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Société

Les Escape games investissent musées, châteaux et entreprises

Les populaires "jeux d'évasion" investissent les musées, les châteaux et même les entreprises.

Paola Dicelli , Mis à jour le
Soirée "Inside Opéra", le 4 juin à l'Opéra Garnier, à Paris.
Soirée "Inside Opéra", le 4 juin à l'Opéra Garnier, à Paris. © David Merle

En plein cœur du Palais Garnier parisien, au milieu des visites guidées de l'Opéra, de mystérieux individus déambulent de pièce en pièce, parés d'un masque blanc, un parchemin à la main. Cette cinquantaine de personnes participent à un escape game, ce populaire "jeu d'évasion" en équipe qui consiste à résoudre une énigme dans un temps imparti. Ici, le pitch est simple : un morceau de la partition de La Flûte enchantée de Mozart a été volé par le fantôme de l'Opéra. Il faut aider le directeur à retrouver les notes manquantes, pour permettre à la répétition d'avoir lieu.

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L'idée, c'était de montrer le patrimoine autrement

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Contrairement à un escape game classique, qui se joue dans une salle fermée décorée par thèmes, celui-ci investit l'un des plus beaux monuments de Paris. L'aventure invite les joueurs à lever la tête pour contempler les fresques du Grand Foyer et à observer les statues pour découvrir leur signification. "Je connaissais Garnier, mais là, je l'ai redécouvert", s'enthousiasme Bénédicte, 58 ans, venue avec sa fille et son gendre. "L'idée, c'était de montrer le patrimoine autrement, explique Elisa Elbaz, coconceptrice de cet Inside Opera. Participer à un jeu, tout en visitant et en apprenant des choses, cela attire énormément." A tel point que l'expérience, qui ne devait durer qu'un été, a déjà été prolongée deux fois et est accessible jusqu'en janvier 2019.

En France, on compte plus de 1.400 salles de jeux

Né au Japon à partir du jeu vidéo Crimson Room dans les années 2000, le concept à succès de l'escape game s'est peu à peu étendu au monde entier. En France, on compte aujourd'hui 1.430 salles dédiées, ouvertes par plus de 500 enseignes différentes. Ces derniers mois, le jeu s'éloigne de son modèle original pour s'établir hors des lieux traditionnels. Dans des monuments comme l'Opéra, mais aussi dans des musées un peu partout : autour des collections du Louvre à Paris, de l'archéologie à Dinard et à Périgueux, de la bête du Gévaudan à Saint-Flour, de la mine à Saint-Etienne (Loire), des automates à Falaise (Calvados), etc. A Nice, le musée du Sport a choisi une thématique consacrée à l'histoire de l'olympisme jusqu'à Paris 2024.

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Les qualités d'aisance relationnelle, de leadership et de capacité à relever des challenges en équipe, ressortent naturellement

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A Bommes (Gironde), les sauternes Rayne-Vigneau ont lancé un escape game en lien avec l'histoire du vignoble. A la fin, les participants ont droit à une dégustation. Au Parc zoologique de Paris, on peut sauver des animaux menacés. Le château de Blois a tricoté un jeu d'énigmes autour de l'assassinat du duc de Guise. "Mes enfants ont démontré au cours du jeu des qualités d'écoute et de logique que j'ignorais", raconte Louise, mère de deux garçons de 9 et 12 ans, qui a testé l'escape game du château de Vincennes (Val-de-Marne). Tous ces lieux emblématiques enregistrent généralement une hausse de leur fréquentation.

Puisqu'ils font remuer les méninges, les escape games ont aussi attiré les recruteurs en quête de nouveaux profils pour les entreprises. Des PME locales aux grands groupes, tous ont compris que le jeu pouvait révéler des talents pas forcément décelables lors d'un entretien d'embauche classique. "On évalue beaucoup mieux le profil d'un candidat qui est moins stressé, note Alain Sicca, responsable du pôle développement RH chez Groupama Paris-Val de Loire. Les qualités d'aisance relationnelle, de leadership et de capacité à relever des challenges en équipe, ressortent naturellement." Lui a déjà eu recours six fois à un escape game, pour deux embauches en CDI. Il tempère toutefois : "Ça ne peut pas être un canal unique de recrutement, mais ça dépoussière l'image de l'entreprise. A la condition qu'elle soit en accord avec ce qu'elle propose : on ne peut pas jouer la carte conviviale pour attirer les candidats, puis les tromper en les plongeant ensuite dans une ambiance de travail stricte et cloisonnée."

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"Il y a une vraie attraction de la part des grands groupes"

Pour certaines sociétés, le recours aux jeux d'évasion est aussi une façon de répondre à la difficulté de trouver des jeunes dans certaines zones géographiques. Directeur d'Ecoburotic, spécialisé dans le consommable informatique et basé à Rouvignies (Nord), Julien Chamagne cherchait des commerciaux : "Notre métier est soumis à une rude concurrence et à des problèmes de recrutement. C'est pour cela qu'on a fait appel à la société L4M, qui nous a proposé un escape game. Au final, nous avons reçu plus de candidatures que jamais!" A l'image de L4M, de plus en plus de start-up se spécialisent dans ce créneau, comme Dyna'Meet ou Happy Hour Escape Game, qui a organisé un jeu d'énigmes géant à la Grande Halle de la Villette, à l'occasion du salon Emplois des jeunes, en mars dernier.

La demande serait croissante, selon Clément Serio, game designer de Collock, créée en 2015 : "Il y a une vraie attraction de la part des grands groupes. On fait du sur-mesure, en fonction des compétences que la société souhaite mettre en avant." Ces opérations de recrutement ont tout de même un coût : entre 10.000 et 50.000 euros, hors animation. Un gros budget, mais qui offre de belles retombées en termes d'image et d'attractivité. Après les musées et les entreprises, l'escape game pourrait aussi s'inviter sur d'autres terrains inattendus. Une soixantaine d'élèves d'une école primaire de Bruay-sur-l'Escaut (Nord) ont ainsi participé à un jeu d'énigmes pédagogique en six langues concocté par leurs maîtresses.

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