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  • Greffe de trachée : des médecins français réalisent une première mondiale

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     David Bême
    David Bême Rédacteur en chef

    greffe de trachée première mondiale

    Après des années de recherche, des médecins français ont réussi à reconstruire une trachée à partir d’une aorte. Greffée sur 12 patients en échec thérapeutique, cette prothèse leur a permis de respirer de nouveau. Zoom sur cette première mondiale.

    Atteints de lésions graves au niveau de la tracées, le plus souvent cancéreuses, 12 patients ont reçu un implant inédit mis au point par une équipe française. Il s’agit d’une aorte issue d’un donneur soutenue par un stent. Certains patients pour lesquels il n’existait plus de traitement possible, sont aujourd’hui guéris.

    Une greffe d’organe artificiel inédite

    Le Pr Emmanuel Martinod, chef du service de chirurgie thoracique et vasculaire de l’hôpital universitaire Avicenne AP-HP, et le Pr Eric Vicaut, chef de l’unité de recherche clinique de l’hôpital Lariboisière AP-HP sont à l’origine de cette première mondiale. Entre 2009 et 2017, ils ont évalué le remplacement d’une partie de la trachée par une matrice construite à partir de l’aorte abdominale d’un donneur décédé. Ce tissu mou a été "mis en forme" à l’aide d’un stent (structure grillagée en forme de tube) sur mesure inséré dans le greffon. Selon l’AP-HP, l’intervention s’est effectuée en deux grandes étapes :

    • L’ablation de la lésion par des méthodes chirurgicales habituelles ;
    • La reconstruction des voies respiratoires à partir d’une greffe d’aorte cryopréservée. Un stent sur mesure a été inséré dans le greffon et aucun traitement immuno-suppresseur n’a été utilisé.
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    Ces interventions sont le fruit de dix années de recherche dans le laboratoire de recherches bio-chirurgicales (Université Paris-Descartes/Fondation Alain Carpentier) avec la collaboration de plusieurs services des Hôpitaux Universitaires Paris Seine Saint-Denis, de l'AP-HP ainsi que des équipes françaises.

    Au total, 20 patients (13 hommes et 7 femmes âgés de 24 à 79 ans) ont bénéficié de cet implant. Pour sept d’entre eux, il a finalement été décidé durant l’intervention de suivre le traitement conventionnel (sans implantation de l’organe artificiel).

    Un traitement efficace pour des patients jusqu’alors sans solution

    Pour les autres, l’intervention a permis d’éviter l’ablation complète du poumon pour ceux qui souffraient de lésions bronchiques évoluées. Bien que délicate, la greffe trachéo-bronchique est en effet indiquée chez des patients étant en impasse thérapeutique ou souffrant de lésions tumorales proximales broncho-pulmonaires. La trachée est en effet l’un des organes qui ne pouvait jusqu’alors être greffée.

    Les résultats sont très encourageants : la mortalité à 90 jours a été de 5 % (un seul patient n’a pas survécu); il n’y a eu aucune complication grave liée au greffon ou au stent. Le stent a pu être enlevé chez la majorité des malades en moyenne à 18,2 mois (entre 5 et 39 mois selon les patients).

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    Régénération du cartilage sur le greffon

    Après un suivi maximal de plus de 7 ans, la grande majorité des patients respire et le greffon s’est transformé : après implantation, l’épithélium (couche de cellules superficielle) et de nouveaux cartilages se sont formés au niveau du greffon ! L’organe artificiel devenant finalement très proche de celui d’origine.

    Cette solution s’adresse à des patients aujourd’hui sans traitement affectés par des lésions très évoluée de la trachée, qui ont souvent subi plusieurs opérations ; et à des patients chez qui une l’ablation complète du poumon est envisagée.

    Les résultats de cette étude ont été publié dimanche 20 mai dans le JAMA et présentés lors du congrès annuel de l’American Thoracic Society à San Diego (États-Unis).


    Sources

    Feasibility of Bioengineered Tracheal and Bronchial Reconstruction Using Stented Aortic Matrices - Emmanuel Martinod, Kader Chouahnia, Dana M. Radu et al. - JAMA. Published online May 20, 2018. (accessible en ligne)

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