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A Paris, Anne Hidalgo touchée mais pas coulée

La démission fracassante de son premier adjoint, Bruno Julliard, est un coup dur pour la maire socialiste. Mais le scrutin de 2020 est encore loin et la sortante conserve de bonnes chances de garder son fauteuil malgré les appétits de LREM.
par Jonathan Bouchet-Petersen
publié le 17 septembre 2018 à 16h15

Après l'Hidalgo bashing du printemps, la pression médiatique était un peu retombée sur la maire de Paris. Alors que les grandes manœuvres ont commencé pour la bataille municipale de 2020, la démission fracassante de son premier adjoint, Bruno Julliard, via une interview dans le Monde de lundi, vient s'ajouter à la liste des boulets de la maire de Paris : la piétonnisation des voies sur berge, qui continue de compter de virulents opposants mais gagne des partisans chaque week-end ensoleillé ; la propreté de la chaussée, thème sur lequel la droite l'a pilonnée et la maire met le paquet en cette rentrée ; mais surtout la gestion plus que poussive du remplacement des Vélib ou de l'arrêt brutal d'Autolib sur fond de bras de fer financier avec Bolloré… Les bugs sur les ­contrats concernant l'affichage publicitaire dans la capitale ont de même alimenté la chronique d'une gestion municipale, si ce n'est médiocre, du moins moyenne.

Mais si la démission de Julliard est un coup dur pour la maire de Paris, c’est indéniable, il serait bien imprudent d’en conclure dès maintenant que les chances de réélection d’Hidalgo se sont envolées. Ne serait-ce que parce qu’une bonne part de sa politique, qui vise en premier lieu ses administrés, telle la piétonnisation, est logiquement moins appréciée par des habitants de banlieue qui n’ont d’autre choix que de prendre leur voiture pour aller à Paris. Et que retiendront les Parisiens des psychodrames Vélib et Autolib si dans les mois qui viennent leurs nouveaux prestataires trouvent leur rythme de croisière ?

Appétit

Malgré tous ces points noirs, les études d'opinion – qui ne tiennent pas compte du mode de scrutin par arrondissement – placent Hidalgo et LREM au coude-à-coude, avec un avantage à la sortante, juste devant LR, comme l'a confirmé la dernière livraison de l'Ifop pour le JDD. Autrement dit, rien n'est plié, d'autant qu'aucun adversaire d'Hidalgo n'est formellement sorti du bois même si c'est le nom de ­Florence Berthout qui est testé pour LR, alors que ­Pierre-Yves Bournazel (ex-LR, pro-Macron) n'a rien abdiqué. Quant à LREM, Benjamin Griveaux ainsi que Mounir Mahjoubi, Hugues Renson ou Gaspard Gantzer voire plus hypothétiquement le Premier ministre, Edouard Philippe, seraient aussi sur les rangs. Une affluence qui démontre autant l'appétit du parti présidentiel pour une ville dans laquelle il a remporté aux dernières législatives 13 des 18 sièges de députés, que le fait qu'aucun marcheur ne se dégage naturellement comme un possible favori du scrutin.

Reste que depuis juin 2017, la météo politique s’est sérieusement assombrie pour le pouvoir en place. Se réclamer du Président sera-t-il toujours un plus au printemps 2020 ? Au-delà de la personne Julliard, c’est l’enjeu de la clarification de son positionnement vis-à-vis de Macron (tension sur les migrants, accord sur le travail du dimanche) qui est posé à Hidalgo, à la tête d’une majorité qui compte des socialistes, des communistes, des écolos et même quelques pro-Macron.

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