Visite privée de la maison de champagne Leclerc Briant

LE PARISIEN WEEK-END. Fondée en 1872, la maison Leclerc Briant connaît un beau renouveau depuis son rachat en 2012. A l’avant-garde du bio et des cuvées issues d’une seule et unique parcelle de vignes, elle poursuit sa quête de quintessence du fameux nectar.

 Une partie du champagne Leclerc Briant est élevée pendant plus de neuf mois dans des fûts ayant déjà contenu plusieurs vins.
 Une partie du champagne Leclerc Briant est élevée pendant plus de neuf mois dans des fûts ayant déjà contenu plusieurs vins. Stéphane Martinelli pour Le Parisien Week-End

    « D'ici, on aperçoit les clochers de Villers-Allerand, de Rilly-la-Montagne et de la cathédrale de Reims », décrit Hervé Jestin, conseiller oenologique de Leclerc Briant. Voilà comment s'explique l'origine du nom du Clos des Trois Clochers, la parcelle rachetée par cette petite maison de négoce en 2014.

    Avec Les Basses Prières, en premier cru, et La Croisette, ces trois vignobles constituent la singularité de ce négociant qui détient 13 hectares en propre, complétés par l'équivalent en achats de raisins. Quand la plupart des maisons de champagne élaborent des cuvées à partir d'assemblages de différents cépages, de plusieurs crus et de multiples années de récolte, Leclerc Briant cultive l'art des cuvées parcellaires (issues d'une seule parcelle de vignes) : un seul terroir, un seul cépage et une seule année de récolte. Cela a fait sa renommée !

    Pourtant, lors de son rachat en 2012 par un couple d'Américains, aucune vigne ne figure dans la transaction. « Il a fallu reconstituer le vignoble au fil des années tout en gardant les valeurs de cette maison visionnaire au niveau du bio et de la vinification parcellaire, avec la volonté d'aller plus loin », rappelle Frédéric Zeimett, le directeur général.

    Sans levures industrielles

    Cela a été rendu possible grâce à l'intervention d'Hervé Jestin, éminent spécialiste de la biodynamie – une approche viticole et vinicole douce et naturelle – en Champagne. Il faut bien sûr récolter les raisins les plus sains possible et à la meilleure maturité
    mais également poursuivre le travail en cave afin d'offrir des crus authentiques, peu dosés en sucre et en sulfites. La fermentation alcoolique est obtenue sans levures industrielles, uniquement avec celles présentes naturellement sur les raisins.

    Une partie des vins est ensuite élevée dans des fûts ayant déjà servi à plusieurs processus de vinification. Dans le chai, rien n'a été laissé au hasard. Murs noirs, agencement des barriques selon le « nombre d'or », une proportion considérée depuis l'Antiquité comme magique et esthétique, notamment en architecture, tout a été pensé afin d'apporter les meilleures énergies aux vins.

    « Pour élaborer la cuvée La Croisette, sans sulfites, j'ai élevé les vins dans une amphore en terre, un fût en bois et un autre en inox dont l'intérieur est recouvert d'or, indique Hervé Jestin. La terre apporte les fondements au vin quand l'or lui donne la lumière, et le bois fait le lien entre les deux, comme un arbre entre la terre et le ciel. » Cette cuvée, produite entre 2 000 et 3 000 bouteilles selon les millésimes, ravit les amateurs de champagnes puissants et épurés, et vaut son pesant d'or (environ 130 euros) !

    1. Le Clos des trois clochers est cultivé en biodynamie comme le reste du vignoble, sans produits chimiques et dans le respect des cycles lunaires.

    (Stéphane Martinelli pour Le Parisien Week-End)

    2. Le cuvier, où les vins clairs effectuent leur première fermentation.

    (Stéphane Martinelli pour Le Parisien Week-End)

    3. Chaque jour, durant les fermentations, on mesure la densité et la température des jus pour vérifier le travail des levures.

    (Stéphane Martinelli pour Le Parisien Week-End)

    4. Une partie du champagne Leclerc Briant est élevée pendant plus de neuf mois dans des fûts ayant déjà contenu plusieurs vins.

    (Stéphane Martinelli pour Le Parisien Week-End)

    5. Le deuxième niveau de la cave, en briques rouges typiques d'Epernay, accueille les cuvées parcellaires et les millésimés.

    (Stéphane Martinelli pour Le Parisien Week-End)

    6. Hervé Jestin, conseiller oenologique, mesure « l'énergie » du vin avec son antenne de Lecher, utilisée en biodynamie.

    (Stéphane Martinelli pour Le Parisien Week-End)