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Qui pour succéder à Manuel Valls dans l'Essonne? 6 chiffres pour comprendre les enjeux

Libéré par Manuel Valls, parti à Barcelone, le siège de député de la 1ère circonscription de l'Essonne est remis en jeu à partir de dimanche, jour du premier tour de la législative partielle qui y est organisée. Ex-PS soutenu par LREM, le maire d'Evry Francis Chouat affronte la candidate insoumise qui avait failli faire tomber l'ex-Premier ministre, Farida Amrani.

Arnaud Focraud , Mis à jour le
Dans la circonscription d'Evry laissée vacante par Manuel Valls, l'insoumise Farida Amrani affronte l'ex-PS Francis Chouat.
Dans la circonscription d'Evry laissée vacante par Manuel Valls, l'insoumise Farida Amrani affronte l'ex-PS Francis Chouat. © Sipa

Réélu de justesse député de l'Essonne voilà à peine un an et demi, Manuel Valls est parti vers d'autres horizons. En l'occurrence celui de Barcelone, où le natif espagnol s'est lancé à la conquête de la mairie pour mai prochain. En France, son successeur à l'Assemblée sera bientôt connu : le premier tour de la législative partielle est organisé ce dimanche dans la circonscription de ce département francilien, avant un second tour prévu le week-end suivant. Le successeur de l'ex-Premier ministre à la mairie d'Evry, Francis Chouat, en est l'un des favoris. Officiellement sans étiquette, cet ancien membre du PS bénéficie du soutien de La République en marche.

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Face à lui, une candidate de la France insoumise, Farida Amrani, qui avait manqué de peu la victoire face à Manuel Valls en juin 2017. Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon va donc tenter une nouvelle fois de faire basculer ce territoire, en comptant notamment sur l'impopularité de l'exécutif... et en espérant que les enquêtes visant dernièrement les Insoumis ne viennent pas contrarier leur plan. Voici, en chiffres, les enjeux de ce scrutin.

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139 voix d'écart en juin 2017

C'est le nombre de bulletins qui séparaient, en juin 2017, Manuel Valls de sa concurrente insoumise à l'issue du second tour : l'ex-Premier ministre PS avait été élu avec 50,3% des voix (11.757) contre 49,7% pour Farida Amrani (11.618). Le scrutin s'était terminé dans une ambiance très tendue : le député sortant avait revendiqué sa victoire sous les cris de "tricheur" de militants insoumis et avait été accusé de fraude par son adversaire, qui avait déposé une plainte finalement classée sans suite.

Pour cette nouvelle élection, les deux camps assurent ne pas vouloir rejouer cet affrontement, même si les attaques fusent de part et d'autre.

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Les résultats de juin 2017 : 
(candidats au-dessus de 5% des voix)

  1. Manuel Valls (divers gauche), 25,45% des voix au 1er tour, 50,30% au 2e tour
  2. Farida Amrani (FI), 17,61% au 1er tour, 49,70% au 2e 
  3. Caroline Varin (LR), 11,93% 
  4. Danielle Oger (FN), 10,20%
  5. Alban Bakary (divers droite), 7,83%
  6. Michel Nouaille (PCF, soutenu par EELV), 7,58%
  7. Jean-Luc Raymond (divers droite), 6,89%

59,89% d'abstention

Ce sera un chiffre à regarder de près dimanche : la participation au scrutin risque d'être considérablement plus faible que celle de 2017, comme c'est souvent le cas pour une élection partielle. Il y a un an et demi, l'abstention était montée à 59,89% au premier tour et à 63,45% au second. Pour les autres législatives partielles qui se sont tenues plus tôt dans l'année, le bond de l'abstention se situait globalement entre +10 et +30 points (exception faite pour la Guyane, où la participation s'est montrée plus forte qu'en 2017).

En cas de forte démobilisation, les rapports de force pourraient s'en trouver bouleversés. Et malheur à celui qui parviendra le moins à attirer dans les urnes ses électeurs de 2017. Les candidats soutenus par la majorité ont en particulier subi ce phénomène cette année, ne profitant plus de la dynamique de l'après-présidentielle. En métropole, ces personnes avaient ainsi perdu entre 5 et 20 points au premier et second tour de leur scrutin respectif, par rapport à juin 2017. Même sans étiquette, Francis Chouat connaîtra-t-il ce phénomène ou pourra-t-il au contraire compter sur le soutien de ses administrés à Evry? A noter en tout cas que cette nouvelle élection intervient en plein week-end de contestation contre la politique du gouvernement, avec la journée des "gilets jaunes" prévue samedi .

45 ans à gauche

En grande partie urbaine, la 1ère circonscription de l'Essonne s'étale sur six communes, dont les deux principales sont Evry et Corbeil-Essonnes. Si ses contours ont évolué avec le temps, ce territoire est acquis à la gauche depuis 1973 et a longtemps été contrôlé par le PS, de 1981 jusqu'à la décision de Manuel Valls de quitter cette formation pour siéger avec la majorité macroniste, après sa réélection en 2017. L'ancien Premier ministre, maire d'Evry de 2001 à 2012, était lui-même le député de cette circonscription depuis 2002, même s'il a effectué quasiment tout un mandat au gouvernement, de 2012 à fin 2016, laissant ce siège à son suppléant Carlos da Silva.

Au niveau municipal, toutefois, la situation politique est plus contrastée. La plupart des communes de la circonscription sont en effet tenues par des élus de droite et de centre-droit. Corbeil-Essonnes n'est autre que l'ancien fief du sénateur Serge Dassault, dirigée aujourd'hui par le LR Jean-Pierre Bechter. Ce qui n'empêche pas une particularité dans ce scrutin : malgré leurs différentes étiquettes politiques, les cinq maires soutiennent le sixième, l'ex-PS Francis Chouat, qui avait succédé à Manuel Valls à la tête d'Evry en 2012. Et ce, au nom d'un "front" visant à faire barrage à la candidate insoumise. Au passage, Francis Chouat n'a pas dit où il siégerait s'il est élu à l'Assemblée nationale, notamment s'il rejoindra les bancs LREM. 

Un 18e insoumis à l'Assemblée?

Face au candidat soutenu par la majorité, la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon espère faire d'Evry un exemple. L'élection de Farida Amrani serait "un événement politique national" , a notamment fait valoir le leader du mouvement en meeting dans la circonscription jeudi soir, qualifiant Francis Chouat de "modèle réduit" de Manuel Valls. Une victoire dans le territoire de l'ex-Premier ministre serait en effet un signal fort pour les Insoumis, à défaut de bouleverser la donne dans l'hémicycle, puisque le groupe comptera un 18e membre mais restera le 6e de l'Assemblée en nombre de députés. Pas de quoi en tout cas faire flancher les 354 sièges de la majorité - 308 LREM et 46 MoDem.

Mais cette élection intervient un mois seulement après les perquisitions menées chez le député de Marseille et plusieurs de ses collaborateurs ainsi qu'au siège du mouvement, dans le cadre des enquêtes sur le financement de la campagne présidentielle de 2017 et des assistants européens. Depuis, Jean-Luc Mélenchon a décroché dans les enquêtes de popularité. L'élection de dimanche sera donc aussi un test pour lui. 

11 candidats en lice dimanche 

Outre Francis Chouat et Farida Amrani, neuf autres candidats tenteront de faire la différence dans les urnes. C'est moins que les 20 prétendants de juin 2017, parmi lesquels figuraient le polémiste Dieudonné et - comme suppléant - le chanteur Francis Lalanne. A cette époque, LR et le FN s'étaient disputés la troisième place (11,93% pour le parti de droite, 10,2% pour le candidat de Marine Le Pen). Ils présenteront tous deux cette fois-ci un autre candidat. 

A noter aussi que la gauche reste en ordre dispersé. L'ex-députée EELV Eva Sas, soutenue par le PS, est en lice alors que le parti écologiste s'était porté la fois précédente sur le candidat communiste, Michel Nouaille. Ce dernier est à nouveau candidat et conserve le soutien de Benoît Hamon, avec son mouvement Générations. Enfin, Francis Chouat voit également s'opposer à lui... son ancien directeur de cabinet à Evry, Mikael Matingou. 

Les 11 candidats, dans l'ordre de l'arrêté préfectural : 

  • Yavar Siyahkalroudi (divers, UPR)
  • Farida Amrani (FI)
  • Jean-François Bayle (LR)
  • Michel Nouaille (PCF, soutenu par Générations)
  • Rémy Courtaux (divers)
  • Francis Chouat (divers gauche, soutenu par LREM)
  • Eva Sas (EELV, soutenue par le PS)
  • Grégory Sailloul (RN)
  • Jean Camonin (LO)
  • Michèle Fédérak (NPA)
  • Mikaël Matingou (divers)

2 sièges perdus par la majorité 

Si on fait le bilan des 9 législatives partielles organisées depuis le début de l'année - la plupart suite à l'invalidation des scrutins de juin 2017 -, peu de sièges ont au final basculé. Mais la majorité a tout de même perdu deux sièges sur les cinq qu'elle remettait en jeu : un qui était détenu par le groupe LREM dans le Val d'Oise, l'autre par le MoDem à La Réunion, à chaque fois au profit du groupe Les Républicains. Le parti macroniste a en revanche conservé ses trois autres mandats, en Guyane - dans un précédent duel face à la France insoumise -, à Mayotte - où le candidat du PS avait rejoint la majorité en 2017 - ainsi que dans la circonscription des Français établis en Espagne, Portugal et à Monaco.

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