A la barre

Procès Pastor : «le gendre» dément avoir commandité le double meurtre

Le procès de dix personnes accusées d’être impliquées, à différents degrés, dans le double assassinat d’Hélène Pastor et de son chauffeur, s’est ouvert ce lundi. Wojciech Janowski, «le gendre», nie en être le cerveau.
par Julie Brafman
publié le 17 septembre 2018 à 21h11

Dans la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, se tient l’un de ces improbables attelages que seules les circonstances judiciaires parviennent à réunir. Ils sont dix : six hommes assis dans le box (vêtus avec une sorte de dégradé allant du tee-shirt au costard) ainsi que trois autres et une femme qui comparaissent libres. Ils sont originaires de Côte-d’Ivoire, des Comores, de Marseille, de Montpellier ou de Varsovie, ont entre 28 et 69 ans. Certains ont grandi dans les quartiers de la cité phocéenne, d’autres ont évolué sous les dorures de la principauté de Monaco. Il y a ceux qui ont un casier plus garni que leur CV. Et l’inverse. Mais tous – qu’ils soient considérés comme les petites mains, les intermédiaires ou la tête pensante – sont soupçonnés d’avoir joué un rôle dans le double assassinat de la richissime héritière monégasque Hélène Pastor, 77 ans et de son chauffeur, Mohamed Darwich, 64 ans.

A lire aussi Procès Pastor : de la petite frappe au gendre consul

La figure centrale du procès est assurément Wojciech Janowski, aujourd'hui rebaptisé «le gendre», comme une carte de sept familles, et accusé d'être le commanditaire de l'opération. Cheveux gris, élégant costume sombre et cravate verte, il se tient à l'extrémité du box, le regard figé. On ne sait pas s'il est perdu dans le vague ou contemple la silhouette en face de lui, cette robe fleurie et ces boucles brunes qui se détachent au milieu des avocats : il s'agit de Sylvia Ratkowski, son ancienne compagne avec qui il a vécu trente ans, la fille d'Hélène Pastor. Puis, d'une voix légèrement nasillarde, Wojciech Janowski se présente : «Je suis né à Varsovie», «je gère des sociétés», «je répondrai à toutes les questions». Les dizaines de tomes de dossiers qui sont posés au centre de la cour d'assises indiquent qu'elles seront nombreuses.

«C'est tout merci»

Si les faits sont simples – le 6 mai 2014, un homme en noir a tiré à deux reprises sur la voiture d'Hélène Pastor qui venait rendre visite à son fils à l'hôpital l'Archet de Nice – l'instruction s'est révélée complexe. L'«affaire Pastor» est une intrication de témoignages et d'accusations, de revirements et de rétractations. Ce lundi, le président a donc tenté donc de connaître la posture de chacun des accusés avant de commencer l'examen des faits, prévu dès le lendemain. «J'ai des difficultés pour parler, c'est dur de se retrouver ici. Je veux que la vérité soit faite. C'est une affaire qui nous dépasse», inaugure Abdelkader Belkhatir, un électricien originaire de Marseille. Et de résumer ainsi : «Moi, un jour, Pascal Dauriac vient me voir parce qu'il y a un Polonais qui le menace et me demande de régler le problème. Je me doute pas qu'il va y avoir un double homicide.»

Pascal Dauriac, qui se tient donc à ses côtés, est son beau-frère mais aussi l'ancien coach sportif de Wojciech Janowski. Il se lève et affirme : «Je plaide coupable.» Ce qui n'est pas le cas du gendre d'Hélène Pastor. Après avoir reconnu en garde à vue être le cerveau du crime – afin de protéger sa compagne maltraitée par sa mère –, il est revenu sur ses déclarations. «Je suis innocent, je n'ai commis aucun crime. C'est tout merci», déclare-t-il d'une voix ferme. Du côté de ceux que la justice considère comme le «guetteur» et le «tireur», mêmes mouvements de tête. Al Hair Hamadi, un «courtier immobilier», s'en tient à sa dernière version : «Je suis parti à Nice mais j'ai jamais embauché qui que ce soit.» «Qui que ce soit», ce serait Samine Said Ahmed, «salarié d'une SARL de préparation de commandes». Il réfute avoir appuyé sur la gâchette : «Je conteste les accusations.» Les jurés auront jusqu'au 19 octobre prochain pour tenter de démêler les différentes versions et mettre au jour les responsabilités de chacun.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus