Hépatite C : dépister tout le monde serait rentable et plus efficace pour les patients

David Bême Rédacteur en chef

Les résultats d’une étude française souligne que le fait de dépister tous les adultes pour l'hépatite C (et non plus uniquement les personnes à risque) serait bénéfique pour l’espérance de vie des personnes infectées et serait économiquement rentable. Cette infection peut aujourd'hui être guéris dans plus de 95% des cas en quelques semaines grâce à de nouveaux traitements très efficaces et très coûteux.

75 000 patients qui ignorent être infectés

Aujourd’hui en France et en Europe, on recommande de dépister le virus de l’hépatite C (VHC) uniquement chez les personnes présentant un haut risque d’infection par le virus. En 2014 en France, on estimait qu’environ 75 000 personnes de 18 à 80 ans étaient infectées par le VHC sans en avoir connaissance.

Lorsqu’ils sont diagnostiqués, ils le sont au moins une fois sur dix à un stade avancé de la maladie, alors qu’une mise sous traitement rapide permet de réduire l’impact de l’infection et la mortalité. Aujourd’hui, des traitements très efficaces et bien tolérés permettent une guérison de l’infection en quelques semaines dans plus de 95 % des cas.

C’est dans ce contexte qu’une équipe de chercheurs français de l’Inserm a évalué, à l’aide d’un modèle mathématique, l’efficacité et le coût-efficacité de différentes stratégies de dépistage dont celle d’un dépistage universel.

Un dépistage universel efficace à plus d’un titre

Les chercheurs ont pris en compte les chiffres de prévalence de l’infection de l’enquête menée en 2004 par l’InVS, les caractéristiques des personnes infectées (âge, sexe, stade de la maladie lors du diagnostic, consommation d’alcool…), la progression naturelle de la maladie, la qualité de vie de patients traités et les coûts que représente la prise en charge de cette infection. Partant de ces données, ils ont élaboré un modèle d’analyse leur permettant d’évaluer différentes stratégies de dépistage (population à risque, hommes entre 18 et 59 ans, individus entre 40 et 59 ans, individus entre 40 et 80 ans, individus entre 18 et 80 ans - dépistage universel).

Résultats de cette modélisation : un dépistage universel est associé à la meilleure espérance de vie ajustée sur la qualité de vie, comparée aux autres stratégies. De plus, ce dépistage universel se révèle coût-efficace si les patients dépistés pour l’infection par le VHC sont pris en charge et traités rapidement après le diagnostic. Selon Sylvie Deuffic-Burban, "Le dépistage permet, à titre individuel, une prise en charge rapide ce qui évite le développement de complications graves. Dans une perspective collective, il contribue à l’élimination, à terme, de l’hépatite C dans une population qui aurait été dépistée sans restrictions".

Vers un dépistage universel VHC VHB et VIH ?

Cette étude soutenue par l’ANRS plaide en faveur d’un dépistage universel du VHC en France, suivi d’une prise en charge et d’un traitement immédiat des personnes diagnostiquées. "Notre modèle ne permet pas de le tester, mais les caractéristiques épidémiologiques qui rapprochent le VHC, le VIH et le VHB permettent de penser qu’un dépistage universel et combiné de ces trois virus pourrait être particulièrement intéressant" conclut la chercheuse.