Doubs - Emploi Agriculture cherche salariés

La FDSEA lance une campagne de communication pour promouvoir le salariat agricole. Même dans un département rural comme le Doubs, les exploitants ont en effet du mal à trouver des salariés, en remplacement ou en aide.
Naïs ESTEVES-PASCOAL - 26 nov. 2018 à 05:00 - Temps de lecture :
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Après un an de travail, la FDSEA va diffuser sur les réseaux sociaux d’abord, trois vidéos de promotion du salariat agricole alors que le nombre de candidats est en forte baisse.  Photo Sam COULON
Après un an de travail, la FDSEA va diffuser sur les réseaux sociaux d’abord, trois vidéos de promotion du salariat agricole alors que le nombre de candidats est en forte baisse.  Photo Sam COULON

Un agriculteur qui prend le temps de pousser son fils sur son tracteur miniature. Une agricultrice qui sourit d’avoir aidé une vache à donner la vie. Les images, tournées à Villers-Saint-Martin, sont tirées de trois spots de communication de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) du Doubs. Des images sans doute idéalisées, comme dans toute campagne de « com’» avec ce slogan : « L’agriculture recrute ».

Parce que ce ne sont pas les exploitations agricoles qui manquent. Ni même les jeunes en formation dans le domaine. « Mais quand on leur demande, au début d’année, qui veut s’installer, on a 75 % qui lèvent la main », note le directeur de la Maison familiale et rurale de Vercel, Christian Amiot. Les vocations existent encore mais très peu veulent devenir salariés.

Et pourtant les offres sont là. Au service de remplacement déjà « où nous accueillons beaucoup de jeunes en formation initiale. Surtout des hors cadres familiaux », ceux qui n’ont pas de parents dans le milieu, remarque la responsable, Colette Jeannot. Pour des arrêts maladie (40 % des remplacements), loisirs (41 %), congés maternité ou paternité (10 %) ou encore des sessions de formation des exploitants agricoles.

Former les employeurs

Le problème de recrutement est visible aussi au niveau du groupement d’employeurs « ressource emploi rural » (RER) avec ses 65 entreprises adhérentes dans le département et ses 28 salariés en CDI. Entre les agriculteurs qui ont des besoins à temps partiel et des salariés qui veulent un temps plein, le RER veut développer la complémentarité des secteurs. Le président de la commission emploi à la FDSEA, Florent Dornier, donne l’exemple « que des saisonniers qui fabriquent le mont d’or une partie du temps, fassent perchistes dans une station de ski une autre partie du temps. Puis dans l’horticulture ou les salaisons ».

Celui qui est également éleveur à Ville-du-Pont sait aussi qu’il y a un gros travail à faire du côté de la formation des exploitants au management : « Gérer du personnel dans nos fermes à taille humaine, ce n’est pas dans nos habitudes ». Colette Jeannot renchérit : « Pour être un bon employeur, il faut déjà avoir été salarié je pense ». C’est un cercle vertueux à mettre en place selon Mélody Thabard, du Gaec de la Vuillaumière à Remoray-Boujeons : « Si on a du personnel, on peut soulager nos permanents. On a tout intérêt à fidéliser les salariés » qui, souligne-t-elle « sont à 35 heures, soumis à la réglementation du code du travail donc ne vont pas revenir le dimanche parce qu’il y a un vêlage. »

D’où l’un des avantages mis en avant dans les trois vidéos de la campagne de communication : du temps pour soi. Ces spots, d’abord diffusés sur Internet, pourront être montrés dans les lycées agricoles, par Pôle emploi ou lors de forum de recrutement avec un but : détruire les clichés d’un métier peu qualifié, sous-payé, une voie de garage, trop physique, pas pour les femmes.

La FDSEA a fait les comptes. Sur 50 offres d’emploi en CDI en moyenne par an, les candidats ne se bousculent pas. 15 % trouvent preneur seulement après trois mois, preuve que les délais s’allongent. Quand les projets ne tombent pas à l’eau : 9 projets de recrutement ont été abandonnés en 2017 faute de candidat, 14 en 2018. Par offre, les services emploi du syndicat agricole ont pu mettre en relation 3,57 candidats en 2018 contre 6 en 2017 et 8 en 2016.