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Hi-Fi française : la haute couture du son

Sur la scène du théâtre de  l’Athénée-Louis Jouvet, réputé pour son acoustique, deux  joyaux made in France pour les amateurs passionnés de musique…
Sur la scène du théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet, réputé pour son acoustique, deux joyaux made in France pour les amateurs passionnés de musique… © Jean-Gabriel Barthélemy/Paris Match
La Rédaction

Disséminés partout en France, plus de 200 artisans fabriquent des amplis, des enceintes, des lecteurs de CD, des platines vinyle et des câbles que les mélomanes du monde entier s’arrachent.

Bien sûr, rien ne vaut la musique vivante, qui vibre et vous enveloppe dans une salle de concert. Mais pour tous ceux qui n’ont pas la possibilité de sortir de chez eux, la musique enregistrée est une source de joie inépuisable. Yehudi Menuhin jouant les concertos pour -violon de Bach en 1932, Louis Armstrong et son Hot Five de légende en 1925… Grâce à la Hi-Fi, on entre dans l’intimité de ces génies qui ont marqué l’Histoire. Ils sont là, dans notre salon. Quel miracle ! On l’ignore, mais la France possède un savoir-faire mondialement reconnu en matière de haute--fidélité. De l’artisan mystique perdu au milieu des volcans d’Auvergne à la grande PME (comme Focal, Micromega et Devialet), plus de deux cents fabricants réalisent des équipements de luxe que les mélomanes du monde entier s’arrachent.

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Cette passion française remonte à 1860, quand -l’inventeur Edouard-Léon Scott de Martinville réalise (avant -Thomas -Edison) le premier enregistrement de voix humaine de -l’histoire. En 1877, le poète Charles Cros adresse à l’Académie des sciences un mémoire décrivant le prototype du futur phonographe, le « paléophone ». La Hi-Fi française a connu son heure de gloire dans les années 1970 et 1980. A l’époque, on allait en famille à la Fnac, le soir, choisir la chaîne idéale. 

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La Hi-Fi française renaît de ses cendres

Depuis, récession économique oblige, le marché du home audio a été divisé par 10. Nous avons aussi pris l’habitude d’écouter la musique autrement, dans nos voitures, avec des écouteurs, alors que le son Hi-Fi a besoin de se propager dans l’espace et de vibrer dans l’air pour restituer toute sa richesse. Nos fabricants de génie en sont réduits à exporter leurs merveilles en Asie, où certains riches mélomanes n’hésitent pas à se payer des chaînes à 1 million d’euros et à se faire construire leur maison en bois autour pour bénéficier d’une acoustique parfaite.

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La Hi-Fi française renaît pourtant de ses cendres grâce à deux phénomènes convergents : d’une part, le retour des bons vieux disques vinyle (que les disc-jockeys n’avaient jamais abandonnés) ; de l’autre, le streaming, qui permet d’écouter sur abonnement (via par exemple la plateforme Qobuz, qui propose plusieurs niveaux de qualité, dont la haute résolution audio) de la musique dématérialisée sans avoir à télécharger des fichiers numériques sur son ordinateur (il suffit de se munir d’un convertisseur appelé DAC intégré à l’ampli, au lecteur de CD ou aux enceintes). Dans les deux cas, le mélomane a besoin d’un système de reproduction sonore performant composé d’une source, d’un amplificateur, d’enceintes acoustiques et de câbles : le retour à l’âge d’or de la Hi-Fi !

Ampli à tubes doré à l’or fin de la marque Jadis.
Ampli à tubes doré à l’or fin de la marque Jadis. © Jean-Gabriel Barthélemy/Paris Match
Le problème de l’ampli : la distorsion

Le rôle de l’ampli est de transformer le signal musical de faible puissance transmis par la source (comme un lecteur CD) en un signal plus puissant capable de faire vibrer les haut-parleurs des enceintes acoustiques. Il existe principalement deux types d’amplis : ceux à transistors et ceux à tubes. Dans les deux cas, en amplifiant le signal électrique, ils le déforment : ce qu’on appelle dans le jargon des électroniciens la « distorsion ». Le but de la haute-fidélité est donc de faire en sorte que cette distorsion soit imperceptible à l’oreille.

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Des amplis à tubes dorés à l’or fin à Carcassonne

Inventé en 1904 par le physicien anglais John Ambrose -Fleming, le tube fut employé pour la fabrication des amplificateurs à l’époque du cinéma parlant. Il rendit aussi possible le développement de la radio, de la télévision et des premiers ordinateurs, avant d’être remplacé par le transistor dans les années 1960. Malgré ses « défauts » (il chauffe et il est fragile), le tube suscite toujours l’enthousiasme des mélomanes habitués à la sonorité live des concerts. Un ampli à tubes comporte dix fois moins de -composants que l’électronique. Pour ses fans, le son est plus dynamique et rapide, sensuel et charnu. Même en mettant le volume très bas, on entend tout ! Fondée en 1983 près de -Carcassonne, l’entreprise familiale Jadis fabrique l’un des meilleurs amplis du monde, le i88, doré à l’or fin, entièrement monté à la main (30 heures de travail) et qui pèse 40 kilos. Au Qatar et en Chine, il se vend comme des petits pains pour la « modique somme » de 13 900 euros. 

jadis-electronics.com/fr.

Origine A2 de Neodio, un ampli à transistors cristallin.
Origine A2 de Neodio, un ampli à transistors cristallin. © Jean-Gabriel Barthélemy/Paris Match
Des amplis antipollution sonore assemblés à Bordeaux

Inventé en 1947, le transistor permet d’obtenir beaucoup de puissance à condition de disposer d’un réservoir d’énergie important. Il se caractérise par un son détaillé et précis avec des graves puissants. Certains lui reprochent une certaine froideur. L’ingénieur Stéphane Even a passé sa vie à comprendre comment on pouvait améliorer la qualité du son en tentant de maîtriser les vibrations et les énergies électromagnétiques parasites qui polluent l’écoute. En 2001, il crée à Bordeaux la marque Neodio. Tout est monté à la main, comme dans une horlogerie suisse. Son ampli Origine A2 offre un son pur et naturel et s’adapte à tous les types d’enceintes : « Le haut-parleur est comme une dynamo qui renvoie des signaux électriques vers l’ampli, qui les avale. Celui-ci doit donc être capable de les digérer afin d’éviter qu’ils brouillent le message sonore. » Sa bande passante très large restitue toutes les couleurs sonores. 

15 000 euros. neodio.fr.

Des platines vinyles en granit fabriquées dans le Limousin

Pierre Riffaud est un artisan unique au monde qui, depuis trente ans, fabrique cinq platines par an, comme un luthier. Composées d’aluminium, de bronze et de granit, ses merveilles de mécanique pure pèsent plus de 50 kilos : « Le poids et la qualité des matériaux permettent de neutraliser les vibrations parasites. » Dans l’univers de la Hi-Fi, la « source » est ce qu’il y a de plus important car c’est d’elle que part l’information : si celle-ci est altérée, ni l’ampli ni les haut-parleurs ne pourront la restaurer… Quand cet artiste présente ses platines dans des salons internationaux, comme celui de Munich (le plus prestigieux), le même phénomène se produit : les gens, blasés par le son numérique aseptisé, soudain se réveillent et redécouvrent le plaisir du son analogique, pulpeux et charnu. En réécoutant nos bons vieux vinyles oubliés au grenier, on redécouvre la clarté des plans sonores, la chaleur des voix humaines. 

12 500 euros. riffaud.eu.

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Des lecteurs CD créés à Marseille

Trente ans de recherches. Pourvu de l’oreille absolue, l’ingénieur Didier de Luca fabrique à la main, non loin de la « Bonne Mère » de Marseille, l’un des meilleurs lecteurs CD du monde. En 1975, il créait une boutique de Hi-Fi. A l’arrivée du compact-disc, en 1980, il met au point une technologie destinée à améliorer le son numérique, qu’il juge trop agressif. Depuis 2000, sa petite entreprise, EERA, produit des lecteurs hyper-réalistes, capables de restituer des micro-informations inaudibles tout en privilégiant l’harmonie. Son schéma électronique et les composants utilisés sont tous fabriqués en France. Alors que la musique dématérialisée progresse et que la vente des CD est en chute libre, Didier de Luca répond aux nouvelles attentes du marché en proposant, en plus de ses lecteurs, des convertisseurs permettant d’écouter et de transfigurer toutes les sources audio et vidéo (ordinateur, Blu-Ray, streamer…).

4 400 euros le lecteur, 8 000 euros le DAC. eera.fr.

Aussi essentiels que les autres éléments de la chaîne, les câbles, qui transmettent le signal sonore, doivent être très purs.
Aussi essentiels que les autres éléments de la chaîne, les câbles, qui transmettent le signal sonore, doivent être très purs. © Jean-Gabriel Barthélemy/Paris Match
Des câbles en cuivre torsadé à la main en Normandie

Pourquoi le son est-il meilleur chez les revendeurs de Hi-Fi que dans notre salon ? Parce qu’ils branchent toujours des câbles d’exception à plus de 10 000 euros. Fondé en 2009 en Normandie par deux électroniciens, Absolue Créations fabrique artisanalement des câbles en cuivre torsadé à la main, montés dans une gaine isolante naturelle en coton tressée sur place. Ces câbles très purs respectent la musique telle qu’elle a été enregistrée et font circuler le signal sonore avec une grande rapidité. Avec eux, ce qui était inaudible avant se met soudain à exister : le retour d’archet des violoncelles dans le « Requiem » de Mozart, le cliquetis des touches du saxophone de Charlie Parker, les larmes de -Kathleen Ferrier dans « Le chant de la terre » de Mahler…

De 195 à 14 470 euros. absoluecreations.com.

Des enceintes de 45 kilos, fabriquées à la main, venues d’une autre galaxie sonore.
Des enceintes de 45 kilos, fabriquées à la main, venues d’une autre galaxie sonore. © Jean-Gabriel Barthélemy/Paris Match
Des enceintes acoustiques montées en Bretagne

Elles représentent le dernier maillon de la chaîne, leur objectif étant de transformer le signal électrique envoyé par l’ampli en sons par le moyen d’une membrane vibrante fixée à l’intérieur des haut-parleurs. Nos fabricants d’enceintes sont reconnus internationalement, qu’il s’agisse de Focal, de Mulidine, de Jean-Marie Reynaud, d’Eric Van Gucht, de Bruno Henry ou de Pascal Louvet. Outre les paramètres purement techniques liés à l’électricité, à la mécanique des fluides et aux vibrations, il y a une dimension plus humaine, qui tient à la sensibilité du fabricant, qui est la gestion de l’énergie. Des enceintes qui vous agressent les oreilles dans l’aigu, par exemple, ne respectent pas l’énergie. Comme le luthier, le fabricant d’enceintes imprime sa signature et son style. Sorties en novembre 2016, les enceintes géantes Ava Ppfff, mises au point par le spécialiste de la Hi-Fi Alain Cavro et l’ébéniste, électronicien et acousticien Emmanuel Boutry, sont des monstres de musicalité et de présence sonore. Quinze années de recherche ont été nécessaires pour produire ces œuvres d’art de 45 kilos. Avec elles, le violoncelle de Rostropovitch et la voix de la Callas sont sublimés, aux antipodes des enceintes américaines et allemandes qui vous écrabouillent les oreilles… Des dizaines de paires ont déjà été vendues et un prototype à 100 000 euros est en train de voir le jour.

34 000 euros. staccato-hifi.fr.

Chaînes de luxe à petits prix

Créé en 1997 non loin du Mont-Saint-Michel, Atoll fabrique du matériel de qualité exceptionnelle à des prix imbattables : une jolie chaîne à partir de 1 000 euros (sans les enceintes) ou un excellent lecteur CD à 600 euros. Marc Fontaine, lui, fabrique à Evry sous le label Mulidine des enceintes faciles à utiliser dont les prix vont de 1 300 à 6 700 euros. Réalisme musical, émotion, énergie… dans cette gamme de prix, il n’y a pas mieux au niveau mondial. atoll-electronique.com/fr et cristatechnologies.fr.

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