Le Liban a tenu dimanche ses premières élections législatives en près d’une décennie. Selon les résultats préliminaires annoncés dans la nuit de dimanche à lundi, le Parlement devrait être dominé par les partis traditionnels et notamment par le Hezbollah (allié de la Syrie et de l’Iran), qui pourrait se trouver renforcé. Soutenu par l’Occident, le Premier ministre et chef du Courant du futur, Saad Hariri, devrait toutefois conserver son poste et former le nouveau gouvernement.

Le scrutin a, par ailleurs, été marqué par un très fort taux d’abstention : seuls 49,2 % des inscrits ont déposé leur bulletin dans l’urne, contre 54 % en 2009, a indiqué dans la soirée le ministre de l’Intérieur, Nohad Machnouk.

Pour le quotidien libanais anglophone The Daily Star, “le faible taux de participation des électeurs dimanche est le reflet d’une frustration des gens face à un vieil establishment politique qui a échoué à résoudre les problèmes socio-économiques et politiques chroniques” du pays. Avec une classe politique accusée de corruption et de népotisme, incapable de relancer une économie brinquebalante, une grande partie des 3,7 millions d’électeurs est touchée par le désenchantement.

Le scrutin ralenti par une nouvelle loi électorale

Cette faible mobilisation a toutefois surpris la classe politique et les instituts de sondage dimanche soir. Selon l’édition anglophone du quotidien libanais An-Nahar, les experts avaient en effet “prédit une augmentation de la participation électorale”, grâce à la mise en place d’un nouveau “système électoral à la proportionnelle”, adopté l’an dernier. Par ailleurs, près de 800 000 nouveaux électeurs étaient éligibles au vote.

Mais, selon certains médias libanais, le manque de familiarité des électeurs avec ce nouveau système a perturbé le déroulement des élections. “Au-delà des débordements prévisibles et des incidents isolés qui ont marqué le scrutin, des plaintes se sont exprimées hier sur la lenteur du vote, due selon les observateurs au nombre de listes et au temps nécessaire à l’électeur pour s’y retrouver, une fois derrière le pupitre-isoloir”, explique le quotidien libanais L’Orient-Le Jour. “Au point que certains, comme le cheikh Naïm Kassem, numéro deux du Hezbollah, ont demandé que l’heure de fermeture des bureaux soit repoussée de 19 heures à 21 heures.”

Malgré ces perturbations, ces élections législatives du 6 mai ont aussi été marquées par un nombre record de candidatures féminines, note le site d’information Al Jazeera. Quatre-vingt-six femmes espèrent ainsi remporter l’un des 128 sièges du Parlement libanais et bénéficier du nouveau système à la proportionnelle.