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John Cameron Mitchell : "L’Amérique a besoin du punk aujourd’hui !"

John Cameron Mitchell
John Cameron Mitchell met les pieds où il veut ! © Vincent Capman / Paris Match
Par Karelle Fitoussi

Le réalisateur américain John Cameron Mitchell , auteur de pubs pour Dior, présente enfin son quatrième film, « How to Talk to Girls at Parties ». Avec Elle Fanning et Nicole Kidman comme vous ne les avez jamais vues.

Il rapporte en l’imitant la moue recommandée par Isabelle Huppert pour toujours briller sur tapis rouge, puis ironise sur la scène d’autofellation qu’il a jadis dirigée dans son deuxième film, « Shortbus ». « Quelle belle métaphore du Festival de Cannes, n’est-ce pas ? » A 55 ans, John Cameron Mitchell est un extraterrestre déguisé en Peter Pan. Avec Hedwig, son Ziggy Stardust transgenre qu’il a imaginé, joué et mis en scène – à Broadway puis sur grand écran –, il a créé le « Rocky Horror Picture Show » des années 2000. Tony Awards à la clé et culte queer instantané dont il a, depuis, un peu de mal à se dépêtrer.

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Il faudrait que je me remette à la pub car je dois payer les soins de ma mère atteinte d’Alzheimer

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Un pied hors du système avec ses films indépendants peuplés de groupes de rock déglingués et d’orgies non simulées. L’autre dedans, Mitchell réalisant aussi des pubs pour Dior avec tout ce que Hollywood compte de « pretty faces ». « Je sais, c’est dingue ! rétorque-t-il du tac au tac. Tout est arrivé grâce à Marion Cotillard dont “Hedwig” est l’un des films préférés. Elle m’a présenté aux gens de Dior en leur disant : “Je veux que ce soit John qui me dirige ! Elle leur a montré “Shortbus” amputé de la scène de fellation et ils ont réagi en disant : “Oh, c’est très beau, très visuel.” » Mitchell ricane, pas peu fier de son putsch schizo. Avant de continuer, sentimental : « Il faudrait que je me remette à la pub car je dois payer les soins de ma mère atteinte d’Alzheimer. A cause de notre putain de pays qui ne connaît pas la Sécu, je dois accepter des boulots pour l’argent. Et mes films ne sont pas ce qui me permet d’en gagner. »

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Son quatrième, « How to Talk to Girls at Parties », situé dans le Londres punk des années 1970, ne fait pas exception. Sous ses allures de teen movie SF, il s’agit de l’adaptation d’une nouvelle du Britannique Neil Gaiman qui se veut « un Roméo et Juliette » allégorique entre une alien et un punk nigaud. Au message plus politique que prévu. « Je suis fan de comics et d’heroic fantasy. En tant qu’adulte, je trouve que le genre pourrait être mieux servi. Les super-héros et les space operas qu’on voit partout sont trop simpliste. D’ailleurs, il y a une faction “trumpienne” qui lutte contre la présence de personnages de couleur ou gay dans la SF. Alors que ça devrait être un espace d’imagination ou tout est permis. C’est très inquiétant. Idem avec le punk que la génération d’hier a transformé en un truc négatif : en voulant détruire le système, ils ont intronisé Trump et ses copains. C’est ironique que les actuels maîtres du monde aient été élus par le ras-le-bol du système, non ? L’Amérique a besoin du punk aujourd’hui ! »

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La critique a eu beau faire la fine bouche, Mitchell, qui s’est mis à Instagram après que son producteur l’a averti que, sans un sou pour la pub, tout se passait on line, n’en a cure. Il préfère s’adresser à la jeunesse et que son film devienne le « préféré des filles de 16 ans parce que c’est beau quand son travail rencontre les spectateurs à un moment clé de leur vie ». Hedwig n’aurait pas mieux dit. Ziggy non plus. « Cute is the new punk. » Cœur avec les doigts. 

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