Dans un message adressé jeudi 14 juin à un symposium sur les migrants organisé, au Vatican, par le Mexique et le Saint-Siège, le pape François a encouragé les efforts en vue d’une « gestion globale et partagée des migrations internationales » fondée sur « la justice, la solidarité et la compassion ».

« À cette fin, il faut un changement de mentalité : passer de la considération de l’autre comme une menace à notre confort pour l’estimer comme quelqu’un qui avec son expérience de vie et ses valeurs peut contribuer beaucoup et contribuer à la richesse de notre société », souligne le pape.

Prudence du Saint-Siège sur l’Aquarius

Depuis le début de la crise de l’Aquarius, le pape et le Saint-Siège étaient restés très prudents, évitant toute prise de parole pouvant être interprétée comme une ingérence du Vatican dans les affaires italiennes.

Plusieurs évêques italiens ont toutefois manifesté leur malaise face aux prises de position du ministre de l’intérieur d’extrême droite Matteo Salvini qui affirme que sa position de fermer les ports italiens est « cohérente avec l’Évangile », mais sans attaquer encore frontalement le puissant chef de la Ligue.

Bien au fait des implications de cette affaire dans la politique intérieure italienne comme au niveau international, le pape François a donc profité de ce colloque vaticano-mexicain sur les migrations pour élargir le champ de vision et répéter son message sur les migrants.

Coopération « à toutes les étapes de la migration »

« Pour faire front et répondre au phénomène migratoire actuel, il faut l’aide de toute la communauté internationale car elle a une dimension transnationale qui dépasse les possibilités et les moyens de nombreux États », estime le pape, refusant ainsi d’entrer dans les divergences entre les États.

Dans ce texte, lu par Mgr Paul R. Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États, le pape souligne par ailleurs l’importance d’une coopération « à toutes les étapes de la migration, du pays d’origine jusqu’à la destination, ainsi que pour faciliter le retour et le transit ».

« À chacune de ces étapes, le migrant est vulnérable, se sentant seul et isolé », insiste le pape, demandant « une réponse concrète et digne à ce défi humanitaire » et rappelant que « dans la question de la migration ne sont pas seulement en jeu des chiffres mais d’abord des personnes, avec leur histoire, leur culture, leurs sentiments et leurs aspirations ».

« Briser le mur de cette complicité confortable et silencieuse »

« Ces personnes, qui sont nos frères et sœurs, ont besoin d’une protection continue, indépendamment de leur statut migratoire, a répété François. Leurs droits fondamentaux et leur dignité doivent être protégés et défendus. »

En conclusion, le pape a souligné l’« attention spéciale » dont devaient bénéficier « les enfants migrants, leurs familles ainsi que ceux qui sont victimes des réseaux de traite et ceux qui sont déplacés par les conflits, les catastrophes naturelles et les persécutions. »

« Tous espèrent que nous aurons le courage de briser le mur de cette complicité confortable et silencieuse qui aggrave leur situation d’abandon et que nous leur accordons notre attention, notre compassion et notre dévouement », a insisté le pape.