Enseignement agricole « Il y a un élan dans l’apprentissage »

Les deux ministres du Travail et de l’Agriculture, Muriel Pénicaud et Stéphane Travert, étaient de passage ce jeudi au lycée-CFA agricole de Rouffach Les Sillons de Haute-Alsace, pour défendre l’enseignement agricole et l’apprentissage.
Catherine CHENCINER - 07 sept. 2018 à 05:00 - Temps de lecture :
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En dépit d’un programme serré, lors de leur visite de rentrée au lycée-CFA agricole de Rouffach, ce jeudi matin, les ministres Muriel Pénicaud et Stéphane Travert, en charge respectivement du Travail et de l’Agriculture, ont pris le temps d’échanger avec les jeunes. « Ils se sont intéressés à nos recherches, à notre savoir-faire… Ce n’est pas tous les jours qu’on a cette chance ! » , se sont étonnés Solène et Louis, deux élèves, en blouse blanche, de terminale scientifique EAT (Écologie agronomie et territoires).

Le financement en question

Venue évoquer la loi dite Pour la liberté de choisir son avenir professionnel, promulguée la veille, Muriel Pénicaud s’est réjouie que les entrées dans l’apprentissage aient globalement augmenté au niveau national – stables à Rouffach, les effectifs ont gagné 10 % dans les deux CFA gérés par la Chambre de métiers d’Alsace. « Il y a encore beaucoup à faire pour que soient mieux connues la diversité de ces emplois, du maraîchage à la viticulture, et les possibilités de promotion sociale. Mais l’image est en train de changer, il y a un élan » , a assuré la ministre.

« Il reste 2 500 places disponibles dans les formations agricoles et dans l’enseignement supérieur , dans des champs très divers , a complété Stéphane Travert. Cela va de la fourche… à la fourchette ! » « En passant par l’ordinateur » , a rebondi Muriel Pénicaud, saluant, au passage, l’expérimentation régionale du lycée 4.0 qui démarre dans l’établissement.

Il importait pour l’Eplefpa (établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole) Les Sillons de Haute-Alsace, le plus gros du Grand Est, qui forme dans les 1 200 jeunes du CAP au BTS sur les sites de Wintzenheim et de Rouffach, de mettre en avant sa filière d’enseignement général, certains s’inquiétant qu’elle perde en visibilité avec la réforme du baccalauréat.

Une ministre détendue

C’était, en outre, l’occasion, aux yeux de Gilles Cadieu, directeur de la partie CFA, de rappeler l’importance des trois exploitations au sein de l’établissement – viticole, agricole et horticole – comme « outils indispensables pour compléter la formation ». Ainsi, les ministres ont rencontré des élèves de bac pro vigne et vin, puis CGEA (Conduite et gestion de l’exploitation agricole), ainsi que des apprentis de BPATAP (brevet professionnel agricole travaux d’aménagements paysagers) sur le terrain, avec lesquels la ministre du Travail, très détendue, a réalisé une vidéo pour son propre réseau social, là encore à la plus grande surprise des jeunes.

Salués de loin, eux n’ont pas pu dialoguer avec les ministres, même s’ils ont obtenu une audience avec leurs services : des représentants syndicaux du Snetap-FSU et de la CGT Agri du Grand Est souhaitaient aborder « les conditions de rentrée dans l’enseignement agricole » , les établissements étant « impactés par toutes les réformes de l’Éducation nationale et de l’apprentissage », l a question portant en particulier sur le nouveau mode de financement « au contrat » , en fonction du nombre d’apprentis, par les branches professionnelles.

Interrogation partagée par Bernard Stalter, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat du Grand Est, et conseiller régional délégué à l’artisanat. « Nous attendons les décrets pour en savoir plus » , a-t-il indiqué, prévoyant de s’entretenir encore la semaine prochaine avec la ministre du Travail, dont il estime qu’elle a déjà permis des « avancées » – assouplissement de la réglementation pour les employeurs, augmentation de l’âge des embauchés à 30 ans… – et fait évoluer positivement les esprits sur l’apprentissage.