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Sans un bruit - la critique

sans un bruit
Sans un bruit - A Quiet Place © Paramount Pictures
Clément Mathieu , Mis à jour le

«Sans un bruit» est un film d'horreur efficace, un exercice de style étouffant, mais peut-être pas aussi malin que le dit sa réputation. 

Note : 3 sur 5

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Réalisé par : John Krasinski

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Avec : Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simmonds et Noah Jupe

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Date de sortie : 20 juin 2018

Synopsis

Réfugiée dans une ferme abandonnée, quelques mois après une mystérieuse invasion, la famille Abbott vit dans la peur et plus encore, dans le silence. Les parents et leur deux enfants prennent toutes les précautions pour éviter de faire le moindre bruit, sous peine d’attirer les créatures qui ont ravagé le monde...

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Critique

Difficile de ne pas souligner l'ironie : ce n’est justement pas sans bruit que débarque «A Quiet Place» en France. Le film d’horreur réalisé par l’acteur John Krasinski, tourné avec son épouse Emily Blunt, a été le carton surprise du box-office américain au printemps. La réussite commerciale s’est doublée d’un succès d’estime, la critique ayant salué un film effrayant et malin. «Sans un bruit» est, en effet, diablement efficace grâce à une prémisse particulièrement bien utilisée, à défaut d’être vraiment originale : celle de héros contraints au silence absolu sous peine de mort.

Ayant déjà fait le succès des solides série B d’horreur «Hush » et «Don’t Breathe » en 2016, ce point de départ transforme la très en vogue survie post-apocalyptique en milieu rural façon «Walking Dead », en exercice de style absolument étouffant. Impossible de ne pas retenir sa respiration, d’observer soi-même sans un bruit le spectacle crispant de cette famille prenant soin de ne pas émettre le moindre son, de peur de voir arriver ces mystérieux monstres à l'ouïe ultrasensible qui ont envahi et ravagé le monde. Handicap avant l’apocalypse, la surdité de la fille aînée est devenue un avantage, puisque toute la famille connait le langage des signes. Pari audacieux pour ce genre de production hollywoodienne, les dialogues très limités se déroulent presque uniquement en sous-titre. La narration, limpide, allégée de toute exposition superficielle, en sort gagnante.

Un film réactionnaire? 

Outil primordial dans le cinéma d’horreur, le son bénéficie ainsi d’un travail sophistiqué et le metteur en scène a l'intelligence de ne pas s’appuyer sur de faciles effets de sursauts -les fameux «jump scares». Bien au contraire, John Krasinski construit patiemment, savamment la tension, jusqu’à la bruyante rupture. La musique originale, en revanche, aurait peut-être bénéficié d’une approche plus minimaliste, plus discrète. Ses violons et son piano emphatiques ont, logiquement, pour effet de désamorcer l’angoisse de ce voeux de silence forcé. Le résultat eût été trop radical, peut-être, pour un film se voulant familial à sa façon.

Une partie de la presse américaine a prêté un discours réactionnaire à «Sans un bruit». Cette famille nucléaire, hétérosexuelle et blanche, retranchée en milieu rural, incarnerait à la fois une espèce en voie d’extinction, et la majorité silencieuse. Leur sort serait une allégorie signifiant, in fine, qu’il est aujourd’hui impossible de s’exprimer sans qu’une meute sombre et indistincte s’attaque à vous. En outre, pendant que papa chasse, pêche et sécurise le périmètre, maman, enceinte, fait la lessive et cuisine. Le film serait anti-avortement, puisque le couple fait le choix d'avoir un enfant dans ces circonstances, malgré les risques d’un accouchement qui, évidemment, ne se fera pas en silence…

Et c’est peut-être dans cette incohérence et d’autres (la plus grave étant : comment les forces armées modernes n’ont elles pas pensé à la simple solution trouvée au final par la famille Abbott?) qu’il faut trouver une explication. Le film n’est pas aussi malin que cela. Ce qu’il cherche à évoquer, parfois maladroitement, c’est la peur viscérale des parents pour leurs enfants. Plus particulièrement ce moment d’immense vulnérabilité, juste après la naissance, où l’on est persuadé qu’un coup de vent pourrait les emporter. Emily Blunt et John Krasinski , en couple depuis dix ans, sont les heureux (mais surement pas sereins) parents de deux filles de 2 et 4 ans.

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