Le vin naturel a le vent en poupe. Retour à la terre, rejet de tout intrant chimique, travail manuel, levures indigènes, cette pratique agricole est à contre-courant des méthodes conventionnelles. Confidentiel jusqu'ici, le vin naturel devrait représenter 5 % du marché en 2020. À l’occasion des fêtes de fin d’année, Novethic vous propose, toute la semaine, de plonger sans modération dans le monde du vin.

Chacun y va de son analyse. Myriam identifie une odeur de "chèvre" en reniflant son verre, Jérôme la "Terre" et Lucie relève "un goût de fruits rouges et de noix". Le vin naturel, issu de vignes biologiques ou en biodynamie qui respectent la terre, a le vent en poupe. L’application mobile Raisin, qui recense les lieux où du vin naturel est servi, a été téléchargée par plus de 80 000 personnes depuis son lancement, il y a deux ans.

Redécouvrir le goût du fruit
Le Brocéliande, petit bar nantais, fait partie de la liste. Tous les vins que la responsable du bar propose à ses clients sont naturels. Et la transition s’est faite progressivement. "On m’a expliqué la démarche des vignerons naturels, leur travail de la terre, leurs valeurs… Je suis tombée sous le charme", explique Véronique Brouty.
"C’est un retour à la terre, on redécouvre le goût du fruit, du raisin… ce n’est pas comparable avec les vins conventionnels qui sont très formatés", estime-t-elle. Aucun label ne définit aujourd’hui les vins naturels. Mais l’Association des vins naturels expose quelques critères cruciaux. Tous les vins naturels sont bio, les vendanges faites manuellement, il n’y a pas d’intrants chimiques ou de recours à des techniques "physiques brutales et traumatisantes" et peu de soufre.
"Au moins 20 produits chimiques dans le conventionnel"
Autre condition importante, le recours à des "levures indigènes". Ces levures permettent la fermentation alcoolique et apportent de la typicité aux vins. Or, chez les vignerons conventionnels, la plupart des levures utilisées sont exogènes. "Ça standardise le vin", estime Manuel Landron.
Ce vigneron naturel, spécialiste du muscadet, possède plusieurs hectares de vignes à quelques kilomètres de Nantes. Il livre régulièrement ses bouteilles au Brocéliande. "Dans le vin conventionnel, il y a au moins vingt produits chimiques qui sont distribués par des gros groupes que les gens ne cautionnent sûrement pas. Moi j’essaye de faire des choses propres, donc forcément, il y a plus de risques", explique le vigneron.
5 % du marché du vin en 2020
D’où des prix un peu plus élevés pour certains vins. Sans pesticide chimique, les vignes ont plus de risques d’être attaquées par des maladies. En 2016, ce vigneron a perdu la quasi-totalité de sa récolte à cause du mildiou.
Très confidentiel, il y a encore quelques années, le vin naturel s’ouvre de plus en plus au grand public. Il devrait même, selon certains observateurs, représenter 5 % du marché mondial du vin d’ici 2020. Si parfois vous le trouvez un peu pétillant, il suffit de le carafer ou de secouer la bouteille avant de l’ouvrir. C’est le CO2, utilisé en place des additifs, qui est responsable de ce phénomène.
Marina Fabre @fabre_marina

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