès Buzyn ou le Premier ministre vont-ils à nouveau réagir ? L'avenir dira si Didier Guillaume n'est effectivement "pas recadrable"...